On a testé

Westworld : indigestion de l’exigence

La série événement Westworld est là et avant de devenir série phénomène, la série de HBO impose tout son univers dans un premier épisode très riche.

Abrams, Nolan, HBO, Anthony Hopkins, Evan Rachel Wood, tout semble une évidence pour que Westworld s’en sorte avec les honneurs et une presse à ses pieds. Et il serait effectivement difficile de trouver des mauvais points à cette première heure. Pas pour nous, les blasés.

Westworld est un parc d’attractions où l’on peut, moyennant une forte somme, vivre dans le Far West et croiser des androïdes qui font partie de la population de la ville. Après plusieurs incidents, il semblerait que le système en place crée sa propre révolution.

Ne soyons pas blasés, HBO a les moyens (55 millions de dollars) pour proposer un décor somptueux rappelant le Grand Canyon, une ville du Far West on ne peut plus précise et un casting de qualité et le public en est flatté. Anthony Hopkins et Ed Harris sont la caution « on vient du cinéma, on a vieilli et on est les sages référents », Evan Rachel Wood et James Marsden sont là où ils pourront exploser, une série bien faite. Peut-être trop bien faite.

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L’univers proposé semble extrêmement délétère artistiquement, coincé entre des normes précises et formelles (une production value impeccable) et des règles fondamentales en pleine perdition(un cahier des charges devenu rengaine). Le bémol est que l’on a l’impression d’être devant un mastodonte HBO avec son budget, ses stars, son sujet et des scénaristes qui sentent qu’ils ont des diamants qu’ils ont peur de polir. Tout semble effleuré, majestueusement exploité, timidement creusé. Le cahier des charges HBO est respecté à la lettre, les cases sont cochées de minute en minute (seins, sang, suspens tendu) et il est difficile de sortir de ce carcan artistique qui a bien un mauvais côté : l’indigestion d’une exigence.

Si ce premier épisode prend son temps et pose ça et là les points précis d’un scénario millimétré, Westworld propose également deux modes de lecture. Il y a d’un côté un western au traitement moderne, brut et de l’autre un récit de science-fiction qui a beaucoup plus à proposer. Alors comment Westworld s’en sortira quand il faudra déléguer la narration au monde western qui semble peu enclin à sortir de son moule ? D’après les critiques presse, les 4 premiers épisodes posent encore les bases du monde. Alors patience.

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La musique de Ramin Djawadi est fantastique. Les classiques du rock (Black Hole Sun, Paint It Black) revisités par un orchestre philarmonique donne un ton moderne et frôle la subversion. La mise en scène prend ses aises et propose plan séquence, contre-plongée, panoramique et rappelle qu’une ambiance se pose par l’image. En somme, Westworld a un emballage soigné, des ingrédients de qualité mais la recette mérite encore quelques heures de cuisson.

Où sont passées les produits un peu maladroits qui sentent bon l’artisanat, où est la marge de manoeuvre ? Si Westworld est déjà parfaite pour beaucoup, tout tend à ce que le public n’en parle qu’à sa découverte et que Westworld fasse partie des meubles avec une rapidité déconcertante… et que, comme UnReal ou Mr Robot (séries peut-être moins exigeante tout de même), on en oublie presque qu’une saison 2 existe.

Tom Witwicky

Créateur de SmallThings, 1er Geek Picard de la planète Exilé dans le 92

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