Rétro Pixar, J-10 : Cars
Après les jouets, les insectes, les monstres, les poissons et les super-héros, passons aux voitures ! Notre rétrospective Pixar avance bien, on arrive aujourd’hui à un des films les moins estimés et mémorables de la firme : Cars !
Cars
, concrètement, pourrait n’être qu’un classique d’animation Disney comme un autre. Il est en effet le Pixar avec la storyline la plus banale et consensuelle qui soit : la star Flash McQueen est imbue d’elle même, un peu trop, et quand elle se retrouve seule perdue dans une ville abandonnée avec des voitures de classe inférieure, elle va devoir apprendre l’humilité et le respect de l’autre pour espérer s’en sortir… L’idée thématique est intéressante et peu usitée chez Pixar mais on est en droit de simplement se demander ce que des voitures viennent faire là dedans : l‘anthropomorphisme est ici si parfait que des humains pourraient remplacer les voitures sans problème, d’autant qu’on est en droit de se poser la question de la légitimité du concept envisagé dans le film de John Lasseter, seul réalisateur de la firme d’ailleurs à choisir des objets inanimés pour en faire des films (le réalisateur est a l’origine de Toy Story).
Que justifie la présence de voitures dans Cars ? D’abord, c’est l’amour du réalisateur pour ces objets là. Un peu mince, me direz vous sans doute, et vous aurez raison, l’amour de l’objet est sans doute préférable au cas d’un choix de producteur mais la roue tournerait bien vite à vide si Cars était simplement un film avec des voitures remplaçant les humains. C’est plus ou moins ce qu’il est niveau thématiques : le dépassement de soi, l’apprentissage du respect, la découverte de l’amour et de l’autre, bien des morales existent dans le film et peinent finalement à s’imbriquer dans ce monde de voitures, complètement fictionnel. En ce sens, le concept même de Cars est difficile à accepter, animer des objets inanimés est bien plus difficile quand leurs propriétés ne sont pas à même de servir dans l’intrigue (c’est toute la différence avec Toy Story, animer des jouets était pertinent dans le sens où l’objet même jouet et ses propriétés étaient à même de constituer un véritable intérêt dramatique).
Pneus crevés, sorties de routes et pannes de moteur : si Cars avait été Pilots et présentait donc des personnages tous pilotes et humains, la problématique dramatique et les événements n’auraient pas changé grand chose, on est en droit de se demander si l’anthropomorphisme de Pixar n’est pas un petit peu mécanique. Cars, bien sûr, est bien loin d’être un échec : le film a rapporté tout ce qu’il fallait au box office, l’impact sur la culture et les enfants a été relativement important (au point d’envisager une suite, catastrophique et un spin off assez mal accueilli – Planes, de qui se moque-t-on?), et si on dépasse les faiblesses évidentes du concept dans son application pratique on est à même de passer un excellent moment devant un divertissement dont le contenu est tout ce qu’il y a de plus honnête.
On ne se mentira pas : d’un point de vue purement visuel, le film est absolument sublime. Pixar, film après film, améliore sa technologie et, à partir du Monde de Nemo, est à même de sortir quasi systématiquement le film parfait de ce point de vue. Les scènes de courses sont bien sûr excellentes, extrêmement nerveuses et souvent très réalistes, il en faut peu pour que l’imitation soit parfaite, mais les scènes plus calmes, notamment dans la ville fantôme, sont loin d’être en reste, la lumière est notamment magnifique et semble presque faite de prises de vues réelles sur certains plans. C’est un peu le problème en parlant des films d’animation Pixar, visuellement les qualités se retrouvent toujours et le rappeler devient vite stérile. L’intérêt de Cars, ici et pour la première fois, réside quasiment uniquement dans son visuel.
Ce n’est en effet pas dans l’intrigue ni dans la personnalité de ses personnages qu’il faudra chercher à Cars une originalité. On l’a dit, le concept de base est classique, on a aussi dit qu’il était intéressant mais il aurait fallu pour cela un développement plus significatif : ici, le film reste tout de même très prévisible dans son exécution, Lasseter a finalement l’air d’avoir confondu la nostalgie (elle est bien présente, le mythe de la route 66 en tête) avec une certaine forme de paresse, tenant son film uniquement sur cette nostalgie et sur un visuel réussi. Tout cela est certes de bon aloi et a l’air de provenir de sentiments un peu plus hauts qu’une mécanique commerciale, mais n’est pas à même de faire un vrai bon film.
Vous retrouverez demain notre billet concernant Ratatouille, par Mélanie !