Spy – Ma vie d’espionne
Paul Feig remet le couvert pour sa troisième collaboration avec Melissa McCarthy dans une comédie féministe délirante sur fond d’espionnage.
Après
Bridesmaids et The Heat, Paul Feig réalisateur féministe, retrouve Melissa McCarthy dans une parodie de film d’espionnage avec en guests de luxe sirs Jude Law et Jason Staham.
Susan Cooper (Melissa McCarthy), agente de la CIA reléguée en analyste et soutien à l’oreillette de Bradley Fine (Jude Law en James Bond) pour qui elle éprouve des sentiments romantiques, jusqu’au jour où celui-ci finit mort au combat dans une mission impliquant une certaine Rayna Boyanov (Rose Byrne, aux cheveux parfaits), vendeuse d’une bombe atomique. Elle sort alors de son sous-sol pour aller venger son partenaire sur le terrain avec l’aide de sa meilleure amie, Nancy (Miranda Hart). L’intrigue nous emmène à Paris, Rome et Budapest, avec un aperçu un peu sordide de notre capitale. Susan brille par son intelligence et sa capacité à s’adapter, comme dans la vie réelle où les espionnes font de meilleures agentes infiltrées grâce à leurs compétences sociales, mais au fur et à mesure que l’intrigue avance, elle gagne en assurance et l’époque de l’analyste derrière son bureau semble bien loin.
Adieu le buddy action movie, et l’ensemble cast comedy, McCarthy se place sans conteste en solo en tête d’affiche du film. La touche 100% McCarthy ? Les perruques diverses dont ses alias écopent. Soutenue par des Anglais de toute part, les personnages apportent leur propre signature, que ce soit l’accent cockney, ou une démarche étrange. Le film marque les débuts de Miranda Hart (actuellement dans Call the Midwife), comédienne britannique, dans le monde hollywoodien, et l’actrice défend bien sa réputation. En plus d’être une bonne comédie, eh bien, Spy s’avère être un bon film d’action. Feig a eu l’excellente idée d’employer Jason Staham, connu surtout pour ses muscles, dans le rôle de Rick Ford à contremploi. L’acteur revient à la comédie, genre tâté dans les Crank, en tant qu’agent perturbateur qui veut bien faire, élément fort en humour. Quant à Rose Byrne, nouvelle coqueluche dans les comédies justement révélée par Bridesmaids, son vilain snob et dédaigneux lui correspond à merveille même si ses origines ukrainiennes restent difficiles à avaler.
En tout cas, l’ensemble fonctionne comme sur des roulettes, que ce soit la rivalité entre Cooper et Ford, l’amitié avec Nancy, ou la relation bizarre entre Rayna et Susan. D’ailleurs, la dynamique entre Byrne et McCarthy surprend un peu, même en ayant partagé l’affiche de Bridesmaids elles interagissaient peu, mais là, on se rend compte que ça marche bien. J’oublie également de mentionner les présences d’Allison Janney et surtout de Peter Serafinowicz qui régale le public de son caractère extravagant.
En fait, la qualité des répliques repose sur le talent d’improvisation des acteurs, comme le rappelle le scénariste-réalisateur, Paul Feig. Mes plus gros reproches envers leur première collaboration portaient principalement sur le langage trop vulgaire et les blagues grasses et sales plus dans la provocation et la surenchère que le véritable humour. Dans Spy, l’improvisation et la répartie frappent toujours aussi fort, mais effectivement, le ton s’ajuste et le film trouve un équilibre. Il y a toujours des répliques un peu crasses mais beaucoup moins, et le rythme suivi permet aux personnages de rebondir sur ces piques plutôt que de les laisser retomber ce qui pouvait dérouter un peu le public…
Le choix du genre de l’espionnage devient très intéressant et rend hommage aux plus grands héros tels que 007, mais aussi Austin Powers dans le côté un peu loufoque. C’est d’autant plus pertinent quand les scènes de combat réussissent aussi à déclencher les rires, avec des chorégraphies simples mais efficaces. McCarthy a effectué ses cascades elle-même et a vraiment pris son pied. Grâce aux nombreux lieux de tournage, le coup classique des magnifiques vues des capitales d’Europe ajoute une touche supplémentaire de vintage. De fait, Paul Feig explique que l’histoire devait se dérouler entièrement à Paris à la base, mais suite à des obstacles financiers, il a décidé de déplacer l’action à Budapest pour une grande partie.
Paul Feig n’exclut pas la possibilité de faire une ou plusieurs suites, selon les recettes de la production… Que dire d’autre que pour le moment, la critique semble unanime. Et on ne peut plus d’attendre le prochain Ghostbusters au cast principal 100% féminin où le duo retrouve Kristen Wiig. Connu pour offrir des rôles féminins bien écrits et très justes, le réalisateur reconnait qu’il tire une certaine fierté à être considéré comme féministe. Ses films passent sans problème le test de Bechdel, aucun doute là-dessus. Spy sortira le 17 juin sur nos écrans.
(P.S. : En revanche, avertissement, oui, quelqu’un vomit.)