Astérix : Le Domaine des Dieux, Veni, Vidi sans Vici.
4 ans de travail, Alexandre Astier au scénario, Louis Clichy venu de Pixar à la réalisation, il n’en fallait pas plus pour que le projet de faire revivre Astérix en 3D soit attendu.
Hélas, je vais dire la phrase que je n’aime pas employer : les amateurs apprécieront. Oui, Le Domaine des Dieux est fidèle à l’esprit Astérix. Oui, l’humour Astier est là. Mais voilà, comme Astier le dit lui-même lors de la Masterclass post-projection : « quand le matériau d’origine est parfait, c’est facile de ne pas se tromper« . Mais c’est facile de tomber dans la facilité. Astier n’a pas l’air d’avoir mis les mains dans le cambouis pour adapter la BD. Aucune folie véritable ne ressort et le comble c’est qu’on s’ennuierait presque alors que le film ne fait qu‘1h25.Les scènes de ce Domaine des Dieux sont construites sur un schéma assez lourd avec systématiquement des dialogues rythmés mais trop écrits, trop « Astier » qui mènent à une vanne qui libérerait presque le spectateur de la pression hallucinante du dialogue surfait. Les scènes sont courtes et on ne s’attache pas vraiment aux situations. Quand après 20 minutes, le film prend enfin un rythme plus prenant, c’est pour garder des faiblesses véritables : Astier écrit trop et s’autosatisfait. Si en plus de cela, on ajoute des blagues sur les sangliers, les bourre-pifs, les Romains, les fights entre Gaulois pas franchement plus inspirées que ça (oui c‘est l’ADN de la BD mais on souhaiterait un peu de remises en question et non une simple transposition d’univers à un scénario donné).
Ça reste plaisant pour celui qui recherche une bonne aventure d’Astérix ! On retrouve vraiment les ingrédients de la BD Le Domaine des Dieux, mais il manque vraiment ce qui devrait faire l’événement. Les blagues tombent un peu à plat, il faut compter sur certains personnages secondaires pour sourire ou rire comme Laurent Lafitte, impeccable en esclave ou Elie très Semoun-esque. Le souci des BD comme Astérix est que le héros n’est pas attachant, pas drôle, un peu « héros malgré lui ». Alors quand Obélix est mis sur la touche, la caution empathique et comique se repose sur des éléments à la base plus fragile comme certains personnages secondaires vite creux. Il faut bien comprendre que le film en tant qu’événement est raté. Le film, en tant qu’adaptation, plaira à un grand nombre, et surtout, plaira aux fans de l’humour Astier. Mais je ne suis pas client, on sent beaucoup trop le scénario structuré derrière pour me convaincre.
Parlons réalisation. Si Clichy vient de Pixar, il n’a pas leur budget. La caméra peine à être virevoltante et certaines scènes les plus réussies sont finalement celles qui rappellent les animations saccadées et folles des anciens animés. La cure de Jouvence avec l’image de synthèse est réussie, on n’a jamais vu nos personnages aussi vivants, il manque juste un peu de fantaisie dans l’ensemble. Les références pop-culture sont minimes mais plutôt bien senties. On est loin de Mission Cléopatre (qui, finalement, est une version très extrême de l’univers Astérix et on riait parce que c’était l’humour Chabat et non l’humour Astérix) mais la modernité par petites touches est là. Il reste un beau discours actuel sur la société et les logements, la société de consommation, le tourisme et évidemment l’accueil des étrangers.
Pas honteux, Le Domaine des Dieux n’est en rien la bouffée de fraicheur attendue. Le public trouvera assurément son compte devant le film mais il faut bien rendre à César ce qui appartient à César. Tout le monde n’est pas public de mÔssieur Astierix.