Mrs Davis : nanar ou chef d’œuvre, Damon Lindelof se fait plaisir
Mrs Davis marque le retour de Damon Lindelof aux affaires après nous avoir tous bluffés avec Lost, The Leftovers ou Watchmen. Il a aussi ses détracteurs et avec Mrs Davis, c’est un nouveau projet qui risque de diviser encore !
Une nonne, une intelligence artificielle, une tête coupée, une moto, les Templiers, on ne sait plus comment trier tout ce qu’on vient de voir après le premier épisode de Mrs Davis.
Avec ce qu’on vient de voir et vivre, il est impossible de dire que Mrs Davis nous laisse indifférent. En quelques minutes, les premières scènes nous emmènent au 14è siècle, nous baladent sur une île avec un mystérieux naufragé puis on se retrouve avec une mystérieuse justicière à cheval qui arrive sur les lieux d’un mystérieux accident sanglant. Et puis il y a IT, cette mystérieuse entité qui semble vouloir parler à Simone, notre héroïne. Tout ça est bien… mystèrieux.
Classic Lindelof diront certains. Mais parfois, le mystère a du bon quand on est là pour apprendre et découvrir à un certain rythme. Tout avoir prémâché pour être dans des zones de confort ne sont pas ce qu’il se fait de mieux. Il faut être bousculé désormais, le format sériel est, même si on a 500 séries par an, coincé dans une bulle feuilletonnante contre-productive. Où est la surprise ?
La série est surtout l’enfant de Tara Hernandez, scénariste de Big Bang Theory et Young Sheldon. Lindelof semble être juste là pour être la caution « mythologie » de l’ensemble.
Sur les 8 épisodes de Mrs Davis, Lindelof assure que les 4 premiers sont là pour installer le mystère et les 4 derniers pour le résoudre. Et il a raison. Mrs Davis forme un tout cohérent. Mais une cohérence somme toute étrange et fascinante, agaçante même. L’histoire de cette nonne qui doit détruire le Graal déroute d’épisode en épisode, sacrifiant les caresses dans le sens du poil pour des fulgurances de folie. Les acteurs s’amusent, leurs personnages sont hors-limites, ils sont à la fois imprévisibles et insupportables. Betty Gilpin et Jake McDorman sont géniaux mais peuvent facilement agacer.
On y revient souvent mais l’agacement vient de cette facilité à être toujours à la limite du ton qu’on a l’habitude de trouver dans des scènes de tension, de drame, d’exposition, de révélation. La série propose des morceaux de fiction rares qui diviseront la critique. Personne n’adhérera de la même façon, et tout le monde n’aimera pas.
SI Mrs Davis raconte son histoire, elle emmène le spectateur dans une aventure déroutante. Hélas, j’ai trouvé le temps long dans la plupart des épisodes. L’ultime épisode, qui conclut la quête, a une structure qui m’a sorti de mes habitudes. Je n’ai pas tout saisi à Mrs Davis et je n’ai, surtout, pas voulu tout saisir. Il y a des moments où j’étais emporté, d’autres où j’étais ailleurs. Mrs Davis joue sur la notion de pay off, elle ne laissera rien sur la touche côté questions / réponses, sauf le spectateur. Elle répond à tout, a ses codes, son univers loufoque (Jesus est de la partie). Il faut l’accepter. Brossant des thématiques très riches comme la place de la technologie et de la religion, Mrs Davis est une série qui ne laisse pas indifférent.
Et pour juger, rien ne vaut votre vision. Mrs Davis n’est pas disponible légalement pour le moment.