Retour sur le premier épisode de Buffy contre les vampires : 1997-2017
Amenez moi le pilote parle aujourd’hui de Buffy contre les Vampires, série culte s’il en est qui fête ses 20 ans cette année. Le fandom de la série est énorme, les médias parlent déjà de « journée mondiale de Buffy » et c’est donc tout naturellement que Smallthings entre dans la danse (certains malotrus diront qu’on surfe sur le buzz) pour parler du premier épisode de la série.
La série
: Buffy contre les vampires
Le parcours : pilote diffusé le 10 mars 1997 sur The WB et UPN. 144 épisodes, 7 saisons. 3 saisons de plus en comics et un film fait quelques années avant le début de la série
Le résumé : Buffy Summers est une Tueuse de Vampires, une des élues humaines aux dons spécialement conçus pour mettre à bas les menaces de vampires, de démons et autres réjouissances maléfiques que subit sans même le savoir notre petit monde.
Le background : je n’ai jamais vu Buffy.
Amenez moi le pilote : le moins qu’on puisse dire, c’est que Buffy contre les vampires est une série d’époque. Sortez ça en 2017 et ça donne Supergirl en quelque sorte, une humaine d’apparence avec des pouvoirs qui lui permettent de sauver le monde tout en s’assurant une vie de jeune femme normale. Bon, il manque 5 ans à Buffy puisqu’elle est au lycée mais la comparaison est valable dans l’optique très teen de la série, même dans l’univers sonore on est vraiment dans du rock ado, ce qui renforce cette mise en contexte. Regarder ça en 2017 est un plaisir parce que la proposition est sincère, une vraie bouffée d’air frais de nostalgie qui vient du spectateur et non pas du show. Beaucoup de gamins nés dans les années 2000 et élevés à Snapchat trouveraient sans doute ça hyper naze. On ne peut pas regretter une époque si on ne l’a pas connue du tout.
Intéressant de remarquer dans ce premier épisode de Buffy contre les vampires une connivence déjà présente alors que la série vient de commencer. On pouvait penser que le film de 1992 (avec Donald Sutherland, Luke Perry et Kristy Swanson en Buffy, écrit par Joss Whedon) avait déjà inscrit l’univers dans les esprits mais le flop du film n’a pas aidé. La série a donc réussi là où le cinéma a échoué. Whedon a voulu créer une petite continuité avec le film pour ce pilote mais les principales idées sont plutôt celles d’un remake.
Reste que ce pilote explique de manière très expéditive ce qu’il faut savoir sur l’univers, et on est balancé dans celui ci sans plus de cérémonies, et pourtant ça fonctionne. Buffy est attachante presque immédiatement, elle a cet aspect déluré et presque niaise complètement contrebalancé par ses pouvoirs impressionnants et sa force de caractère bien trempée. Elle est une sorte de super-héroine qui change d’identité sans changer de masque, capable de se demander quel garçon elle préfère pendant qu’elle plante un vampire à mort avec son petit pieu pourtant ridicule et inefficace pour n’importe quel humain (l’un d’entre eux le confond même avec un crayon…). Sarah Michelle Gellar détonne franchement dans un rôle taillé pour elle, et son potentiel de sympathie et même presque de séduction fonctionne immédiatement avec le spectateur qui se sent complice d’elle alors qu’il ne la connaît pas.
Au fond, le titre très simple et presque ridicule et premier degré de la série a du sens. Buffy contre les vampires, c’est exactement ça. On nous montre Buffy, qui elle est, et on la voit tuer des vampires. Ça peut paraître très simpliste, trop pour une série populaire mais la logique n’est pas la même que pour Game Of Thrones, Westworld ou The Walking Dead. Le public de Buffy est celui qui cherche à ressentir des émotions, c’est aussi ce que le cinéma a oublié depuis l’ère Nolan et les séries s’en sont ressenties puisque ces deux médias parallèles existent dans les mêmes logiques. En ce sens, Buffy remplit parfaitement son rôle, sa simplicité lui fait beaucoup de bien et au spectateur aussi, d’autant qu’on sent bien derrière une construction pertinente et enthousiasmante d’univers. La dichotomie entre la création de ce qui deviendra plus tard un mythe et ce qu’est vraiment ce premier épisode surprend vraiment au premier abord, mais dans un sens vraiment positif.
Le background de l’univers est vraiment très rapidement installé, on a presque une avalanche de mots clés durant l’épisode entre Vampires, Exécutrice, Bouche de l’Enfer… On retient tout facilement et très vite, on sent assez bien les (peut être un peu faibles mais c’est un début) enjeux de Buffy contre les vampires, on sait que les créatures à crocs pointus et images de synthèses douteuse (oh on peut rigoler un peu, quand même, ça va) veulent conquérir la petite bourgade et que Buffy veut les en empêcher, avec l’aide de 2/3 clampins qui ne savent pas ce qui se trame et de 2/3 autres clampins qui savent très bien se qui se trame. On sent vraiment que la série est le point de départ de ce qui sera plus tard Vampire Diaries, True Blood, Twilight… Mais avec cette différence que Buffy sait rester légère et presque au second degré, certaines vannes des personnages font même presque sitcom parfois. L’épisode est très marqué par une identité d’époque qui lui sied mieux qu’à d’autres. Sur certains points, la série est encore actuelle, le message très « jeune femme indépendante » et « girl power » est encore essentiel et fait franchement du bien. (et au final, si l’aspect kitsch des looks rappellent ceux de Dawson saison 1, nous sommes tout de même déjà en 1997, époque de la sublime et très contemporaine saison 4 de X-Files)
Bien sûr, beaucoup de choses ont vieilli dans Buffy contre les Vampires, qu’il s’agisse de l’univers visuel, de l’ambiance sonore. Mais ce ton de la « blague » qu’à la série est rendu d’autant plus essentiel et permet de rendre cohérent ce phénomène de vieillissement, demandant simplement aux gens « du futur » d’y être réceptif (ce qui n’est pas forcément le cas, regardez les réaction des 2000 au Club Dorothée). De la même manière que Dr Who, l’univers n’est pas apparu comme par magie et joue sur une certaine connivence avec le spectateur, qu’il débarque ou non. Ce genre de proposition est frais, et louable.
Longue vie à Buffy ! Et aux fans qui sauront, on en doute pas, célébrer comme il se doit l’anniversaire de leur série culte. Quand à l’auteur de ces lignes, il ne peut que ressentir de la bienveillance envers la série de Joss Whedon, après ce premier épisode rondement mené, et franchement très agréable.
Et pour aller plus loin, regardez notre long débat sur la série
AMD
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