Supernatural saison 9 : Between Heaven and Hell
La neuvième saison de Supernatural, diffusée sur The CW, s’est terminée sur une note des plus surprenante quand on sait que la série a eu tendance à faire du surplace. L’occasion de parler d’une saison en dent de scie et d’une série qui, après neuf ans, marche toujours.
Supernatural, maintenant, on connaît la chanson. Deux frères se battent contre les monstres pour sauver les humains. Maintenant, il y a un ange avec eux, et c’est la guerre – interminable – entre anges et démons. D’ailleurs, généralement, les saisons sont construites sur le même modèle : un des trois personnages principaux fait quelque chose de mal en pensant faire le bien, et les autres règlent le problème au début de la saison d’après.
Finalement, on tourne en rond – littéralement : l’Apocalypse, dans la série, a lieu en 2014. Or, nous sommes en 2014 et ce qui sera sûrement la dernière saison – rien n’est sûr- débutera cet automne. Or, dans la saison trois, dans un rêve, une version démoniaque de Dean fait face à son double humain et lui crie que quoi qu’il fasse, il finira toujours ainsi. Il semblerait bien que, quoi qu’il se passe, on en retourne toujours au même point.
Ainsi, pour survivre, Supernatural devient la série de la réinvention, ou plutôt, essaie de l’être sans toujours y parvenir : on trouve toujours un moyen de continuer encore et encore, de renouveler les intrigues. Malheureusement, la série peine à se renouveler comme le montre la relation stagnante entre Sam et Dean. . Mais, s’il y a une baisse de niveau incontestable, il n’en reste pas moins que le public est toujours au rendez-vous, chaque semaine, pour un nouvel épisode.
La saison 9 est dans la lignée de ce qui la série nous présente depuis un moment : elle est loin d’être la plus mauvaise de la série, mais elle a connu ses hauts et ses bas. Elle nous a offert son lot de divertissement, avec la particularité que, encore plus que les années précédentes, elle a permis aux acteurs de révéler pleinement leur potentiel. Misha Collins y avait pu il y a quelques temps jouer Castiel, mais aussi un léviathan, ou encore l’humain qui lui sert de vaisseau, ou même lui-même. Désormais, Jared Padalecki aura eu l’occasion de jouer un ange, avec des changements de comportement très impressionnants d’une seconde à l’autre, et Jensen Ackles aura pu jouer une version de lui bien plus démoniaque que ce qu’on a connu jusqu’à présent. Les acteurs plus secondaires ne sont pas en reste, avec une mention spéciale pour Mark Sheppard, connu pour avoir joué dans toutes les séries possibles et imaginables (et c’est à peine exagéré) qui, dans le rôle de Crowley, amène le cynisme et le décalage parfois nécessaire pour sauver un épisode. Ce n’est pas un hasard qu’il soit considéré comme un des acteurs principaux pour la saison 10, alors qu’il était (étrangement), simplement un acteur récurrent malgré sa présence constante dans la série.
De temps en temps un personnage secondaire revient, fait une apparition : ainsi, ces personnages qu’on pourrait négliger sont traités avec plus ou moins de respect dans le sens ou la série ne les oublie pas. C’est un des bons points de cette saison et de la série en générale. Dans cette saison 9, on aura donc pu sentir un flottement dans le traitement des personnages et dans l’intrigue, comme si personne ne savait dans quelle direction aller. Mais la série s’est recentrée pour les derniers épisodes, comme chaque fois.
Et justement, le grand tour de force de la saison 9 sera de renverser la vapeur dans les dernière minutes d’un season finale comme toujours intense mais un peu prévisible. Supernatural, maintenant, on connaît la chanson, oui ; c’est prévisible, oui. D’ailleurs, ce n’est pas de notre bouche que ça vient mais de celle de Crowley : “It’s all become so… expected », nous dit-il, face caméra, et tout d’un coup le show assume cette erreur. Avec la fin de l’épisode, on peut dire que les scénaristes ont trouvé de quoi relancer la série pour une potentielle dernière saison qui, pour le coup, pourrait se révéler très intéressante, tout en liant cela au travail d’Eric Kripke, créateur de la série qui a cédé sa place de showrunner mais est resté producteur exécutif.
Cependant, Supernatural pose, dans le monde des séries, un problème en particulier, en tant qu’elle est le fer de lance de ce qu’on appelle le queerbaiting, c’est-à-dire l’ajout de sous-entendus qu’une relation homosexuelle serait possible, sans jamais effectivement franchir le pas et montrer une relation homosexuelle à l’écran. Supernatural n’est pas la seule série dans ce cas : Sherlock est réputée pour son queerbaiting, par exemple. Cela est grave parce qu’il y a un manque de représentation de la communauté LGBT* dans les médias, et qu’être représenté de façon correcte et respectueuse dans une série avec une ampleur telle que celle de Supernatural est une grande opportunité. C’est un problème qui dépasse désormais le simple cadre de Supernatural, et qui doit être signalé pour qu’on puisse résoudre les problèmes de représentation dans les médias.
Outre le problème du queerbaiting, il est clair que la série se repose sur ses acquis, et la familiarité entre les personnages et le spectateur est telle que, finalement, Supernatural devient la petite routine, l’épisode qu’on regarde au milieu de la semaine, et qui laisse un trou quand elle n’est pas là. Malgré cela, Supernatural reste, et restera jusqu’à la fin, un pilier de son genre. Malgré de mauvais épisodes, lorsque la série est à son meilleur, elle a encore le potentiel de nous faire vibrer, comme elle nous l’a montré avec un dernier épisode fort.