SHARKNADO 3 : jump the shark, really
Ah Sharknado ou quand le nanar devient une institution, un rendez-vous. Après la hype du premier et la folie du second, le troisième vient comme chaque été depuis 2013.
C’est lors d’une soirée exceptionnelle que SyFy et Canalsat nous ont convié à l’Aquarium de Paris pour la projection de Sharknado 3. A travers les différents aquariums présents, nous arrivons à la salle de projection où Bruno Salomone vient nous dire quelques mots. L’acteur français a en effet un petit rôle dans le téléfilm de Syfy.
Génie: le social wall de la soirée #Sharknado3 est caché dans un aquarium. Bien joué @SyfyFr @Canalsat pic.twitter.com/jasBFaaHJl
— Hadrien Fiere (@Warden) July 23, 2015
Ian Ziering et Tara Reid sont toujours au rendez-vous et David Hasselhoff vient faire coucou dans le rôle du père de Fin Shepard (Ian Ziering). Au programme de ce Sharknado 3, les requins ont détruit Washington et s’apprêtent à s’occuper de la Floride.
Tout commence très vite avec un Fin Shepard en route vers la Maison Blanche. Dans un rythme et une mise en scène incertaine, les requins détruisent les plus célèbres monuments de la capitale. Le président des Etats-Unis et Fin forment un duo badass pour mitrailler du shark. C’est mou, sans idée et sans folie. Sharknado devient une caricature du nanar. Alors qu le premier était un nanar qui n’avait pas idée de sa hype, le 2 avait joué là dessus et jouissait d’un certain fun décomplexé. Le 3 se veut plus mauvais comme pour plaire aux fans de nanars. Le problème est qu’un nanar qui devient moins fun est… un navet.
Après un quart d’heure de ridicule qui ne fait pas rire malgré toutes les bonnes intentions (Fin au ralenti qui glisse sur ses genoux pour mitrailler du shark), on se retrouve à Orlando en Floride au Parc Universal. Tara Reid comme un piquet (…) se promène avec sa mère Bo Derek… Sa fille profite des manèges, se fait draguer par un ado qui aura le temps de présence le plus inutile de l’histoire. Toutes les scènes sont mal foutues, les dialogues tombent à plat, il n’y a aucun plaisir à suivre les personnages. Les scènes les plus WTF sont quasiment shootées au ralenti mais cette grandiloquence ne redonne aucun cachet jouissif à l’ouvrage. Les morts s’enchaînent mais ne font plus sourire. L’apparition de Frankie Muniz (Malcolm) aurait pu et du faire plaisir mais fauché en plein vol, son personnage sera vite oublié. Dommage. heureusement, Nova revient façon Fuck Dat Shit et devient pratiquement le personnage le plus épais du téléfilm voire de la saga.
Le téléfilm suit alors un court relativement normal entre scènes d’une cohérence psychologique relative et morceaux de bravoure. Les guest font le travail, le catcheur Chris Jericho, Michael Winslow (le beat boxer de Police Academy), le chanteur Ne-Yo, le mannequin Cindy Margolis, l’animateur Jerry Springer, les Jedward (mais si, ils avaient gagné X Factor en Angleterre et avaient honteusement repris All The Small Things de Blink-182) et même GRR Martin l’auteur de Game of Thrones font leur petite apparition inutile. Quand Fin décide d’aller voir son père, Sharknado prend une nouvelle tournure. On rentre dans le lard du n’importe quoi. Fin et Gil, ancien astronaute, partent dans l’espace pour régler le souci de la méga tornade qui arrive. On ne s’embête pas avec la cohérence, Fin et Gil ont une fusée qui les attend, ils enfilent leur combinaison, prennent un temps fou à décoller, le temps pour tous les personnages de se rendre utiles dans des scènes sorties de l’esprit étrange des scénaristes. Nova prend un avion pour créer un vortex de dissuasion contre les requins. On ne comprend rien à ce qu’il se passe mais en tout cas, c’est plié en 1 seconde. Tara Reid arrive au sommet de la fusée en quatre secondes, Des gardes meurent puis revivent la scène d’aprés… Sharknado est en roue (trop) libre.
L’expression Jump The Shark / Sauter le requin signifie qu’une série, un film est aller trop loin et qu’il lui sera difficile de revenir à un niveau acceptable. L’expression vient d’une scène dans la série des années 60 Happy Days où Fonzie saute avec sa moto au-dessus d’un requin. Ce terme va à ravir à Sharknado 3 qui, a trop vouloir en faire, ne produit rien en terme de sensations. A de rares moments, Sharknado 3 touche au nanar sublime mais les 15 dernières minutes sont d’une folie déconcertante. L’hommage à Star Wars est difficilement occultable et l’enchaînement des idées conservatrices d’une certaine vision du ridicule ramène Sharknado sur de bons rails. De l’utilisation du figurant inutile au final absolument rocambolesque, Sharknado se termine sur une note bien grasse. Les punchlines sont à deux tiers à jeter. Un quatrième film est en chantier mais il serait temps de faire évoluer le concept plutôt que d’essayer de faire toujours « mieux » sachant qu’en faisant pire, on arrivera à faire moins bien. Vous me comprenez ?