It’s a Wonderful Knife (inédit) : slas-heure de Noël
It’s a Wonderful Knife cumule les genres. C’est un film d’horreur de Noël, mais également un « What If ». Et c’est raté.
« From the writer of Freaky » orne l’affiche de It’s A Wonderful Knife comme un argument marketing imparable. Freaky proposait le concept d’échange de corps version slasher où une ado prenait la place d’un tueur masqué. Il était réalisé par Christopher Landon, déjà auteur du même genre de films que sont high concept de comédie et horreur avec Happy Death Day, Scouts Guide to the Zombie Apocalypse, Happy Death Day 2U, et donc Freaky. Et côté scénario, c’est Michael Kennedy qui a écrit Freaky et It’s a Wonderful Knife. On retrouve donc cette mouvance de mix des genres.
Ici, on reprend le concept d’It’s a Wonderful Life, le classique de 1946 réalisé par Frank Capra, à savoir un personnage qui se demande ce que serait le monde autour de lui s’il n’avait pas existé. C’est ce que souhaite Winnie Carruthers (Jane Widdop, Yellowjackets).
Winnie vit à Angel Falls, une ville où Henry Waters (Justin Long), un promoteur fantasque, veut construire un grand complexe commercial. Mais un tueur masqué sévit également dans la ville. Winnie parvient à le tuer non sans avoir perdu sa meilleure amie, Cara. En enlevant le masque du tueur, elle découvre que c’était Henry Waters…Un an après, elle est toujours dans le deuil et personne autour d’elle ne veut en parler. Elle souhaite alors ne jamais vouloir être née… Et elle se retrouve dans une ville où le tueur est toujours là.
Le concept est très simple. On ne peut pas nier que l’intérêt réside dans l’omniscience de Winnie qui sait qui est le tueur mais qui se retrouve face à une famille qui ne la reconnait pas. Par contre, le ton du film est la grosse faiblesse. Le personnage de Henry Waters joué par Justin Long frôle la fausse note. Fausses dents, jeu excentrique, Justin Long est détestable mais comique. Le film penche du côté de la comédie sans avoir un humour réussi. Pire, dans le monde What If, c’est une ambiance totalement incohérente et à la limite du fantastique qui se présente. Les gens sont lobotomisés, ils sont tous drogués et donnent l’impression d’un monde parallèle difficilement plausible.
Cette ambiance étrange fausse radicalement l’identité du film. On ne sait plus si c’est un film d’horreur un peu drôle ou une comédie un peu horrifique. Rien n’est vraiment expliqué, les règles de cet univers ne sont pas explicites. Et pour qu’un film de genre fonctionne, il faut que la mise en scène suive. Si on comprend aisément que le film suivra les balises du What If comme il se doit, on est surpris par tout autre chose : la réalisation.
Tyler MacIntyre est derrière la caméra. Si ce nom ne vous dit rien, il a proposé le sympathique Tragedy Girls en 2017 et V/H/S 99 en 2022. Rien n’aurait pu laisser penser que sa mise en scène sur It’s a Wonderful Knife soit si loupée. La photographe est plus que correcte avec cette ambiance de Noël flatteuse, sauf que les plans sont tous ratés. Sorties de champ, iconisation, moment de suspens, tout est loupé ! On penche alors, possiblement, vers un montage de piètre qualité…
Le film rate donc ses moments de flippe et d’action. Il reste alors un casting plutôt agréable, Justin Long, Joel McHale (Community), Katharine Isabelle (qui a ses fans depuis ses rôles dans Ginger Snaps), William B. Davis (l’Homme à la Cigarette de X-Files, c’est lui !) et Jess McLeod (Qui Ment ?). Mais ça ne suffit pas pour que le film gagne suffisament de point. Sa conclusion est assez honteuse car elle fait du personnage principale une girouette et se permet de finir sur une note qui frôle le « Deus Ex Machina ».
It’s a Wonderful Knife gêne par ses défauts formelles. Le quidam s’en fichera et aura droit à un film sympathique. Le pointilleux y verra un projet foireux et foiré.