The Flash : pourquoi cette haine ? (FULL SPOILER)
The Flash est enfin sorti après des mois et des mois de doutes. En attendant Aquaman 2, le DCU a quasiment fait ses adieux avec ce film somme, forcément bancal mais plutôt attachant.
Tout a été dit sur The Flash dans la presse et sur Twitter à peine une semaine après la sortie du film ? Possiblement pas. Beaucoup de haine, beaucoup de violence dans les propos pour un bashing extrême visant à descendre le film sans vraiment faire la part des choses. Oui, il est bancal à la hauteur d’un Justice League, oui, il est moche, mais il a des qualités.
On ne va pas s’étendre sur la qualité des SFX. Encore que, la justification d’Andy Muschietti sur l’aspect très primitif des effets visuels peut être acceptée. Si on accepte cette excuse, qui englobe donc les scènes dans la SpeedForce, on peut être d’accord. Toutes les captures faites par les twittos en quête de buzz viennent d’une même scène, ce n’est pas TOUT le film qui est comme ça. Car mis à part ce moment, le film est plutôt bon dans les doublures numériques. Il reste la scène d’introduction qui est aussi à retenir tant les doublures numériques de Batman quelques plans et celles des bébés sont moyennes. Mais globalement, Supergirl ou Flash s’en sortent avec les honneurs. Les plans de vol de Kara sont propres ! C’est donc vraiment un désir de descendre le film pour quelques secondes brouillonnes, comme beaucoup l’ont fait pour Ant-man 3, ou même pour La Momie 2 il y a 20 ans !
Reste que The Flash est un film qui ne s’arrête jamais. Il se passe constamment quelque chose. Le rythme est donc soutenu, servi par des incessantes remises en question sauf qu’il manque quelque chose d’important : un but. Barry, en voulant sauver sa mère, arrive dans un autre univers qui se passe 10 ans plus tôt, en 2013. Et quel est donc son but, sa mission ? Arrêter Zod dans cet univers en allant chercher Superman. Non, sa mission est de remettre tout en ordre d’abord, puis de, pourquoi pas, sauver le monde si c’était le sien. Même en croisant un autre Batman, même en allant chercher un autre alien de Krypton, barry ne se dit qu’il est dans une sombre histoire qui le dépasse ?
Et au final, nous, spectateurs, ne sommes pas du tout embarqués dans cette histoire car il manque un liant, une finalité, une cohérence dans le propos. Si le côté trauma est plutôt bien géré, donnant une épaisseur certaine à Barry, tout est traité par dessus la jambe. Sa relation avec Iris West, le procès, le multivers, la menace Zod, le double Barry, Supergirl ne sont là que pour illustrer le bordel monstre que le film, aussi bien dans sa diégèse que hors d’elle, est un imbroglio d’idées.
On aime l’idée de ramener Keaton, même si on ne sait plus si c’est le Keaton de la terre Burton ou pas. Rappelons-nous que, même si ce sont des caméos ou des guests avec des rôles connus, rien ne dit et justifie et prouve qu’ils sont bien de l’univers « connu ». On aime le double Barry (impeccable incrustation du double d’ailleurs), on aime cette Supergirl (impeccable Sasha Calle pour ce qu’elle a à faire), on aime l’idée d’un multivers bousculé. The Flash n’a juste pas le script assez solide pour contenir tout ça sur 2h20 avec un développement correct. Pire, le film n’a aucun sens dramatique. On ne comprend pas les motivations de chacun.
Batman est là pour le fan service, Supergirl a une mise en place intéressante et échoue lamentablement dans le dernier acte en ayant un arc abruptement terminé. C’est d’ailleurs un climax assez mou du genou qui nous est proposés. On ne sait déjà pas quelle est la finalité et l’objectif du film mais on ne sait pas non plus où se trouve la tension. Et comme pour rattacher les wagons d’un cahier des charges bien trop fourni pour offrir un film sobre, The Flash s’empêtre dans son dernier acte pour offrir du voyage dans le temps, des morts sans impact, des révélations moyennes et un festival de caméos pour assurer le quota. Le film a une indigestion créative et aligne des caméos sans lien, sans âme, malheureusement plombés par des doublures numériques pas du plus bel effet. George Reeve, Henry Cavill, Christopher Reeve, Helen Slater, Adam West et Nicolas Cage se retrouvent péniblement représentés. Ce n’est pas la représentation d’acteurs décédas qui choquent. On ne comprend pas vraiment cette polémique inutile sur les réseaux. Disney le fait avec Star Wars. On rajeunit même des vivants. Il n’y a rien de gênant à ça. L’hommage est mauvais ? Certes, mais ça n’en fait pas une idée à jeter.
Le DCU engagé avec BvS tire sa lente et douloureuse révérence. Ben Afleck et Gal Gadot apparaissent pour la dernière fois, Cyborg n’aura pas fait long feu et Aquaman pourra possiblement sauver l’honneur avec son second volet dans les mois à venir. The Flash n’efface rien, il ne joue même pas dans cette cour. Il aurait pu être le film pivot d’une nouvelle ère, faire quelque chose de propre, de malin, sauf qu’il échoue. On en oublie même que Ron Livingston remplace Billy Crudup dans le rôle du père de Barry, on en oublie même la scène de cauchemar de Bruce avec Flash dans Batman v Superman. Et on n’oublie pas que la promotion du film a joué sur l’inexplicable phrase de Tom Cruise… Si Andy Muschietti s’amuse du début à la fin en essayant de faire des scènes les moins cut possibles – et c’est rare dans les blockbusters modernes – il n’insuffle aucun plan vraiment marquant car le film oscille sans cesse dans les ambiances. Sa scène d’intro, jouant même sur une vraie fausse introduction manquée, reste énergique, lançant le film à une vitesse d’exécution épuisante. Et s’il n’est pas pénible à regarder, The Flash est pénible à juger. Quelle gueule aurait eu le DCU sans tous ces problèmes de production, de tons balbutiants ?
Le film aurait dû sortir il y a déjà bien longtemps, et même sur HBO Max une bonne fois pour toutes pour qu’on passe rapidement à autre chose. Désormais, The Flash se rajoute à la longue liste de films fébriles à l’identité fragile. On accepte volontiers les idées, sauf qu’on n’accepte plus la frustration.