Ami-Ami : aimer, simplement (ou presque)
Victor Saint Macary réalise son premier film avec Ami-ami, une ode aux sentiments compliqués que sont l’amour et l’amitié.
MAJ 24/05 :
Le film est désormais disponible en DVD et blu-ray avec le commentaire audio de l’équipe et des scènes coupées, n’hésitez pas !
Les comédies françaises abandonnent enfin les trentenaires pour s’intéresser à ceux qui sont entrés de plein pied dans la vie d’adulte. On avait déjà apprécié la comédie avec Pierre Niney, Five, et il semblerait que les premiers films soient l’occasion à une génération de réals de parler d’un entre-deux. Ni jeunes, ni vieux, ces gens de 25 ans sont pris enter deux feux. Ils veulent grandir et s’assumer mais ont toujours un pied dans l’enfance.
Ami-ami part d’un postulat simple : Vincent, ravagé par sa dernière rupture, emménage avec sa meilleure amie, Néféli. Mais quand Vincent rencontre l’amour, il ne sait plus si le dire à Néféli serait synonyme de rupture d’amitié.
On retrouve l’excellente William Lebghil, (SODA) dans le rôle de Vincent. Sa sympathie naturelle donne tout son sens à l’ingénu Vincent. Vue dans Five, Margot Bancilhon joue la pétillante Néféli. Jonathan Cohen (Serge le mytho) joue le meilleur ami de Vincent, Fred. La débutante Camille Razat (vue dans Disparue) a le mauvais rôle en la personne de l’amoureuse Julie.
Ami-ami est une comédie sincère, naturelle et surtout pertinente. Avec des thèmes comme l’amitié homme-femme et l’amour, le film arrive à proposer quelque chose de nouveau. Et tout le long du film, on sera surpris par certains choix, moins par le scénario. Tiré de son expérience personnelle, le film de Saint Macary sent bon le premier film décomplexé. Il n’hésite pas à proposer une BO étonnante, remplie de groupes de la Nouvelle Scène française, opérait un virage assez étonnant avec une scène surprenante et violente et n’hésite pas non plus à rendre la nudité banale. Avec tout ça, Ami-ami arrive sans peine à sortir du lot. Reste que le script se permet une banalité avec le personnage de Néféli qui fait perdre beaucoup d’espoir en la conclusion du film.
Au niveau du cœur du film, on s’intéresse aux collègues, aux amis, aux parents maladroitement avec des scènes venues de nulle part pour imposer de nouvelles informations qui ressortiront en temps voulu. On ressent alors un script fragile qui aurait mérité un peu plus de choix drastiques. Les émotions se succèdent et si le premier tiers est drôle, le reste part dans des ressentis plus dramatiques mais nullement inefficaces. Ce changement de ton est palpable et modifie un peu le rythme. On rit de bon coeur avec toutes les scènes de Jonathan Cohen, formidable de drôlerie qui méritait plus de scènes. William Lebghil est d’un naturel confondant. Il est très bien servi par des dialogues très coulants, qui ne sonnent pas faux. On sent aussi un désir d’offrir certaines punchlines qui sortent directement de la tête d’un réalisateur qui a grandi avec des références, il y a une volonté d’imposer du répondant efficace chez ses personnages.
Il y a une belle identification qui se fait entre le spectateur et chaque personnage. On vit avec Vincent et quoi demander de plus ? Ne sortant pas de son sujet qu’à de rares occasions (la révélation sur la mère, la place des parents en général), Ami-Ami est une comédie moderne, rafraîchissante à bien des niveaux. Et pourquoi avoir envie de revoir cette petite bande dans un prochain film ?