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American Gods : beauté du vide narratif

La série adaptée du roman de Neil Gaiman, American Gods, arrive le 1er mai sur Amazon Prime Vidéo et Starz. Durant le Festival Series Mania, nous avons pu voir le premier épisode.

Shadow Moon apprend la mort de sa femme et sort de prison deux jours avant sa libération. Voulant aller à son enterrement, il rencontre Wednesday, un homme mystérieux qui l’engage en tant que chauffeur. Sur la route, il rencontre des figures étranges et fascinantes comme Mad Sweeney, un leprechaun.

Starz s’est fait un nom avec des séries historiques comme Spartacus, Outlander ou encore Black Sails mais a aussi proposé des séries à l’identité forte comme Ash vs. Evil Dead et The Girlfriend Experience. Avec American Gods, la chaîne payante passe encore un cap. Ce premier épisode est en tout point ce qu’on attendait à quelques petits bémols près.

Bryan Fuller (Hannibal) est à la barre de cette série, aidée par Michael Green, scénariste de Alien : Covenant, Smallville, Sex and The City ou encore Heroes, un CV assez éclectique donc…

Le principal reproche que l’on peut faire à cet épisode est de ne raconter que le strict minimum tout en s’employant à boursoufler son récit par de multiples effets esthétisants. Le réalisateur David Slade (Hard Candy, Twilight – Chapitre III : Hésitation) se perd un peu dans un cahier des charges vide de tout sens narratif pour styliser le moindre élément de l’image qui pourrait être exagéré. Fumée de cigarette, lancer de pièce, coups de poing, tout est sublimé par un ralenti, un gros plan ou un autre effet. On pense alors immédiatement à Spartacus qui, avec ses gerbes de sang, poussait le vice de la violence et de l’esthétique dans un combo plutôt jouissif. Les premières minutes de American Gods utilise les artifices les plus grossiers pour raconter quelque chose d’assez simple si ce n’est brut. Mais avait-on vraiment besoin d’un ralenti sur un coup de poing entre deux scènes d’exposition qui se suffisait à elles-mêmes ?

american gods

Et pendant tout l’épisode, on est vite écartés de l’histoire par ces effets irritants. Et au final, on ressort de là presque inconscient de l’histoire racontée ou amnésique de tout effet narratif. On comprend que Shadow Moon (Ricky Whittle, échappé de The 100) est engagé par le mystérieux Wednesday (Ian McShane de Deadwood). Au-delà de ça ? Rien. Le rêve de Shadow Moon sur sa femme Laura (Emily Browning, le film Les Orphelins Baudelaire) est une scène graphiquement superbe mais totalement inutile au récit propre si ce n’est pour souligner que le pire est à venir. Et c’est surtout à la toute fin de l’épisode que l’on ressent ce manque cruel de pertinence quand Shadow Moon rencontre ce petit objet high-tech qui se transforme en intérieur de limousine futuriste. On ne comprend rien de ce qu’il se passe.

Mais on adhère totalement à l’univers ! C’est totalement barré de bout en bout (la scène de sexe à la conclusion étonnante vous marquera), les dialogues sont plutôt pertinents, les acteurs sont déjà habités par leur rôle (Pablo Schreiber, le génial Pornstach de Orange is the new black joue Mad Sweeney, leprechaun bourru) et l’univers est encore esquissé pour donner l’envie d’y revenir. Hypnotique à bien des égards, American Gods réussit le pari, à l’instar de Legion, de proposer une introduction aux délimitations floues, aux envies viscérales et au ton audacieux. Et tout comme la série de Noah Hawley, on ne sait pas ce que ça raconte mais on est bien curieux de le découvrir.

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Au casting, on retrouvera une belle brochettes de visages : Ricky Whittle, Ian McShane, Emily Browning, Pablo Schreiber, Jonathan Tucker, Crispin Glover, Peter Stormare, Gillian Anderson, Orlando Jones, Dane Cook et Kristin Chenoweth.
American Gods arrive sur Starz le 30 avril et sur Amazon Prime Video le 1er mai.

Tom Witwicky

Créateur de SmallThings, 1er Geek Picard de la planète Exilé dans le 92

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