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Les pêchers, la rentrée de Claire Castillon : déception

Grande amatrice des nouvelles de Claire Castillon, j’attendais son roman Les pêchers avec beaucoup d’impatience et de curiosité. Il paraît aujourd’hui aux éditions de l’Olivier. Ce roman à trois voix a beau être servi par un style impeccable, il ne parvient pas à nous accrocher jusqu’à la fin. Certains passages, longs et répétitifs, confirme le talent de l’auteure pour la nouvelle plus que pour le roman…

Dans Les pêchers, Claire Castillon donne la parole à trois personnages féminins, dont une enfant. La première voix, celle de Tamara, est la plus réussie. Cette femme semble prisonnière de son mari Claude, qu’elle a visiblement épousé à regret puisqu’elle pense encore à son ex, son grand amour. Elle a fait le choix de subir sa vie actuelle, dans l’espoir du retour de celui qu’elle aime toujours. Entre l’exigence de son mari et le côté pervers et manipulateur de sa belle-fille Esther, Tamara a du mal à adapter son comportement et passe par conséquent pour l’illuminée de service.

les-pechersOn comprend avec la seconde voix, celle d’Aimée, que les vies des trois personnages sont en fait entremêlées. Le problème, c’est qu’on ne comprend pas bien comment ni pourquoi. La perverse Esther en serait-elle responsable ? Ce que l’on saisit à travers ce texte d’une grande densité, c’est qu’Aimée vit désormais avec l’ex compagnon de Tamara. Et cette Aimée n’est autre que l’ex compagne de Claude, et la mère d’Esther… Aimée déteste Tamara et regrette son ancienne vie avec son mari. Néanmoins, elle a beaucoup d’affection pour son compagnon actuel, même si elle nourrit des sentiments pour un inconnu régulièrement croisé dans la rue… Vous avez suivi… ?

On ne voit pas bien où Claire Castillon veut en venir avec cette seconde voix… Le personnage d’Aimée est tout aussi complexe que celui de Tamara et leurs caractères et pensées intimes sont intéressants à découvrir. Mais tandis que Tamara garde une certaine logique (même si elle choisit de subir sa vie), Aimée reste insaisissable.

Quant à la troisième voix des Pêchers, celle de la petite Esther, je ne sais pas su en saisir l’intérêt. On sent qu’elle prend une part active à ce qu’il se passe au sein de cette famille recomposée, mais on a du mal à voir en quoi. Elle manipule son petit monde ; néanmoins elle reste une petite fille sensible qui est apparemment tombée amoureuse de l’un de ses camarades de jeu. Les relations qu’elle entretient avec ses parents ainsi qu’avec sa belle-mère sont assez floues. On comprend juste qu’elle les manipule volontairement, tout en les aimant bien quand même. La fin des Pêchers est vraiment glauque sans qu’on arrive à comprendre pourquoi il était nécessaire d’en arriver là…

Les pêchers est un roman étrange et ambigu, dont on n’arrive pas vraiment à saisir l’objectif. Le style de Claire Castillon est toujours aussi mystérieux. L’intensité et la complexité du discours (dissimulées sous un style en apparence très simple) ne tiennent pas la route sur la durée du roman et on finit par se lasser. Toutes ces voix semblent finalement s’exprimer de la même manière et la singularité de chaque personnage finit par nous échapper. Un fait exprès ? On lira jusqu’à la fin pour connaître le dénouement, mais d’une manière générale, Les pêchers ne laissera pas de souvenir impérissable…

Claire

Rédactrice / Responsable de la section "Livres"

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