7 Sisters (What Happened to Monday?) : la SF qu’il nous fallait
Prenez 7 soeurs, mettez les dans un monde futuriste où l’enfant unique est la règle et vous aurez un film de science-fiction très efficace.
Tommy Wirkola n’est pas un réalisateur qu’on aurait attendu au tournant. L’homme derrière Dead Snow et Hensel et Gretel semblait abonné aux films tout juste au niveau pour une sortie sur nos écrans. Mais désormais, nous sommes dans une époque où les sorties hors salles sont toutes aussi importantes et Seven Sisters connaît une distribution qui diffère selon les pays. Disponible sur Netflix US et UK, le film sort sur nos écrans français 2 semaines après, le 30 août.
Dans une économie et une fenêtre de diffusion devenue quasi mondiale et instantanée, cette distribution s’accompagne alors des éternels débats sur la disponibilité des films au même moment pour éviter le piratage ou les canaux de visionnage parallèles. What Happened to Monday? est donc retitré Seven Sisters en France et bénéficie d’un marketing plutôt efficace entre spots et affiches dans nos rues. Il faut dire que le film est co-produit par SND (et donc pas M6 et W9 derrière).
7 Sisters a un petit problème. Le synopsis officiel est faux. 2073. La Terre est surpeuplée. Le gouvernement décide d’instaurer une politique d’enfant unique, appliquée de main de fer par le Bureau d’Allocation des Naissances, sous l’égide de Nicolette Cayman.
Confronté à la naissance de septuplées, Terrence Settman décide de garder secrète l’existence de ses 7 petites-filles. Confinées dans leur appartement, prénommées d’un jour de la semaine, elles devront chacune leur tour partager une identité unique à l’extérieur, simulant l’existence d’une seule personne : Karen Settman.
Si le secret demeure intact des années durant, tout s’effondre le jour où Lundi disparait mystérieusement…
Ce n’est pas en 2073 que le gouvernement décide d’instaurer cette politique puisque le film commence avec cette mise en place alors que les 7 soeurs ne sont pas encore nées. C’est suite à cette naissance que leur grand père (Willem Dafoe) va les cacher. Et 30 ans plus tard (donc en 2073), nous suivons la vie des soeurs. C’est différent.
Noomi Rapace interprète les sœurs dont les noms sont ceux des 7 jours de la semaine. On oublie tout de suite le rapprochement avec Orphan Black. Outre le fait que l’actrice joue tous les rôles, rien ne semble s’y rapprocher. Le film s’attarde sur la vie adulte des sœurs, le jour où l’une d’elle disparaît. Le concept est plutôt intelligent, chaque sœur n’est autorisé à sortir que le jour e son prénom. Elles utilisent une seule et même identité. La frustration du spectateur débute par le manque cruel de passif exploré. On suit lors de deux scènes seulement la vie des 7 soeurs avec cette règle. Et c’est immédiatement intéressant de voir comment, d’une façon ludique, les 7 sœurs s’organisent pour vivre chacun leur tour dans le monde extérieur. Le bon point est que le montage alterné se répond et offre déjà un beau rythme et une excellente immersion dans l’univers. Et cette absence d’exploration nous laisse sur notre faim, surtout quand le rôle du grand-père se retrouve oublié par la suite, créant immédiatement un espace de narration vire. En s’intéressant sur cette disparition, on tue un tantinet le suspens du concept et on ne s’attarde pas avec une histoire d’anticipation qui pourrait rapprocher le film d’une oeuvre essentielle comme Gattaca (1998).
7 Sisters se transforme lentement mais sûrement en un thriller où l’action est menée d’une main de maître. Wirkola et Rapace s’en donnent à cœur joie pour proposer une histoire solide doublée de séquences d’action efficaces. Sans donner dans la surenchère qu’un tel projet aurait pu offrir, Wirkola se permet une sobriété exemplaire transformant un film concept et poseur en une oeuvre de science-fiction explosive. Le revers de la médaille est que la partie « message » du film s’affaiblit. La place de l’humain dans la société qui pousse ces soeurs à se fondre dans cette identité créée de toutes pièces pour plaire aux codes était plutôt une belle inspiration. Le film parvient sans mal à ne pas oublier son point de départ et jamais 7 Sisters ne se complaît pas à devenir un bête film d’action. La fluidité de la mise en scène, les ramifications du scénario et l’univers ancré dans la narration font de 7 Sisters une réussite. Le rythme est maintenu du début à la fin et Rapace domine absolument chaque scène. Dommage que le reste du casting ne soit pas à la hauteur. Glenn Close est sous-utilisée et les seconds rôles sont peu engageants.
7 Sisters est le film de science-fiction qui manquait à cette année bien morne dans le genre. Ne manquez pas ce film rythmé, jamais bête et qui n’oublie pas de divertir sans trahir son sujet.
Bonjour Thomas et merci pour l’article !
Je reviens sur ce passage : « on ne s’attarde pas avec une histoire d’anticipation qui pourrait rapprocher le film d’une oeuvre essentielle comme Gattaca (1998). »
Je suis un peu surpris car je pensais, néophyte que je suis, que par définition il s’agissait d’un film d’anticipation car décrivant comment la société serait dans une cinquantaine d’années.
Dans tous les cas, je suis ravi de trouver un amateur de Bienvenue à Gattaca ! Je pensais, à tort, avoir été le seul à voir ce film il y a 20 ans. Car il faur avouer qu’il n’a bizarrement pas explosé le box-office à l’époque (ou là, je me rappelle même l’avoir vu pendant la fête du cinema, c’était 10 francs la place !).
Sur ce, bonne soirée !
@+
Éric
En fait le postulat de départ sert l’intrigue mais n’est pas au centre de celle ci. Gattaca explore le concept de départ et est le coeur de l’intrigue 🙂