Vaiana, la légende du bout du monde : balisé et blasé
Le dernier film d’animation Disney semble faire l’unanimité mais Vaiana est-il vraiment le chef d’oeuvre annoncé ?
Les Disney de Noël semblent trouver leur rythme avec Vaiana. Alors que Les Nouveaux Héros avaient été décalés en février chez nous et que Les Mondes de Ralph avaient moins la saveur d’un mois de décembre enneigé, Vaiana retrouve la puissance évocatrice d’un Reine des Neiges.
Le Disney de Noël se passe sous un beau soleil. Vaiana, petite fille d’une tribu perdue sur une île d’Océanie, part à l’aventure pour sauver le monde des ténèbres.
Les premières images nous avaient bluffés par leur beauté graphique et par une ambiance dépaysante. Les légendes polynésiennes étaient un excellent point de départ pour offrir autre chose qu’une nouvelle princesse. Les prémisses de ce Disney sont assez calqués sur les précédents. Un personnage téméraire va à l’encontre des choix de sa hiérarchie (ici parentale) pour braver les obstacles et sauver son peuple. Elle sera entourée d’une galerie de personnages secondaires évidemment drôles et formera un beau duo avec un charismatique adjuvant, ici Maui, joué par Dwayne Johnson (et Anthony Kavanagh en VF).
Tout le prologue du film est une introduction parfaite à l’histoire contée. Chanson, personnages, décors, rythme, tout est là pour offrir le meilleur au public. L’univers est installé, nous sommes immédiatement en terrain conquis et Vaiana est déjà un personnage qui s’impose. La scène entre elle et la Mer pourrait être un court métrage parfait, empli d’une poésie rare et d’une musique magnifique. Le bébé Vaiana est bluffant, attendrissant et terriblement innocent. La Vaiana adolescente devient le personnage leader et on ne la lâchera plus de tout le film. La paire formée avec Maui sera au centre de toutes les attentions. Peut-être un peu trop. Leur rencontre marque un tournant pour le film. Le comique de répétition sera alors le principal moteur du film qui usera et abusera de toutes les bonnes idées du script. L’originalité prime sur pas mal de scènes notamment les cailloux, l’île bateau des cacamoras, les tatouages vivants, la représentation de la légende. Cependant, les cailloux verront leur tradition remise en cause par un procédé idiot, les cacamoras ne font qu’une micro-apparition, les tatouages sont sur-utilisés et la légende est un prétexte qui évidemment n’est présent qu’au début et à la fin. Il reste alors un film qui se base sur les deux personnalités de Vaiana et Maui et leur coq débile qui assurera le quota de gags. Assurément, tout est très bien présenté, l’emballage tient la route. L’enthousiasme retombe à cause de choix de scénario assez simpliste (on reste dans un Disney et non un Pixar) et des gags qui reviennent avec la rigueur d’une horloge suisse. L’ennuie pointe un peu son nez et on est déçus par la richesse des thématiques qui ne brille plus à force de ne plus les polir. L’oxydation de l’intrigue est pourtant nourri de beaucoup de choses mais qui semblent accessoires. Polariser ainsi le film sur un duo et sur un décor maritime finalement bien vide n’offre rien que du prolongement artificiel. Pourtant Vaiana a toutes les cartes en mains. Le public peu difficile sera charmé. Comme tout Disney, les chansons seront là pour relancer comme il faut l’ambiance. Si certaines musiques typiques sont magnifiques (les chants polynésiens sont à tomber), les chansons les plus entêtantes font le travail (ndlr : en allergiques des Disney) . On reste en terrain connu, balisé et finalement blasé.
1h47 est une durée un peu longue pour cette histoire qui aurait mérité des coupes larges pour offrir une aventure à la fois belle, enrichissante et énergisante. IL ne suffit pas d’un poulet idiot, d’un cochon mignon et d’un personnage courageux pour faire un film très bon. C’est un Disney correct, loin d’être majeur et qui souffre de défauts regrettables. Vaiana avait tout pour être une fresque culturelle, un rappel de mémoire, un appel du pied aux occidentaux, un merveilleux message mais n’est qu’une reprise maladroite d’idées brouillonnes. Tout ce qui touche à la base culturelle est à tomber tellement c’est beau (musique, décors, traditions) mais la couche universelle de Disney vient lisser un peu tout ça. Les parents et les enfants adoreront. Les fans de Disney n’auront rien à redire. Les autres seront à peine touchés.
Regarde cette scène (puis l’autre qui n’est pas dans le film)
https://www.youtube.com/watch?v=26VVziemjAc
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Le court-métrage Lava diffusé avant Vice-Versa reprend l’esprit de Vaiana et son format permet de faire ressortir pleinement la beauté de la culture Polynésienne.
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https://www.youtube.com/watch?v=3kKREKoRTMQ
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