Sharknado 6 : The Last et ils ont mis le paquet
5 ans que Sharknado impose chaque été son film. Après le gros succès des deux premiers, tout s’est calmé pour aboutir un sixième et ultime chapitre tout en… sobriété.
NOS CRITIQUES DES SHARKNADO (sans le 1 🙁 )Sharknado 2Sharknado 3Sharknado 4Sharknado 5
La fin du 5 nous avait ouvert la porte à des voyages dans le temps. Conscient que la tâche allait être un peu plus ardue, les scénaristes se sont lâchés. Encore.
Le budget décor a explosé et ce n’est pas moins que 6 époques que Finn et les autres traversent. On passe du crétacé, au moyen-âge, à la guerre d’indépendance, au far-west, aux années 60… et dans des décors naturels! Le château sous la neige est un bon ajout à ce genre de films qui n’hésitent à mettre ses personnages devant un fond vert pour limiter les déplacements coûteux. L’exemple le plus flagrant? Au début du film, Finn est dans une voiture, elle roule en plan large dans des grandes plaines, le gros plan sur lui est un fond vert assez moyen…
Côté guests, c’est le pompon, on les invite en studio, on les filme sur fond vert et on les intègre dans les scènes adéquates pour une seconde et demi. Et il y en a pas mal, de la famille Ziering aux stars de TV-réalité. Il y a même Noodles et Dexter Holland du groupe The Offspring et d’autres inconnues au bataillon pour le public français.
La guest qui se permet de prendre une part du gâteau un peu plus grande n’est autre que Tori Spelling. La Donna de Beverly Hills apparaît dans une séquence où on ressent les fabuleux efforts pour exprimer une émotion. On en rirait presque mais c’est peut-être la seule actrice qui a le plus d’expérience dans le lot et, pour le travail demandé, elle s’en sort bien.
On se permet un dialogue, référence appuyé à Beverly Hills…
Le film est donc un immense voyage à travers le temps pour sauver la planète et anéantir les tornades de requins. Si on comprend bien le concept de cet épisode, la tornade originelle est sans cesse repoussée d’époque en époque et Finn Shepard doit l’anéantir. A chaque fois, ils doivent trouver la puissance nécessaire pour aller à 88 miles à l’heure, tiens donc, grâce à leur télécommande temporelle qui reprend le convecteur du film avec Marty.
Alors pour ce sixième film, plus de limites créatives, plus de cohérence spatiale. Les personnages voient à travers les fenêtres à dix mètres d’elles, ils sautent sans effort et atterrissent vingt mètres plus loin ou plus haut, ils apparaissent où ils veulent quand ils veulent. La foire pour le monteur qui a dû bien s’amuser…
A dos de ptéranodon, nos amis combattent des requins qui sont, au final, le point négatif du film. On ne peut plus supporter ces tornades de requins. La répétition du procédé n’apporte plus rien, le fun est déjà loin et les effets ne font plus sourire. Mais par miracle, il y a des idées qui fonctionnent.
The Last Sharknado: it’s about time fonctionne finalement par un récit plus rythmé que d’habitude avec une succession de décors et d’enjeu moins idiots que prévus. Chaque époque apporte un nouveau souffle au film. La première séquence, qui pompe un peu la scène du volcan de Jurassic World: Fallen Kingdom, est un sommet de WTF.
Le film se permet des seconds rôles plus imposant qu’à l’accoutumée avec, par exemple Alaska, participant du Ru Paul’s Drag Race, qui est vraiment dans l’excentricité jouissive de son personnage de Fée Morgane. Cette partie dans le moyen-âge mérite le détour. Le décor naturel du château est un plus non négligeable et Finn en chevalier est plutôt badass.
Sans respect pour les règles élémentaires de mise en scène ou de montage, le film surprend par quelques détails comme par exemple le reflet de la pluie de requins dans une flaque d’eau alors qu’en fin de film, plus rien à foutre du détail, on colle le visage de Tara Reid sur une figurante pour jouer un clone.
Partant d’un postulat de film catastrophe, la saga s’est mutée en film de SF pur et le dernier tiers se glisse avec plaisir dans l’univers futuriste. April, jouée par la désormais momifiée Tara Reid, a quand même une sacrée évolution, passant de potiche blonde à simple tête mono-expressive. Mieux, elle finit en prêtresse au sombre dessein. En image ça fait froid dans le dos, mais en vidéo, vous ne verrez aucune différence tellement son visage semble pétrifiée par l’immense vide de son talent.
Vous pensiez que le film n’avait plus rien dans le ventre ? Le final est un foutoir comme rarement on a pu en voir. Dans une tempête de requins électrique et temporelle (ouf), les grandes figures de l’histoires sont de sortie, on oublie les lois de la la physiques, on oublie même la loi tout court tellement cette séquence est un crime.
Wow.
Avec tout ça, on aurait presque oublié les références ultra-appuyées à des classiques comme Les Dents de La Mer (on va avoir besoin d’une plus grosse tronçonneuse), à Princess Bride (je m’appelle Nova et vous avez tué mon grand père, prépare-toi à mourir) ou à Retour vers le futur (on vous renvoie vers le futur!). Et Star Wars? Ah bah oui…
Sharknado 6 est un projet qui sent bon l’ultime possibilité de faire du faux nanar. Alors que le projet partait pour être un mauvais film plaisant, c’est devenu petit à petit des films où on forçait le n’importe quoi à devenir fun. Les tentatives échouaient de plus en plus et on pardonne ce Last Sharknado qui est… ambitieux. Si la franchise devait revenir, il serait intéressant d’en faire une version animée. Le générique en animation est toujours d’une qualité assez appréciable!
Allez, merci pour ces 6 films, pour cette saga bancale mais finalement généreuse. Entre The Meg, superproduction et ce Sharknado, le requin peut être fier de sa représentation.