Jurassic World : Le Monde d’Après, énième fuite en avant
Le troisième film Jurassic World conclut la saga entreprise par Colin Trevorrow en 2015. Intitulé Le Monde d’Après (Dominion en VO), ce film est un échec complet. Rien n’est à sauver, un comble pour un film qui parle d’espèces en danger.
Un Jurassic World 3 attendu
On avait laissé Isla Nublar détruite par le volcan. Certains dinosaures avaient réussi à être récupérés et vendus au plus offrant. Un nouveau mutant était né, l’Indoraptor. Owen et Claire avait réussi à libérer le reste des dinosaures dans la nature. Nous voici donc dans un monde où cohabitent dinosaures et humains.L’excitation du projet était grande. Ce troisième film, intelligemment appelé Le Monde d’Après, en référence au discours de Macron sur la période post-Covid, aurait pu être un film sur le pouvoir de la cohabitation. Mais à part le discours, les faits vont ailleurs.
Un Jurassic World 3 décevant
Ce troisième film est un ratage total, à commencer par cette intrigue de sauterelles géantes, génétiquement modifiées qui est prétexte à ramener le trio de Jurassic Park, Laura Dern aka le Pr Ellie Sattler, Jeff Goldblum, l’excellent Dr. Ian Malcom et Sam Neil, l’imperturbable Alan Grant. Et ils ne seront utiles que sur cette intrigue. Pour le reste, nous avons Owen et Claire qui essayent de récupérer le bébé de Blue et Maisie Lockwood, la petite fille clonée du précédent film. Et les dinosaures dans le monde ? Juste quelques scènes, histoire de montrer que les Hommes sont toujours aussi idiots à base d’exploitation et de commerce de dinos.On parcourt le monde, sûrement trop, puisque l’intrigue a du mal à démarrer vraiment. Coincé entre ces sauterelles et ce sauvetage, le film n’a pas vraiment d’identité. On apprécie le premier tiers avec ces nombreuses scènes de nature où les dinosaures vivent et partagent le territoire. C’est trop peu. On se retrouve avec des énormes dinosaures dans un souk, des espèces non répertoriées apparaissent dans le domaine BioSyn comme ce Giganotosaurus, plus grand dinosaure carnivore que la Terre ait connu. Une évidence, il sera la menace finale.D’ailleurs, ne cherchez pas de vrais méchants, à part les humains, les menaces de dinosaures sont sommaires. La scène finale est tellement mal fichue, qu’elle est juste là pour le quota et le cahier des charges. Pire, il arrive à sacrifier la seule scène du T-rex qui aurait pu être la quintessence de la saga. On aurait aimé une mort de la T-Rex comme un instant calme, émouvant. Au lieu de ça, on nous balance un énième combat de titans à ranger du côté de Godzilla vs Kong.Je ne sais que dire sur ce film. Il ennuie presque, il enchaîne les décors pour combler le vide de son intrigue. On oublie donc encore une fois les dinosaures pour proposer quelque chose de périphérique. Quand parler des dinosaures ? Comment en parler sans en faire une menace ? Il y avait tant à faire. La cohabitation était le sujet à traiter. Au lieu de ça, on propose des sauterelles comme cœur de l’intrigue. On refait l’origine de Maisie pour raccrocher les wagons et on fait du film un thriller sur fond de clonage.
Un Jurassic World 3 de trop ?
Pour moi, la saga s’arrêtera avec cette ultime scène de brachiosaure qui disparaît dans le nuage du volcan…. À partir de là, Fallen Kingdom raconte une histoire quasi indépendante avec un ton très épouvante et gothique. Il n’y a guère que les scènes dans la nature avec ce lion face au T-rex qui apportent de la poésie et quelque chose de posé. Dominion le fait également à la toute fin du film, c’est beau, c’est naturaliste, c’est doux. Ça aurait dû être le cœur du film.Comme chaque film, on termine par une fuite comme pour signifier qu’on fuit le sujet. Il n’y a aucune résolution. Chaque acte est le fait d’un humain. Les dinosaures subissent encore et toujours. On ne sort même pas grandi de cette saga ! On laisse faire. Du gâchis ? Peut-être. De la frustration, sûrement. Cette saga aurait mérité un traitement moins bourrin…Chris Pratt fait le nécessaire, mais il est bien seul. Bryce Dallas Howard n’a rien à faire et le trio Dern, Neil et Goldblum est transparent. Ian Malcolm ne dit que des punchlines, ce qui devient vite agaçant, tandis que Grant et Sattler essayent d’exister en exploitant leur relation et leur alchimie (qui n’avait jamais existé depuis le premier Jurassic Park du coup). Et les haters de Trevorrow ont eu matière à dire puisqu’effectivement, cet opus est pénible. Le montage est désastreux et la mise en scène annihile tout suspens. Chaque apparition de dinosaure n’est même pas fichue d’être correcte. Il avait fait un travail solide sur Jurassic World quoiqu’on en dise. Je soutiendrai à jamais son travail sur ce film. Sur Le Monde d’Après, il a fait le minimum syndical, sans passion.Deux heures de dinosaures qui courent avec des chevaux auraient fait un film beaucoup plus beau et mémorable. C’est dire.
Une version rallongée de 14 minutes sera disponible sur le blu-ray et le DVD…