Youth – Il n’est jamais trop tard
Les stars d’hier arrivent à un âge mûr aujourd’hui, et c’est ainsi que toute une panoplie de séries ou de films sur les seniors fleurisse.
Présenté au festival de Cannes,
Youth de Paolo Sarrentino rappelle que le temps file beaucoup plus rapidement qu’on ne le croit, et qu’il n’est jamais trop tard pour profiter de la vie, de quelle que manière que ce soit.
Le réalisateur italien Paolo Sarrentino reprend un sujet qui lui tient à cœur, cette peur de vieillir et la manière de l’affronter. Tout comme dans La grande belleza, les protagonistes de Youth cherchent un idéal qui semble passé. Et à l’instar de This Must Be The Place, ils l’acceptent avec un ton des plus basés grâce à la musique. Le film suit les vacances dans un hôtel suisse de deux amis, interprétés par Michael Caine et Harvey Keitel, respectivement ancien chef d’orchestre et réalisateur. Le choix du décor permet de très beaux plans de paysages dans les Alpes suisses, avec une photographie magnifique et un style indéniable qui envoûteront le spectateur. Mention toute spéciale à la bande-sonore qui a rarement été aussi adéquate. Avec ce mélange de classique et de style beaucoup plus avant-gardiste, la musique met en évidence le fossé générationnel des divers personnages comme le classicisme de Fred qui aurait connu Stravinsky, tandis que l’ex-mari de Lena la quitte pour la popstar Paloma Faith (jouée par elle-même s’il vous plaît !). Oui, c’est bien trouvé et on sourit grandement devant ce second degré avec quoi ils ne lésinent jamais.
Les personnages secondaires profitent de beaux moments, Paul Dano reste intemporel et Rachel Weisz conserve toute son élégance. Mais ils semblent être là simplement pour rappeler qu’il ne faut pas répéter les mêmes erreurs que leurs aînés…
Là où Youth pêche en apparence, c’est dans le dialogue. Les échanges entre Fred et Franck ne sonnent pas naturellement, et même si on excuse son auteur à cause de sa nationalité non anglo-saxonne, certaines scènes manquent de fluidité verbale. A cela s’y ajoute quelques touches absurdes qui tombent en complet décalage avec les scènes plus posées. Bien qu’il y ait une certaine réflexion sur la famille, la prise de l’âge, tout ce qui peut traverser notre esprit à n’importe quel moment de notre vie, cela manque d’émotion au final. Le film dépeint juste une fresque déprimante de la vie, alors que ce sont des personnages qui ont réussi à leur manière. Après, tout n’est pas fini ou perdu. Une seconde chance s’offre à certains, en tout cas, la décision de la saisir leur revient. Ce qui est certain, c’est que la mélancolie frappe à tout âge…
(P.S. : une scène résume très bien le film. Celle avec les jumelles et la vision des jeunes et des vieux.)