Critiques de films#TeamBatman

#TeamBatman – Batman (1989)

Après le succès de sa semaine dédiée à l’univers Star Wars, SmallThings remet le couvert à l’occasion de la sortie du très attendu Batman V Superman : Dawn of Justice ! Pour l’événement, deux membres de l’équipe s’affronteront, alternant une fois sur deux un article sur Batman et un sur Superman ! Quel meilleur moyen de rendre hommage à ce véritable combat de gladiateurs qui nous attend, combat qui sera aussi celui des fans aveugles contre celui des haters dans les semaines à venir …

Au programme de cette longue semaine : après l’article présent sur le Batman de Tim Burton, s’enchaînera le premier de Tom, sur le premier film de la saga Superman, et ainsi de suite ! Vous aurez aussi droit, de la part de Tom, à des articles plus généraux concernant le mythe Superman. Je proposerai donc une fois sur deux un article sur un film Batman, à partir de Burton et jusqu’à Nolan, laissant un article à Mélanie en milieu de semaine : elle vous parlera de The Dark Knight ! Ainsi allons vous vous tenir en haleine jusqu’à l’échéance : le 23 mars, sortie de Batman V Superman : Dawn of Justice !  Aujourd’hui, donc : Batman, de Tim Burton.

Batman, c’est un secret pour personne, est un des super-héros les plus célèbres du monde. Et ainsi, comme c’est souvent le cas, a pour lui une foisonnante filmographie. Après de nombreuses séries télévisées, notamment d’animation, et quelques films n’étant pas vraiment passés à la postérité, le monde est choqué par une nouvelle : Tim Burton, à l’époque dans une vague de succès, va adapter Batman, de surcroît avec Michael Keaton dans le rôle titre, mais aussi et surtout Jack Nicholson, le second Joker le plus célèbre au cinema, en attendant Jared Leto. Il faut bien l’admettre, le projet n’est pas bien accueilli à la base, la décision du rôle du Joker faisant, pour la première fois d’une longue série, débat. Toutefois, à sa sortie et dans la postérité, le film est retenu comme une des meilleures adaptations de Batman. C’est donc en toute logique que cet article lui sera consacré.

On remarque d’entrée de jeu, et c’est suffisamment rare pour être noté, que le Batman de Tim Burton n’est pas vraiment ce que l’on pourrait appeler une Origin Story. Le film démarre en effet alors que Batman existe déjà à Gotham, et est déjà un justicier de l’ombre dont les journaux, sans le porter aux nues, parlent. Sur un générique spectaculairement orchestré par le grand Danny Elfman, favori de Burton, on visite la Batcave, puis on assiste au braquage d’une banque par Jack Napier, redoutable gangster. C’est sans surprise que l’on voit le rongeur masqué arriver sur les lieux et se battre, vaincre sans peine les criminels, dont le chef a la malchance de tomber dans une cuve d’acide.

Ainsi naît le Joker, intimement lié au héros responsable de sa défiguration, et qui sera le vrai protagoniste principal du film, tant l’histoire de Batman paraît en comparaison bien secondaire. C’est en effet la principale originalité du traitement que fait Burton de Batman : il choisit de ne pas le placer au centre de l’intrigue, on apprendra peu de lui pendant toute la durée du film, le personnage n’est d’ailleurs pas vraiment développé, réduit finalement à un justicier ténébreux et attirant. Les seules choses que l’ont apprendra sur l’univers de notre héros sont, finalement, les seules choses qui le lient au départ à son antagoniste ! Ici, c’est le Joker qui fait des étincelles, chacune de ses apparitions (surtout la première après l’accident) est effrayante et montre toute l’attention que lui porte Tim Burton, pas vraiment amateur de comics si on excepte justement Killing Joke d’Alan Moore.

Batman
Très belle photo de tournage du film

Trahisons mafieuses, déboires amoureux et folie plus vraiment douce, ainsi qu’une bonne dose de punchlines moins drôles qu’absurdes, c’est la vision choisie pour représenter le Joker, personnage protéiorme si il en est. Détentrice aujourd’hui d’un certain succès, ce choix d’écriture à cet intérêt de tenir tout le film, si bien qu’on en est à se demander si il fallait vraiment appeler le film « Batman ». Contrairement à ce que fera Christopher Nolan des années plus tard, Burton est loin de faire de cet antagoniste un reflet démoniaque du héros, et pousse la distanciation entre les deux si loin qu’il va faire de cet antagoniste la cause du mal de Batman. Un parallèle existe donc entre les deux, mais il ne va jamais plus loin que le parallèle, se garde bien d’en faire les deux faces d’une même pièce. Ici, le Joker n’est pas, en soi, le reflet de Batman, mais veut l’être, allant jusqu’à enlever le love interest du héros, interprétée de manière formidable par Kim Basinger.

Loin de l’aspect réaliste que l’on connaît aujourd’hui, la Gotham City du film est froide et gothique, une espèce de banlieue infinie aux bâtiments tordus. On est loin de la vision de Gotham des comics et des récents films, sorte de New-York bis, c’est là tout l’apport visuel de Burton à l’univers créé par Bob Kane et Bill Finger. Toutes les icônes sont là, de la Batmobile à la Batcave en passant par le majordome Alfred, interprété de manière magistrale par le regretté Michael Gough, mais Burton, on l’a dit, s’autorise de nombreuses revisites dans la mythologie, bien mieux accueillies alors que ce que propose, par exemple, la série Gotham aujourd’hui. Public moins frileux ? Nous n’en sommes pas convaincus, au vu de l’accueil assez tiède du film en France par exemple. Mythologie moins modernisée, modernisme moins exacerbé ? C’est possible.

C’est tout l’intérêt du film, de se situer dans cet entre-deux entre une relecture du mythe tout en en conservant l’ADN premier, quitte à proposer une fin abrupte au Joker, frustrante quant on imagine ce qui aurait pu être fait mais logique si on prend en compte l’aspect cartoonesque essentiel au film. Tim Burton, ici, brille de nouveau dans ce qu’il sait faire de mieux, à savoir l‘évocation, préférant situer ses personnages dans une action et un lieu qui ne sont pas forcément prédéfinis plutôt que d’endormir le spectateur avec des tunnels de dialogue d’exposition. Il comprend, et c’est sans doute ce qui pêche encore aujourd’hui, que le spectateur connaissant l’origin story par cœur ne prend pas forcément plaisir à ce que celle-ci soit respectée, sait la revisiter tout en en préservant l’essentiel.

Batman
Kim Basinger et le costume de Batman !

Conscient de ses limites, Burton sait dans ce film profiter de son statut de grosse production sans forcément tomber dans le spectaculaire et proposer absolument quelque chose de « lourd ». Grosse production, le film a en effet toutefois cet aura spécial de film fait de main d’homme, dans son traitement des idées comme d’un point de vue visuel. C’est finalement l’époque, avec guillemets, d’un cinéma blockbuster réalisé par des Auteurs, et donc souvent à vocation artisanale. C’est sans doute ce qui fait sa qualité, d’être un film dont la volonté de production n’est pas que de plaire, mais aussi d’être vraiment intéressant.

Vous retrouverez demain Tom, qui vous parlera du Superman de 1978 !  Quand à moi, vous me retrouverez samedi, je vous parlerai de Batman Returns de Tim Burton, aussi connu en France sous le nom de Batman : Le Défi !

AMD

Adrien Myers Delarue

Résidant à Paris, A.M.D est fan de Rob Zombie, de David Lynch et des bons films d'horreurs bien taillés. Sériephile modéré, il est fan de cultes comme X-Files, Lost, ou DrHouse, ou d'actualités comme Daredevil ou Bates Motel.

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