#TeamBatman – Batman Returns (1992)
Avant la sortie toute proche de Batman vs Superman: Dawn of Justice, SmallThings.fr continu e sa semaine dédiée à l’univers. Après avoir évoqué Batman (1989) et Superman : The Movie, le site poursuit son voyage dans les méandres de la Batcave avec le second film de Tim Burton : Batman Returns, ou Batman : le Défi !
Alors que Batman a été un succès financier et critique dans son pays natal et ailleurs, Tim Burton, avec la garantie des producteurs qu’ils lui laisseraient la main libre sur le projet, est engagé pour en tourner la suite, Batman Returns, toujours avec Michael Keaton dans le rôle-titre, mais toutefois une nouvelle intrigue et, surtout, de nouveaux méchants. Si le film est accueilli de manière fort mitigée par les fans, c’est avant tout sur le temps qu’il faudra compter pour réparer cela, le film étant, aujourd’hui encore, considéré comme un classique à la fois Batmanien et Burtonien, même si l’ombre de son prédécesseur le hante encore, l’empêchant de prendre complètement son indépendance.
Ce que l’on ne peut enlever à Tim Burton, c’est qu‘il est le maître en ce qui concerne les réadaptations personnalisées. Si le personnage et l’univers de Batman se voyaient déjà bien revisités dans le premier essai du cinéaste, ce dernier ne se préoccupe plus vraiment, ici, de l’hommage, et use des personnages et situations comme il l’entend, sans vraiment se préoccuper d’une quelconque fidélité à l’oeuvre de Bob Kane et Bill Finger. C’est d’ailleurs, sans doute, ce qui a dérangé les amateurs de comics à la sortie du film (les cinéphiles « simples », eux, y trouvant finalement bien leur compte), sans doute étonnés après un premier film certes ambitieux dans sa réadaptation, mais restant toujours dans l’hommage.
Le cinéaste, dans ce Batman Returns, s’intéresse beaucoup plus qu’il ne l’avait fait au personnage de Batman en lui-même. Si, dans le premier film, il ne s’agissait finalement que d’un adversaire du Joker lié intimement à lui, Batman est, dans ce nouvel opus, troublé dès le premier instant par ce qu’il interprète comme des ressemblances avec le Pingouin, principal antagoniste du film.
Comme Christopher Nolan le fera plus tard, sans doute de manière plus exacerbée, Tim Burton fait donc de son principal antagoniste un véritable défi pour Batman, qui devra passer outre ses affinités psychologiques avec son ennemi (se résumant, en gros, au sentiment d’abandon qu ‘ils semblent tous deux, orphelins pour différentes raisons, ressentir, comme le fait remarquer le héros dès la première fois qu’il se renseigne sur son ennemi), pour mieux l’empêcher de conquérir, de manière à la fois politique et militaire, Gotham City.
Outre cela, ce Batman Returns a aussi pour lui d’offrir une véritable histoire d’amour à son héros masqué, histoire compliquée, torturée et aussi un peu tordue, comme celles-ci le sont souvent chez Burton. Cela se fait en la personne de Michelle Pfeiffer, AKA Selina Kyle, AKA Catwoman. Après sa bien symbolique transformation (poussée dans le vide par un terrible et ambitieux politicien, interprété de manière à la fois convaincante et passionnée par Christopher Walken, elle est réveillée de manière étrange par des chats et en récupère certaines des capacités), celle-ci se plongera délicieusement dans une relation d’amour/haine avec, à la fois, Batman et Bruce Wayne, intéressante si on prend en compte, justement, la dualité des deux protagonistes et les contradictions de leurs actes.
Rejet de la différence, relations troublées avec la parentalité (et notamment avec le rôle du père), dualité, morts symboliques bien nombreuses et troubles psychologiques évidents, Tim Burton fait de Gotham City son terrain de jeu et offre le film, à ce jour, le plus sombre et mature des adaptations de Batman. Si forte et mature que la promotion du film s’en est retrouvée fort entachée, le film considéré trop violent l’ayant alors privé d’une bonne partie de son public.
Plus qu’un objet d’analyse fascinant et un divertissement redoutable (certaines scènes, placées sous le signe de l’action, sont bien agréables à suivre), Batman Returns est aussi unevraie splendeur de mise en scène, et ce dès la scène d’ouverture, qui n’est pas sans rappeler les meilleures scènes d’Edward aux Mains d’Argent. Neige, difformités effrayantes (Danny de Vito, excellent, a à composer avec un maquillage effrayant pour interpréter comme il se doit le pingouin), costumes rapiécés à l’aiguille (Catwoman en tête), et musique émotionnelle, quand il le faut, de Danny Elfman, tout est bon pour faire du film un film d’auteur, Burton est le seul capable de proposer un cinéma pareil et cela se voit à chaque plan, et à chaque spirale perceptible dans le décor, à chaque arbre tordu.
Bien malheureusement, si il est à mon sens le meilleur film de la saga, Batman Returns est aussi le dernier que réalisera Tim Burton, écarté par la suite par les producteurs, pour un film jugé trop sombre et trop peu familial. Joel Schumacher, avec le résultat que l’on connaît, sera l’heureux héritier de la saga après le départ de Burton, et réalisera d’abord Batman Forever, dont on parlera dans deux jours ! Pour l’heure, restons-en là, vous retrouverez demain Tom qui vous parlera de Superman II !