Jessie (Gerald’s Game) : suspens attachant
Nouvelle adaptation de Stephen King cette année, Jessie débarque sur Netflix.
Après The Mist, Mr Mercedes ou encore 1922, Ça et La Tour Sombre, Jessie prouve une fois encore que Stephen King a marqué l’année 2017.
Jessie est une histoire simple. Un couple de quadra en perdition (formidables Carla Gugino et Bruce Greenwood) tente une dernière virée romantico-sexuelle dans un chalet à l’écart. Menottée au lit, Jessie se retrouve avec un Gerald sur-excité… et sous Viagra. Et la pilule va lui donner une crise cardiaque. Jessie, attachée, ne peut rien faire.
High-concept, Jessie dure tout de même 1h43. Et il faut compter sur la maestria de Stephen King pour tenir la longueur… et sur le réalisateur Mike Flanagan, déjà auteur de The Mirror (Oculus) ou Pas un bruit (Hush). Le scénario se veut fidèle aux écrits de King, cette critique sera exempt de connaissances du roman. Les points abordés seront donc critiques envers le récit et non le travail d’adaptation.
Jessie utilise le concept de personnage coincé pour aller un peu plus loin. Traumatisée, Jessie matérialise ses pensées en voyant son double et son mari faces à elle. Les échanges se font naturellement mais pointent toujours vers de la réflexion pure et dure sur les moyens de sortir de là et d’utiliser ce qu’il y a autour d’elle. Si ces apparitions peuvent dérouter, elles sont de suite expliquées et s’intègrent alors au récit sans gêne. Cela évite à la fois de ne compter que sur un seul personnage et de plomber l’idée. Acceptant ce postulat, le spectateur doit encore en acceptant un autre. Jessie va revivre les traumatismes de son enfance. Rajouter du pathos est difficile. Le film garde toujours en tête son idée de montrer le combat de cette femme. Elle a accepté trop de choses pour son père et pour son mari. C’est une reconstruction qui s’opère alors lentement et de façon glauque. Les choix de montrer en longueurs les flashbacks de la vie de Jessie apporte tout de même quelques longueurs. Il n’était pas nécessaire d’épaissir la psychologie de Jessie dans un concept aussi simple. Evidemment, si l’intention est de tout miser sur sa psychologie et son passé, on ne peut rien contre les désirs originaux de King…
Au-delà d’une sensation de voir un film où l’esprit est torturé, il y a d’excellentes idées d’épouvante et éprouvantes. Flanagan manie le danger à merveille. Sans jump-scares et sans musiques écrasantes, Jessie parvient à imposer une certaine peur. Les plans et la photographie sont d’une beauté rare. En connaissant le récit, vous comprendrez sûrement quels morceaux du récit sont retranscrits efficacement.
Si le film est plastiquement superbe, le récit s’étire un tout petit trop. Calquant sa fin sur celle du roman, Gerald’s Game rajoute inutilement une pirouette qui rajoute une couche creepy à une histoire qui n’en avait pas besoin. On excuse le choix de King puisque c’est le récit primaire. Doit-on excuser Flanagan qui a voulu être fidèle ? Jessie / Gerald’s Game offre peut-être l’un des meilleurs rôles de la carrière de Carla Gugino et aussi un excellent ajout à la carte de visite de Mike Flanagan qui mérite un projet encore plus important.