Alien Earth (Disney+) : un univers « Alien » existe-t-il vraiment ?
Alien Earth est arrivée, a déçu et est repartie. On l’attendait beaucoup (du moins, les fans, car Alien n’est pas vraiment un fandom immense) et la série de Noah Hawley a de quoi faire réagir.
Une idée ne fait pas une histoire, ni une série
N’étant pas un grand fan de la saga, aimant les films sans y voir les incohérences ou l’envie d’en voir plus, j’ai commencé Alien Earth avec curiosité. Romulus avait été un film plutôt efficace, et on s’attendait à une certaine continuité dans l’effort…
Si le premier épisode mettait en place un contexte plutôt efficace, présentant des enjeux et des menaces multiples, le reste n’est que remplissage. Oui, les séries modernes font encore du remplissage, même avec 8 épisodes. Pourquoi ? Parce que les séries, si vous regardez les bandes-annonces, n’ont qu’une idée de « film » à présenter. On ne voit ni univers, ni déclinaison d’un concept, ni répétition d’une formule. Les séries doivent être plus qu’une histoire, c’est un voyage, où on accompagne les personnages et inversement, où on aime les voir évoluer dans des situations différentes. Si une histoire feuilletonnante est intéressante, elle a ses limites… et côté développement et côté créativité.
Dans l’espace, Alien vous entendra ronfler
Alien Earth nous présente donc 5 espèces extraterrestres qui auraient pu donner du fil à retordre aux personnages. Mais l’intérêt était ailleurs. Et on ne sait pas où. Que racontait la série ? On part d’un crash de vaisseau pour basculer après deux épisodes sur une île isolée où se passent des expériences. Déjà que les séquences du crash ne donnaient aucune scène d’urgence, de tension (il faut voir les personnages ne pas être embêtés par la situation), mais la partie île procure un sentiment d’isolement intense. On veut voir les personnages tenter de sortir, de se sauver, de faire quelque chose. Mais il y a cette île. Alors ils restent là. On se demande qui chasse qui, qui menace qui, qui sauve qui. Et, surtout, qui fait quoi ?
Côté personnages, les hybrides, qu’on pousse à tort et à travers à comparer aux enfants perdus de Peter Pan, auraient pu faire une belle bande de gosses. Sauf qu’on ne sait pas quelles personnalités ils ont vu que les situations auxquelles ils font face ne les amènent pas à l’explorer.
L’héroïne, Wendy, jouée par la fille de Kyle Chandler, Sydney, pouvait prétendre à devenir un personnage central efficace. Son développement est honteux, la faisant passer pour une dresseuse d’alien. Car, oui, l’alien devient un monstre à domestiquer. La machine à tuer devient petit à petit une arme de destruction contrôlée. Pourquoi pas. Mais pas dans une préquelle, pas dans un univers où la moindre incohérence est soulignée par des milliers de nerds, pas dans une série qui était censée être horrifique.
Alien Earth, nouvel échec de la saga ?
La tension est nulle. L’alien devient une figure un peu pataude, ne cachant pas l’aspect costume, avec des mouvements trop humains pour faire illusion. Sa démarche, sa prestance et ses apparitions sont toutes quasiment loupées. Et il n’est même pas la créature la plus intéressante. L’œil alien est vraiment redoutable. Toutefois, l’écriture encore fainéante en fait une menace endormie. Elle contrôle un mouton toute la série et ne fait pas grand-chose si ce n’est imposer un petit charisme appréciable. Son but ? Aucune idée. Le but des autres créatures ? Aucune idée. La menace semble ailleurs.
Toute la série joue sur une ambiance lente, imprécise, où tout prétend à un payoff incroyable. Épisode 8, la série enchaîne les sous-intrigues qui tendent vers une conclusion. Sauf qu’on connaît les séries modernes, les conclusions ne sont que des introductions. On attend donc une saison 2 plus immersive, directive, intéressante et riche.
La série confirme aussi, peut-être, qu’Alien n’est pas une franchise qui mérite qu’on développe son univers. Finalement, il y a plus de déchets que de réussites, plus d’incohérence que de consistances. Cette saison 1 d’Alien Earth confirme que Noah Hawley a un univers, qu’il a des idées, mais qu’il ne sait pas comment les proposer, nous les mettre sur un plateau et nous y faire intéresser.


