Suite, remake, reboot

Leatherface : une origin story dispensable

Après 7 films, la franchise Massacre à la Tronçonneuse suit le chemin de toutes les franchises d’horreur : beaucoup de déchets pour très peu de réussites.

Avec Leatherface, on relance une énième fois l’histoire. Contrairement aux autres franchises comme Halloween ou Vendredi 13 qui ont une sorte d’aura du boggeyman increvable, Texas Chainsaw Massacre tient plus d’une cruelle et très malsaine réalité. Mais 7 films n’ont toujours pas suffi à opérer une quelconque cohérence dans cet univers. Les origines sont réécrites continuellement.

The Texas Chainsaw Massacre (1974) de Tobe Hooper  a été un coup de massue ciné. L’horreur faite film. Evidemment une suite a été mise en chantier mais 13 ans plus tard ! Leatherface: The Texas Chainsaw Massacre III (1990) et Texas Chainsaw Massacre: The Next Generation (1994) viennent déjà enterrer la franchis avec des films assez mauvais (et Renée Zellweger et Matthew McConaughey dans le film de 94 sont là pour l’Histoire du nanar)
Il a fallu attendre 2003 et la vague de remakes d’horreur pour que Michael Bay produise un des meilleurs reboots du genre. The Texas Chainsaw Massacre de Marcus Nispel met Jessica Biel face à Leatherface dans un film où la crasse et la sueur font bon ménage avec la bonne odeur de fumier putride.

Devant le succès du film, The Texas Chainsaw Massacre: The Beginning (2006) de Jonathan Liebesman vient faussement proposer une préquelle au remake. Avec des faux airs de copier-coller, le film ne convainc pas. LA franchise est déjà remise sous terre. Texas Chainsaw 3D (2013) se voulait une préquelle du film de 74. Si vous avez tout suivi, on est déjà à 6 films et un beau bordel. A part Alexandra Daddario, le film n’a aucun intérêt.

Le duo de français Julien Maury et Alexandre Bustillo nous avait bluffé avec l’impressionnant A L’intérieur en 2007. Et avec Livide et Aux yeux des vivants, le duo s’imposait comme une valeur sûre de l’horreur made in France reconnue à l’international. Il était étrange de les voir débarquer sur un projet qui avait l’air d’une commande de studio. Et après avoir vu le film, on se dit qu’ils ont dit oui pour s’offrir une belle prote d’entrée pour un projet original dans les années à venir.

Diffusé à la télévision il y a peu et sorti en vidéo cette semaine, Leatherface nous arrive donc enfin. Et on est déçus. Evidemment, une origin story de Leatherface n’était pas indispensable. Le film se révèle alors terriblement handicapé par son contexte. Jouant sur un twist pour rattacher les wagons, Leatherface s’en serait très bien sorti dans le poids de la franchise.

critique leatherface

Tout commence bien avec une prise d’otage et une fuite de 4 pensionnaires d’un asile. L’ambiance est là, les personnages sont suffisamment dérangés pour offrir malaise sur violence sur malaise. Cependant, les situations ne sont pas à la hauteur. Si Stephen Dorff et Lili Taylor offrent de belle prestation, le reste peine à décoller. Le script s’affaiblit de scènes banales. Sur une durée d’à peine 90 minutes, le film prend un petit tiers à s’accrocher au wagon Texas Chainsaw. Le film se serait suffi à lui-même sans que l’ombre de la préquelle pèse. L’histoire d’un road trip de dérangés est un pitch hautement suffisant pour que le duo de français offre une pépite d’épouvante puis que Leatherface n’est vraiment pas sur le devant de la scène.

Côté mise en scène, les effets de fish-eye pour montrer des personnages bizarres et installer le malaise ou des longs plans annonçant l’apparition d’un personnage sont des gimmicks dépassés. Pour les plus fervents admirateurs de ce genre de films, ça ne passe plus. Et que dire de quelques incohérences comme une scène de cache-cache peu crédible et présente pour apporter un peu plus d’aspect « crade » à l’ensemble. Ces artifices ne vont pas réussir à nous convaincre longtemps.
Et le constat est là. Si le film n’est pas mauvais, il joue sur le tableau de la préquelle pour se relancer inutilement. Toute la première moitié fonctionne vraiment sans cet aura de la « franchise à expliquer ». Le script tente l’implication du spectateur à savoir qui sera le fameux Leatherface puisque c’est ça TOUT L’INTERET DE CE FILM ! Vous l’aurez saisi, le film s’accroche à une note d’intention qui handicape tout le métrage. Pour une variation du thème, ça passe, pour un film d’horreur, ça passe aussi. Et c’est rare de voir que l’ensemble est inférieur à la somme des parties. Un peu comme cette critique.

 

Leatherface arrive en vidéo chez nous le 2 janvier.

Tom Witwicky

Créateur de SmallThings, 1er Geek Picard de la planète Exilé dans le 92

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