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Ballers : de bric et de b(Rock)

Dwayne Johnson fait ses premiers pas en tant que lead role/producteur à la télévision avec Ballers, une série autour de l’un de ses premiers amours : le football américain

Ballers met en scène la ville de Miami, ses plages, son soleil, ses filles en petites tenues, son équipe de baseball, mais surtout son équipe de foot américain, les Miami Dolphins. Tous les personnages, anciens joueurs, joueurs actuels, agents, directeurs sportifs, comptables et autres concessionnaires autos sont liés de près ou de loin à cette équipe. Mais la vie n’est pas un long fleuve tranquille, et Spencer Strasmore, le coeur névralgique du réseau, passé des terrains aux bureaux financiers, est au four et au moulin pour que cela y ressemble…

Ballers est le prototype même de la série américaine moyenne reposant sur une idée/un coup marketing : des twists gros sabots, du faux bon sentiment, un peu de sexe et de vulgaire pour rattraper les plus ennuyés, et surtout une tête d’affiche emmenant tout cela dans son sillage, en l’occurrence ici Dwayne Johnson, sa carrure de bodybuilder, ses costumes impeccables et son sourire Colgate. Mais le pire, c’est que ca marche, car malgré tout, Ballers se regarde avec un certain intérêt, celui du divertissement, pendant un petit farniente, entre deux passages à la plage, ou tout simplement histoire de tuer le temps. Et à mettre à son crédit, une plongée dans un petit monde footballistique en rapport avec le grand monde de la vie qui sait s’apprécier sans trop se prendre la tête, donnant en dix épisodes de moins d’une demi-heure un aperçu grossier de ce que le monde du foot américain et ses pêchés peuvent nous réserver. Peter Berg délaisse donc la subtilité qui était la sienne dans Friday Night Lights, acclamée de par son aspect fédérateur, pour Ballers, nettement moins profond, où le sex drugs and rock’n’roll coule à flot en dix variantes qui se valent toutes autant les unes que les autres.

©HBO
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Pas question de rassembler, l’intéressant ici est de savoir qui fera la prochaine connerie et comment Spencer va la réparer. Côté propos, ca s’éparpille un peu, mais il y a une idée de touche à tout sur comment gère sa carrière ou sa retraite, entre Charles Greane le trop honnête marié, Ricky Jarret le mec au bon coeur mais trop tête brûlée pour retenir ses pulsions sexuelles, Vernon Littlefield la bonne pâte roulé dans la farine par sa bande de 12 potes qui gravitent autour de lui pour profiter de sa fortune. Le problème, c’est que Ballers torpille tout propos recherché sur la carrière de joueur de foot américain en faisant constamment intervenir du sexe pour servir ses intrigues réchauffées (je suis joueur pro, riche et célèbre, et si je couche c’est presque la fin de ma carrière, heureusement c’est l’Amérique et j’ai mon pote Spencer qui va raquer pour moi), propice à un niveau de vulgarité à donner un infarctus au CSA. La série pousse même le curseur jusqu’à faire passer les avances d’une chaude lapine pour de l’érotisme et de la tentation christique quand Charles Greane se retrouve à tromper sa femme après qu’une fille lui ait envoyé des photos torrides. Mais bon, comme aux Etats-Unis, tout est bien qui finit bien, on pleure un bon coup, et hop, c’est reparti ! Même chose pour Ricky Jarret, qui trompe sa copine dès le premier épisode, la rattrape dans le second, la re-trompe dans le troisième (avec la mère d’un coéquipier…), passe les trois suivants à essayer de la rattraper tout en s’éclatant à droite à gauche dans sa « Fun House », donne une interview choc où il insulte son père à Jay Glazer, le Oprah Winfrey du coin avec qui tout le monde boxe, dans le septième, et la joue renaissance sur le reste de la saison. Ca vous donne le niveau. Bref, on apprend rien, on veut nous le faire croire, et on en a plein les yeux. Enfin, une incompréhension subsiste : quel était l’intérêt de faire mourir un joueur pro dès les premières minutes du pilote, pour ensuite ramener le sujet quelques épisodes après, sans que tout ca n’ait de lien avec le reste ?

©HBO
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Dwayne Johnson, producteur et acteur principal, joue bien de tout cela, puisque de toute façon, tout finit toujours par se ramener à lui, qu’on appelle comme le sauveur de par son passé de grand joueur (à peine exploré, étonnamment), de manière directe (en organisant une soirée sur le yacht de son patron) ou indirecte (quand Vernon se fait manipuler par son « pote » Reggie, qui veut un max de fric pour son « bro » pour qu’il puisse à la fin en profiter). Ca avance, ca cogne, c’est la mêlée, comme en foot américain, mais à la fin, on est tous copains et on va tous boire un coup (n’est ce pas le season finale facon happy ending où Vernon étale l’argent de son contrat en or « durement gagné » après avoir pris 300000 dollars à Spencer et avoir couché avec une fille, allez chercher la logique dans la dégradation). La série existe pour, par, à cause, grâce à Spencer Strasmore, sans qui ce serait juste un petit monde à problèmes, sans rien de bien méchant. Il se permet même un petit épisode « rédemption » quand il rappelle un mec à qui il a brisé la carrière pour fumer le calumet de la paix sur un terrain de baseball. En fil rouge, l’ascension sociale de Spencer, ce qui lui importe : de bon samaritain apprenant les ficelles du métier hors du terrain, avec un tout petit écart de rien du tout quand il bouscule Reggie lors de la soirée, il devient le maître en étant promu par son patron, avec un beau bureau dont il peut faire profiter sa copine. Peut être valait il mieux que le personnage soit comme ca, car il est clair que Dwayne Johnson ne sait pas jouer sur deux registres, et est uniquement servi par son physique avantageux. Chaque sourire de sa part, chaque mouvement de main, respire le faux et le décalage actanciel. Derrière, une flopée d’acteurs tout aussi interchangeables les uns que les autres, façon « tout le monde il est beau tout le monde il est gentil, brother », tandis que Rob Corddry joue un Joe vite lassant, et que ce pauvre Richard Schiff, merveilleux Toby dans The West Wing, s’autoparodie en pseudo-patron véreux.

Ballers est une série décérébrante et décérébrée, à regarder d’une traite quand on a le temps. Mais vite oubliable, et vite oubliée. Curieux que ce genre de séries se retrouve sur HBO, entre True Detective et Game of Thrones, des séries un peu plus… sérieuses, à tous les niveaux.

Ballers sera diffusé sur OCS et Canalsat.

Leo Corcos

Critique du peuple, par le peuple, pour le peuple. 1er admirateur de David Cronenberg, fanboy assumé de Doctor Who, stalker attitré de David Tennant.

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