The New Yorker Presents son magazine télévisé
Entre intellectualisme prétentieux et sujets sortis de nulle part, The New Yorker Presents, pilote proposé par Amazon, ne retrouve pas la force de son format papier.
Dans le lot des pilotes d’Amazon Studios,
The New Yorker Presents est le docu-fiction de la chaîne. Pas vraiment évident d’imposer ce genre, surtout quand on sait que ce sont les spectateurs qui auront leur mot à dire dans la commande des séries ou non…
Mettons les choses à plat, je ne suis pas une lectrice du New Yorker. Du coup, je ne sais pas si les sujets traités sont repris ou nouveaux… Bien entendu, en parcourant le web, je suis déjà tombée comme tout un chacun sur un de leurs articles, mais ils ne m’ont jamais donné envie de retourner dessus. Pour dire, leur site internet me parait obsolète, la présentation n’est pas attractive, leurs sujets semblent être des lieux communs, et mise à part leurs illustrations, je ne trouve rien d’original dans son contenu. Mais l’idée d’en faire un docu-fiction m’a assez plu. Ce sont les nouvelles publiées dans ce journal qui perdurent le plus, on pense par exemple à La vie secrète de Walter Mitty adaptée au cinéma l’an dernier, qui était parue pour la première fois dans le New Yorker, sans oublier les grands noms de la littérature comme J.D. Salinger, Milan Kundera ou encore plus récemment Alice Munro (avant de remporter son prix Nobel)… Bref, c’est une institution à prendre au sérieux, et malheureusement, le fait un peu sentir…
Sur le papier, ça m’avait un peu fait penser à hitRECord on TV, le docu-fiction lancé l’été dernier par la plateforme collaborative fondée par Joseph Gordon-Levitt. Du coup, j’imaginais des similarités, un regard différent sur des sujets méconnus, sauf qu’au lieu d’avoir des amateurs du monde entier derrière les reportages, on aurait les journalistes du New Yorker. Mouais, c’est pas encore ça… Le format est assez similaire, il y a plusieurs segments de genres artistiques différents, que ce soit un court-métrage, une interview avec un professionnel, un reportage sur un sujet d’actualité ou non, une pause littéraire. A chaque épisode, hitRECord on TV donne un thème et fait participer l’interweb qui peut soumettre sa contribution. C’est ce manque de ligne éditoriale qui m’a gênée dans The New Yorker Presents. Les segments, pris un à un, sont assez bien documentés, mais mis bout à bout, n’ont aucun intérêt. Le premier ne soutient pas le suivant, qui ne met pas en valeur le troisième, et on ne comprend pas pourquoi ça enchaîne sur un autre sujet, etc.
Quant au contenu en lui-même, l’épisode débute avec un court-métrage avec Alan Cumming qui joue « Dieu » (ou du moins, semblerait-il) qui tente de faire comprendre à la population que le monde va finir dans quatre jours grâce à l’aide de son prophète, Brett Gelman. C’était plutôt pas mal, assez surprenant pour qu’on apprécie ces quelques minutes, mais pas non plus inoubliable. Ensuite, vient « la conversation » (très plate) avec… Marina Abramović. Je crois que c’est là où j’ai bloqué (donc assez tôt). Personnellement, cette artiste n’est pas ma tasse de thé, et je ne cautionne vraiment pas les délires des célébrités qui se prennent pour des artistes en plaçant leur corps au cœur de leurs œuvres (suivez mon regard vers Shia LaBeouf). Elle est très renommée, soit. Chaque transition est faite avec des petites illustrations d’Emily Flake, très jolies et qui mériteraient plus de place. Le segment suivant est certainement le plus intéressant, culturellement parlant. Pour leur pilote, ils ont décidé de suivre un herpétologiste (un type qui étudie les amphibiens visiblement) qui parle de son domaine avec grande passion. Eh ben ça fait plaisir à voir. Évidemment, il y a le petit laïus et le petit exposé qui expliquent que les espèces sont menacées dans leur habitat car les usines déversent leurs déchets industriels dans les eaux, mais que les gens au pouvoir disent que ce n’est pas vrai, blabla. Mais c’était quand même intéressant malgré le traitement du sujet en surface. Enfin, on finit sur un poème récité par Andrew Garfield (il faut qu’il se rase, c’est pas possible) avec une petite mise en scène.
(P.S. : Passez votre tour et allez plutôt voir The Man in the High Castle…)