Terminator Dark Fate: simple, efficace, utile ? (avec et sans spoiler)
Depuis plus de 20 ans, ils essaient de pondre une suite potable à Terminator 2, et James Cameron met son grain de sel dans ce Dark Fate qui pourrait sauver la franchise ?
Cette critique est non spoiler pour sa première partie puis 100% spoilers dans sa seconde.
L’état de la franchise
Dark Fate est la 4è tentative de donner une suite au culte Terminator 2, modèle de suite.
Nous avons donc eu The Terminator (1984) et Terminator 2: Judgment Day (1991) réalisés par James Cameron. Un remake maquillé en suite avec Terminator 3: Rise of the Machines (2003) de Jonathan Mostow.
McG s’est occupé de Terminator Salvation (2009) et Alan Taylor de Terminator Genisys (2015), le premier était une suite reboot du troisième alors que le Genisys jouait à fond la carte du reboot total.
Malgré des scores mondiaux peu honteux ( 400 millions minimum à chaque film), l’univers Terminator peinait à se réimposer. il faut dire que l’univers semble riche mais ne s’appuye que sur un postulat simple : sauver le sauveur de l’humanité de robots tueurs.
Avec ce postulat simple rabaché, il était évident qu’aucun film ne pouvait devenir un successeur correct.
Et comme James Cameron sort de sa léthargie, il a griffonné quelques phrases de scénario pour Dark Fate. Alors qu’il adoubait Genisys, il a du se dire qu’il faut revenir aux affaires. Bon, c’est David Goyer (capable du pire comme du meilleur, on laisse juge : Man Of Steel, Batman V Superman, Unborn, Jumper, Blade, Godzilla) qui signe le script avec trois autres paires de mains : David Ellison, Billy Ray (Gemini Man, Volcano), Justin Rhodes. C’est Tim Miller (Deadpool) qui signe la mise en scène.
Terminator: Dark Fate voit donc le retour de Linda Hamilton en Sarah Connor dans un film qui se veut être la suite de T2. On retrouve aussi Schwarzy et… Edward Furlong en John Connor mais on vous dit dans la partie spoiler comment il revient.
Le film résume en peu de temps le gap qu’il y a entre la fin du second film et ce Dark Fate. On retrouve donc deux nouveaux envoyés du futur, joués par la formidable MacKenzie Davis (Seul sur Mars, Blade Runner 2049) et Gabriel Luna (Ghost Rider dans Agents of SHIELD). Les trailers nous faisaient redouter un gros miscasting mais c’est vraiment Luna qui semble un peu hors contexte. Il n’a pas la trempe d’un Robert Patrick, ni même, osons, d’une Kristanna Loken.
L’envoyée du futur, Grace (Davis), doit protéger Dani, jeune immigrée mexicaine. Elles croisent la route de Sarah Connor.
La critique sans spoiler
Le film surprend par une étonnante sobriété. On oublie le m’as-tu-vu du 3, l’aspect ultra-bourrin du 4 et le trop CGI-esque 5 pour un retour à ce que le 2 nous avait offert : un actioner brutal qui ne se pose pas trop de questions. Donc c’est à nous de faire abstraction des énièmes questionnements sur le voyage dans le temps (pourquoi envoyer un modèle encore plus évolué seulement maintenant?) ou même sur le scénario (Comment Sarah Connor a pu se débarrasser des autres Terminator depuis le temps?).
Les scènes d’action sont plutôt sèches, efficaces et ne baignent pas dans une bouillie numérique. On est agréablement surpris par la nervosité des séquences. Par contre, côté numérique, l’antagoniste robot n’est pas aidé par des effets assez brouillons, même comparés à ceux de 91 !
On évite également de remettre une couche de mythologie en restant dans les clous de la menace par une intelligence artificielle. Il y a juste le côté psychologique qui sonne faux quand le personnage joué par Arnold Schwarzenegger apparaît et qui donne ses arguments.
Dark Fate est-il une réussite ? C’est efficace mais le film est hélas plombé par des dialogues très pauvres, n’allant pas plus loin que la simple exposition de faits établis. Le film reste dans ses tranchées, n’évoque et ne provoque aucune émotion. Malgré ça, on passe un moment agréable, jamais vraiment gaché.
La critique spoiler
Le film débute sur les images de Sarah Connor interrogé dans T2 où elle raconte le jugement dernier. On la revoit dans un bar près d’une plage quelques temps après le film, elle est avec John. Le rajeunissement numérique est bluffant mais on pense surtout à une transposition littérale du visage d’antan. Un T-800 avec la gueule d’un Schwarzy de 91 débarque et tue John sous les yeux de Sarah.
On récupère l’intrigue sur l’arrivée de deux envoyés du futur et la bonne idée a été de les faire apparaître non plus sur le sol mais en l’air, montrant les limites du voyage dans le temps et l’espace.
S’en suit le déroulement sans surprise de la fuite pour se protéger.
Et concernant Schwarzy, l’implication empathique envers lui sonne faux. Ce n’est plus le robot protecteur, il est celui qui a tué John Connor dans la scène d’introduction! Il n’a donc rien à voir avec le personnage qu’on appréciait dans le T2 de 91. on sent pourtant une volonté de le rendre adorable.
Son personnage s’offre plusieurs fois des portes de sortie qui résonnent chez le public comme un appel du pied. Mais on n’est pas dupes, ce n’est pas le robot de T2 ! Même son inévitable « I’ll be back » est transformé en petit gâchis.
Le principal défaut, outre les dialogues pauvres, est la cohérence au niveau de la structure même du Rev-9, le méchant robot du film. il a, à la fois, un exo-squelette et est constitué de métal liquide. IL peut donc se dédoubler en deux individus. Par contre, comment peut-il se déstructuré avec le squelette en lui? Quand il est divisé, le squelette est solide et peut être détruit. C’est le défaut des suites qui doivent trouver des menaces plus grosses, plus dangereuses sans tomber dans une surenchère démesurée. Tant pis.
A ce titre, le futur est parfois montré comme pour donner un peu plus d’action et d’images d’Epinal mais ça reste vain.
La fin logique du film résout simplement l’intrigue même du film et pas du tout la menace générale. C’est là qu’on se pose la questions des combats de Sarah Connor depuis 20 ans. Elle a réussi à s’en sortir et son plus grand combat, Dark Fate, n’est qu’une goutte d’eau qui n’a rien changé et qui s’inscrit encore dans la redite de : il faut sauver le sauveur.
Bonne critique!