Rick and Morty saison 7 (Adult Swim) : du très bon, du très mauvais
Déjà sept saisons pour la série animée Rick and Morty et il semblerait que la série peine désormais à sortir du lot. Pourquoi ?
Rappelez-vous, Pickle Rick était devenu une mascotte du web, un meme, des chaussettes, bref, un buzz. Cette année, Leg Rick ne fera pas aussi bien. La série de Justin Roiland et Dan Harmon est-elle encore un événement ? Après la surprise d’une série survoltée, Rick and Morty a doucement mais sûrement rejoint le rang des séries animées devenues des classiques. Et après 6 saisons et des déboires en coulisses qui a valu l’éviction de Justin Roiland, la série tentait de se trouver une vitesse de croisière.
Rick and Morty perd sa voix pour mieux la retrouver ?
Quand Roiland est la voix de vos deux personnages principaux, il est difficile alors de se demander si la série peut survivre à ça. Par magie, Rick et Morty ont retrouvé une voix, et c’est bluffant ! C’est quasiment avec deux timbres identiques (bémol pour Morty) que la série parvient à faire passer la pilule.
Outre ce changement important qui est passé inaperçu, la série a proposé sa salve de dix épisodes annuels. Dès les premiers épisodes, on sentait que la série surfait sur la qualité de la saison précédente avec moins d’intrigues sombres et de ton morose.
Dans le 7×01, How Poopy Got His Poop Back, on voit un Rick quasiment en solo venir supporter Mr. Poopybutthole en lui organisant une petite sauterie. Cet épisode est le parfait exemple du WTF et du délire maitrisés, ce qui ne sera pas le cas de quelques épisodes à suivre. Ce Rick version solo sera encore au centre du second épisode, The Jerrick Trap, qui utilise le trope du changement de corps pour une aventure rythmée et sans faille.
L’épisode 3, Air Force Wong, introduit Mr. Stabby, ce personnage caméo-esque qui attire l’attention de tous les fans de personnages uniques, au temps d’écran limité, mais qui marquent. Cette touche comique très courte restera l’idée farfelue de cet épisode d’infection au sein d’une ville où Rick, encore en solo, aide le Président des Etats-Unis. Ce personnage n’a jamais trouvé grâce à mes yeux. Jamais vraiment drôle, assez terne, POTUS plombe un peu cet épisode.
Les épisodes 4 et 5, That’s Amorte et Unmortricken, font un combo d’épisodes de qualité, quasiment sans-fautes, au rythme impressionnant. Le premier part d’une idée saugrenue que les morts d’une planète produisent des spaghettis d’un goût exquis. Tout ça se transforme vite en pagaille monstre pour terminer sur une note sordide, glauque, triste, amère et qui, possiblement, pointe le doigt sur le carnivorisme. Fermons les yeux sur ce qui nous dégoute et tout se passe bien. L’épisode suivant incarne à la fois la densité de la mythologie de la série et sa complexité créative. Evil Morty est de retour avec son lot de ressorts fous, de doubles, de triples, de combats dantesques et de hard SF. L’épisode se termine, d’ailleurs, sur la même note que le précédent. On est sur les rotules, lessivés.
Mais Rick and Morty perd son souffle
Cette première moitié de saison est donc plutôt positive.
Les épisodes à suivre sont, hélas, d’une facture bien moins efficace. Alors que l’on croyait être dans la meilleure saison de la série depuis bien longtemps, on tombe de haut. Rickfending Your Mort, l’épisode 6, est pourtant dans la lignée des autres avec tout ce que peut proposer un bon épisode de Rick and Morty avec de l’imagination, des vannes à foison, un rythme dingue et une utilisation des codes narratifs intelligente. Wet Kuat Amortican Summer nous fait un épisode qui se plante comme souvent quand la série veut utiliser à outrance une référence geek. Ici, c’est Total Recall et son Kuato, cet être difforme rattaché à l’abdomen de son « jumeau ». Si voir Morty répéter Open your mind peut être drôle, on tourne rapidement en rond. Le délire est poussé à l’extrême. On adore ou on trouve ça long et barbant.
L’épisode 8, Rise of the Numbericons: The Movie, rappelle les épisodes dérivés de Solar Opposites, l’autre série de Justin Roiland. Et il en possède aussi les défauts à savoir un total désintéressement. On y suit Water-T, la version liquide du rappeur Ice-T (oui, c’est drôle), partant en guerre contre le clan des Nombres. Voilà. Pendant 20 minutes, l’idée est exploitée avec plus ou moins de panache. Les idées sont là, mais elles ne tiennent pas vraiment sur la longueur. L’ennui arrive et ne partira jamais. C’est possiblement le pire épisode de la série.
Mort: Ragnarick s’approprie le mythe du paradis nordique, le Valhalla. S’en suit une aventure très rocambolesque avec le Yéti, des vikings, des morts répétées, et le Pape en grand méchant. On entre ou pas dans le délire. Personnellement, il m’a laissé sur le côté de la route malgré ce côté Fight. Die. Repeat..
L’ultime épisode de la saison, Fear No Mort, propose un high concept, à savoir un trou qui permet de combattre sa plus grande peur. Sans hésiter, on peut facilement croire que Rick et Morty se demanderont sans cesse s’ils sont bien sortis du trou. On évoque alors frontalement la relation de Rick avec sa femme, Diane. Cet arc semble sous-exploité. On ne sait plus si Rick doit être un être empathique, et nous avec, sur cette histoire. Il semble en paix avec la mort de sa femme. Est-ce que c’est un arc qui doit et peut perdurer ?
Un piège plutôt inventif dans sa réflexion, qui remet les personnages face à eux-mêmes. C’est là où la série parvient à tutoyer les sommets. Les thématiques restent fortes et permettent d’offrir une excellente conclusion à cette saison.
C’est loin d’être fini pour Rick and Morty
La saison 7 de Rick and Morty a produit des épisodes parmi le haut du panier de la série et… le fond du panier. Les saisons précédentes semblaient plus homogènes avec un ton saisonnier. Peut-être la série arrive à la fin d’un cycle où le catalogue des idées A+ à B ont été exploitées et où on pioche dans les idées C…
Pour rappel, la série a été renouvelée en 2018 pour 70 épisodes. Il reste donc 30 épisodes répartis en 3 saisons. 10 saisons représenteraient un excellent run pour une série animée. Cela porterait le total des épisodes à 101. Les questions qui se posent naturellement sont sur la créativité et la qualité des scripts à venir. La série doit-elle se renouveler ? Doit-elle rester sur ses bases ? Doit-elle explorer un fil rouge ? Le conclure ?
Adult Swim France a proposé la saison 7 de Rick and Morty en US+24 et en VF, chapeau.