The End of the F***ing World : fuite en avant
Diffusée en octobre 2017 sur Channel 4 en Angleterre, la série The End of the F***ing World est passée inaperçue jusqu’à son arrivée sur Netflix début janvier.
Adaptée d’un roman graphique écrit par Charles S. Forsman, la série anglaise de 8 épisodes commence à faire parler d’elle.
Ce drama avec comme héros deux adolescents magnifiquement incarnés par Alex Lawther (James) et Jessica Barden (Jessica) se veut une sorte de True Romance version teen. Mais avant toute critique, The End of the F***ing World n’est pas plus un teen show qu’une histoire dramatique profonde sur ce qui fait de nous des fuyards.
Nous fuyons tous quelque chose. Et la série pointe son message vers autre chose qu’une simple crise d’ado. James est un psychopathe en devenir. Il n’a aucun sens de l’humour, a vu sa mère se suicider et aime tuer des petits animaux. Son vœu le plus cher est de vraiment tuer quelqu’un de sang froid. Jessica est blasée, elle est très directe avec tout ce qui la dérange et n’hésite devant rien. Quand Jessica se dit que James sera le parfait compagnon de route pour dire FUCK au monde, un road-trip étrange se profile.
On est conquis par la personnalité des deux ados en quelques minutes, leur présentation simple à base de voix-off nous met devant le fait accompli : ce sont deux écorchés, non-consensuels qui n’ont plus foi en rien. Leurs visages déjà marqués par les épreuves de la vie nous présentent plutôt des jeunes avec des visages d’anciens. C’est une série UK, le glamour est laissé outre-Atlantique. Et malgré ce qu’on pourrait croire, c’est bien Jessica qui tient la série. Sa personnalité loin d’être chancelante cache un personnage meurtri qui fait écho à à peu près tous les autres personnages. On comprendra rapidement que l’environnement social et la cellule familiale jouent beaucoup sur la personnalité et sur leur quête intérieure. Les policières qui sont à leurs trousses comprennent vite que les raisons qui poussent ces jeunes à briser leur vie n’est pas anodin. Les blessures intérieures sont insupportables et on les excuserait presque de leurs actes.
Cette volonté de peindre des personnages socialement cassés par un amour paternel et maternel perdu donne une vraie identité à la série. Oui The End of the F***ing World était déjà original dans son pitch. On ne voit pas tous les jours une fuite de deux ados coupables d’atrocités. Cependant, la série parvient à offrir plus que ça. Ce sont surtout les 5 premiers épisodes qui offrent le propos le plus pertinent. Le traitement est brut, la romance est indélicate et l’ambiance est morne. La bande-son est d’ailleurs plaisante avec des standards des années 60 et 70 comme le culte I’m Sorry de Brenda Lee. Les deux personnages sont attachants par leurs erreurs. La montée en puissance de leurs problèmes sonne déjà comme une félicité. Par la suite, la série tend vers quelque chose de plus classique, sans gros enjeux et rebondissements.
C’est d’ailleurs le format qui peut donner quelques points en moins à la série. En effet, 8 épisodes de 20 minutes et des scripts intimement liés entre eux font de The End of the F***ing World une bonne histoire mais une série moyenne. Histoire trop longue pour en faire un film, trop courte pour en faire une mini-série, The End of the F***ing World n’est juste qu’un one-shot intéressant, prenant grâce à son histoire mais aussi A CAUSE de son format. Cette saison 1 couvre toute l’histoire du roman graphique. Une saison est-elle raisonnable à ce niveau ?