This Is Us : la série qui se spoile et on en redemande
Les sagas familiales se font finalement assez rare en séries. Parenthood avait achevé les sériephiles après 5 saisons de moments de la vie qui ont fait pleurer et sourire. Avec This IS Us, on se prend la vie en pleine gueule et ça fait du bien.
Les grandes valeurs que sont la famille, l’amitié, la fraternité, l’amour, l’estime de soi, la réussite sont essentielles pour beaucoup. Etrangement, une série n’a pas que la mission de divertir mais aussi d’être le véhicule de valeurs qui nous correspondent. On aime un univers car il nous correspond, nous fait rêver ou tout simplement nous fait vibrer. Game Of Thrones n’est pas Dallas qui n’est pas Supernatural. En dehors des critères d’appréciation du public, il y a également les critères de réception. La série vient à vous, ou vous venez à la série. C’est exactement ça pour This Is Us. La série vient à vous, vous cueille et vous emporte.
Alors que Togetherness avait produit chez votre serviteur une émulation des émotions, This Is Us prend le relais avec talent et réussite.
On est pourtant loin de la même méthode de narration que la série des Duplass. Togetherness produisait du sens à travers de l’abstrait, une certaine idée de l’atmosphère qui dit tout et vous laisse en proie avec vos émotions et vos vices. This Is Us produit tout simplement du concrêt, des choses finalement très simples mais essentielles. On parlait beaucoup de la série avant son arrivée. Les raisons étaient obscures. Le trailer n’était pas des plus enthousiasmant et laissait présager une bluette dramaturgique. Le premier épisode a été mis au panthéon de cette rentrée séries par son twist final. Loin d’être un retournement de situation, il est surtout une idée ingénieuse pour bousculer la réception de l’oeuvre et changer la façon d’aborder les personnages.
Trick ingénieux, cette fin d’épisode faisait passer This Is Us d’une série de personnages à une série concept. Justin Hartley (Smallville), Mandy Moore, Milo Ventimiglia (Heroes), Sterling K. Brown et Chrissy Metz forment un tout devenu indissociable. Et l’épisode 2 vient confirmer tout le bien que l’on pense de la série. D’ailleurs, cet épisode ose également la révélation de fin qui nous met dans une position assez inédite. Nous, spectateurs, sommes spoilés sur la suite des événements et nous attendons de savoir comment tout ça va arriver. A certains moments, on se demande même si la série ne nous questionne pas nous-mêmes sur les choses de la vie qui vont arriver irrémédiablement (un mariage, une naissance, un décès, une rencontre).
On doit la série au quatuor Dan Fogelman et Jess Rosenthal, Glenn Ficarra et John Requa qui nous avaient offert l’excellent Crazy Stupid Love en 2011. Fogelman est aussi derrière les scénarios de Volt, Raiponce ou encore la série Galavant ! On retrouve une sincérité de propos dans tous ces projets et This Is Us parvient sans mal à produire de l’émotion. Malgré tout, la mécanique semble un poil automatique. La musique (excellente, avec des classiques pop acoustique du plus bel effet) joue un peu trop la corde sensible, la catharsis inévitable pour produire du sens. Simplement, en tant que membre d’une famille que nous sommes tous, nous sommes plus réceptifs aux images d’Epinal de la famille qui parlent davantage que le son.
This Is Us nous parle donc d’une fraternité de deux frères et une soeur et de leurs parents. Entre les problèmes d’obésité (traités à la source et durant), de succès, de réussite, de volonté de bien faire, d’adoption, d’autorité, This Is Us conduit très bien la barque de la Vie. La série n’invente rien mais raconte comme il se doit une belle histoire et nous raccroche aux fondamentaux. Casting attachant, narration utilisant la double temporalité pour brouiller et renouveler la piste du flashback, musique pertinente, This Is Us est plus qu’un produit sériel efficace, elle est quasiment une thérapie nécessaire.