Blue Beetle : clichés ambulants pour le premier héros du DCU de James Gunn
Blue Beetle vient après le gros flop The Flash, histoire de faire oublier un univers brouillon. Film origin story sur un jeune latino devenu super-héros, Blue Beetle est aussi extrêmement peu attendu par le train de la hype.
Le DCU est mort, vive le DCU. On ne comprend plus grand-chose à la stratégie de James Gunn. Mais Blue Beetle est un héros qui reviendra dans le reboot de l’univers DC par le réalisateur des Gardiens de la Galaxie dont le premier opus sera Superman Legacy prévu en 2025.
Alors que le second film Aquaman est attendu pour le 20 décembre 2023 en France, précédé d’une salle réputation (on parle d’un énorme ratage), le DCU sort par la petite porte, ou plutôt par l’immense porte du bad buzz. Flash a été un échec artistique et public, Blue Beetle n’a aucun lien avec rien et Aquaman semble sortir juste parce qu’il faut le sortir. Ensuite, il en sera fini du DCU commencé par Batman V. Superman en 2016.
Blue Beetle est un projet un peu timide. Le héros est méconnu et il n’est pas prétendant à s’inscrire dans un univers connecté avec la Justice League. Mais comme il faut que les latinos aient leur héros et leur film, DC et Warner foncent en plein dans le film de commande. Derrière la caméra, Angel Manuel Soto, un réalisateur portoricain totalement inconnu, et Gareth Dunnet-Alcocer, un scénariste mexicain pas plus connu non plus dans les contrées de Hollywood. Au casting, l’acteur aux origines cubaine, mexicaine et équatorienne, Xolo Maridueña, échappé de Cobra Kai (sur Netflix) dont il est le héros. Il est entouré par, entre autres, Bruna Marquezine, une actrice brésilienne (et ex de Neymar si vous voulez l’info) et George Lopez, immense star de sitcom aux Etats-Unis.
Blue Beetle est donc un film qu’on qualifierait de film pour les latinos. Évidemment, c’est un film pour tous les publics, mais comme Black Panther a fait déplacer les communautés noires, partout dans le monde, il ne faut pas passer outre ce contexte qui pourra jouer sur le succès du film.
Blue Beetle est un super-héros qui n’est pas si récent que ça puisqu’il est apparu en 1939. Mais c’est la version de 2006, où le jeune Jaime Reyes prend le relais de Ted Kord et Dan Garret, les anciens porteurs du costume. Le super-héros est apparu dans les adaptations animées comme Teen Titans ou Young Justice, dans un épisode de Smallville (saison 10, épisode 18).
La critique spoiler
Blue Beetle est, avouons-le de suite, terriblement générique et cliché. Cette origin story ne surprendra personne. Le scénario est téléphoné et toutes les situations sont connues d’avance. Jugez-plutôt, le jeune héros qui se retrouve dans une situation incontrlable et devient super-héros malgré lui, check, la love interest qui est chez les ennemis, check, la grande méchante (jouée par Susan Sarandon) qui en fait trop, check, et on n’oublie pas, la grand-mère faiblarde devenant badass, le trauma, la jeune soeur touche-à-tout, le tonton un peu barjo qui sauve la mise plus d’une fois au héros, la musique rock vintage pour une scène « fun », un personnage qui arrive derrière tout le monde pour dire « moi, je peux vous sauver », le nom du méchant (Carapax, lol), le sacrifice du méchant-qui-était-méchant-malgré-lui, la scène « l’amour sauve tout » (qu’on retrouve trop chez DC notamment dans les Wonder Woman) et le baiser final, évidemment.
Rien n’est vraiment original dans ce film. La famille latino est tout ce qu’il y a de plus cliché pour bien renforcer leur image, leurs différences, leurs cultures et j’en passe et des moins meilleurs. Ce serait écrit par un non concerné que ce serait considéré comme rétrograde, raciste et ridicule. Là, on ne pardonne pas ce Blue Beetle en pilotage automatique. Pourtant, le film n’est pas déplaisant. Pourquoi ?
La réalisation de Soto est plate et sans ambition. Aucune scène d’action ne sera une référence. Aucun plan iconique ou aucun décor ne viendront vous imprimer la mirette. Qu’on serait dans un pilote pour la CW avec du gros pbudget qu’on serait content de revoir une nouvelle série du Arrowverse. Sauf que Blue Beetle est propre, solide, rythmé, et bien incarné. Malgré tous les défauts recensés, le film parvient à être attachant. Xolo Maridueña est plutôt bon dans le rôle-titre et toute sa famille s’en sort bien. Blue Beetle est un héros comme Iron Man et Cyborg, avec une armure high-tech, des armes à volonté et une capacité aux combats très fluide et énergique. Il n’y a donc pas vraiment de raisons de bouder son plaisir sauf si on recherche un film « frais ». Il a clairement 10 ans de retard.
Cet handicap sera vite oublié quand on le reverra dans 20 ou 25 ans quand on aura fait le tour des super-héros. Blue Beetle vieillira peut-êre mieux que tous les autres films du genre qui ont tendance à accuser leur age et leur époque.
Lien avec le DCU de James Gunn ?
Ne pensez pas que Blue Beetle soit le film qui démarre le DCU de James Gunn. Oui, le héros est inclus dans l’univers déjà foutraque de Gunn. Le film n’ouvre aucune perspective et ne tease absolument rien. Les quelques références à des héros sont purement génériques. Il cite Superman, Batman et Flash, mais comme tout le monde pourrait le faire dans plein de films sans que ce soit un lien tenu avec un quelconque univers.
Blue Beetle a deux scènes post-générique.
La première scène post-credit est un énième trope avec le père mort qui ne l’est pas ! Dans le repaire de Blue Beetle qui appartenait à Ted Kord, un ordinateur s’allume avec un message entrant vocal de… Ted Kord, le père de Jenny (jouée par Bruna Marquezine). Blue Beetle 2 qui n’est pas du tout prévu pour le moment sera donc, à coup sûr, centré sur la quête du père.
La seconde scène post-générique est vraiment dispensable. On y voit une sorte de publicité animée sur un héros masqué latino, El Chapulin Colorado (programme qui a réellement existé au Mexique, il a duré trois ans de 1973 à 1979). Rien de plus.