Meurtres à la Saint Valentin (My Bloody Valentine) : original vs remake
Meurtres à la Saint Valentin, deux films, un de 1981, l’autre de 2009, deux slashers, on les compare !
My Bloody Valentine est appelé Meurtres à la Saint Valentin en France (à ne pas confondre avec Mortelle Saint Valentin) . Surfant sur la vague des dates mortelles (Black Christmas (1974), Halloween (1978), Friday the 13th (1980)), My Bloody Valentine tente de tirer son épingle du jeu avec un tueur qui n’aime pas trop cette fête.
Le pitch est simple, lors d’un bal de la Saint Valentin qui a poussé deux miniers à abandonner leur lieu de travail, un accident laisse prisonnier un collègue, il deviendra fou et sera enfermé. Il revint plus tard pour tuer les responsables. 20 ans plus tard, le bal, suspendu jusqu’alors, va avoir lieu. Les meurtres reprennent.
Le remake, lui, ne s’embête pas de Saint valentin et de bal et garde juste les cadeaux romantiques (des boites en forme de cœur). On garde le principe du gap temporel (ici 10 ans). Par contre, vieillir les personnages semblait une option. Jensen Ackles ou Kerr Smith, échappés de Supernatural et Dawson, ont juste changer de style de vêtements.
Sur l’original, la première chose qui choque est ce degré assez insupportable de dialogues très bavards avec des réactions qui sont à la limite de l’improvisation. Tous ces petits ajours de blabla dans le doublage Vf donne, certes, un caché d’authenticité et de naturel mais, soutient moins la longévité. C’est un réflexe très 80 que l’on perd évidemment dans la version 2009.
My Bloody Valentine 1981 est plutôt généreux en gore, surtout dans la version Unrated, avec du visage brûlée, des gorges trouées, des mâchoires déchirées. Le tueur, dans son uniforme de minier, est plutôt imposant. L’iconisation du personnage manque toutefois à l’appel quand sa version 2009 le rend plus massif et impressionnant. Le tueur original peine à s’imposer dans les duels, surtout le final très anti-climatique.
Le remake est un peu plus polisson que l’original. Si en 1981, on se permettait juste un soutien gorge, le remake se permet un full frontal assez étonnant. Pensez-vous, en 2009, le film sortait en pleine mode des films en 3 dimensions alors autant en profiter pour mettre la 3D sous toutes ses « formes »…
La technique du relief a deux écoles, celle de la profondeur ou celle du jaillissement. En film d’horreur, rien de mieux que le jaillissement et My Bloody Valentine a compris cela. La pioche est sans cesse pointée vers l’écran avec des effets marquants. Certains meurtres sont accentués par des jets de chaire humaine plaisants et jouissifs. On notera le premier meurtre, surprenant avec cet œil sortant de son orbite et de l’écran ! C’est, il faut le dire, l’un des films en relief les plus efficaces.
Le remake, réalisé par le monteur Patrick Lussier (mais qui a tenté de faire son Dracula en 2001), reprend les scènes clés de l’original mais s’affranchit de tout le reste. Le film ne suit pas la même voix. La révélation du whodunit (qui fait ça) est, cependant, peu inspirée dans les deux versions. La révélation dans le film de 1981 est gâchée par le non-jeu de l’acteur quand, dans le remake, on sort un peu de nulle part cette révélation sur le profil psychologique du coupable.
La faible durée des deux films rend justice au script sans grande surprise sur les deux opus. Le triangle amoureux reste au centre de l’histoire et ne parvient jamais à émouvoir ou à ressentir une quelconque implication. Les héros et héroïnes de 1981 sont des gens lambdas, naïfs (avec un sosie de Jeffrey Dean Morgan) alors que les personnages du remake sont un peu plus archétypaux. La palme revient à Jaime King qui hérite d’un personnage très idiot. Dans une scène où elle est en proie avec le tueur, elle n’appuie sur l’alarme que quand le tueur s’en va, ou ne tire sur lui que quand il est en fuite, jamais quand il est à deux mètres d’elle…
Les Final Girls des néo-slashers sont rarement réussies et ce film le prouve.
My Bloody Valentine a été un flop en 1981 mais s’en est bien sorti en 2009 avec 50 millions de dollars. L’apport de la 3D a joué en sa faveur.
Les deux films sont édités en DVD et blu-ray.