Pride : be proud, be cool
Le 17 Septembre sortira Pride, de Matthew Warchus, vainqueur de la Queer Palm à Cannes. Une histoire incroyable qui donne un feel good movie comme on en avait pas vu depuis longtemps.
1984, sous Thatcher. La communauté LGBT se bat pour ses droits mais bénéficie d’un répit de la part de la police. Pourquoi ? Parce que la nouvelle communauté qui est dans le viseur du gouvernement, c’est celle des mineurs. Un groupe de jeunes, qui vont se faire appeler les LGSM (pour Lesbians and Gays Support the Minors), vont récolter de l’argent pour venir en aide à un village de mineurs gallois.
Pride, c’est d’abord l’histoire d’un échec : les mineurs se sont remis au travail au bout d’un an de grève, car ils ne pouvaient plus vivre dans la pauvreté. Et pourtant, quel beau film porteur d’espoir ! Et surtout : quel film intelligent ! Car si Pride aborde des sujets qui restent délicats comme l’homosexualité ou le féminisme, il les aborde de manière nuancée, en évitant les clichés. C’est finalement un film sur l’humain et sur la solidarité. En effet, le scénariste – dont c’est le premier scénario – ne voulait pas d’une sexualisation de la communauté LGBT, étant entendu que l’un des sujets principaux des films dits gays est très souvent le sexe.
Ainsi, Pride aborde de nombreuses luttes et de nombreux problèmes, tout en montrant qu’ils sont tous liés. On retiendra cette petite scène où une militante LGBT explique qu’elle aimerait créer un groupe féminin et féministe, ce que le leader du LGSM ne comprend pas, montrant ainsi les dissidences qui existent au sein d’un même mouvement. A une époque où on parle de plus en plus d’intersectionnalité (étude des formes de domination et de discrimination non pas séparément mais dans les liens qui se nouent entre elles, en partant du principe que racisme, sexisme, homophobie ou luttes entre les catégories sociales ne peuvent pas être expliqués s’ils sont traités indépendamment les uns des autres), Pride est une véritable pierre angulaire dans le paysage cinématographique : c’est un feel good movie militant et grand public.
Le film de Matthew Warchus se place dans la lignée de The Boat That Rocked (Good Morning England en français) : c’est le film définitivement cool, anglais par excellence, au casting incroyable (Bill Nighy, Imelda Staunton, Andrew Scott, Dominic West …), qui arrive à traiter d’un sujet difficile avec subtilité, tout en restant léger. Pride, c’est une histoire vraie incroyable, qui donne un film qui aura mis du temps à se faire, mais qui est bien fait, et fait avec amour et passion. D’ailleurs, ce que le réalisateur a essayé de dire dans son film, c’est que, à l’ère d’internet, militer, sortir dans la rue pour se battre pour ce en quoi on croit, ça reste cool et surtout, ça reste nécessaire, et que la solidarité entre les mouvements est quelque chose de beau, qui peut changer les mentalités pour le meilleur.
Et s’il arrive à bien faire passer son propos, c’est que Warchus nous offre un film solide : correctement réalisé, bien monté, et surtout, très bien écrit et très bien joué, avec des comédiens impeccables qui nous offrent des scènes d’anthologie (Dominic West qui danse étant l’une d’entre elles). En plus d’être un film intéressant par ce qu’il raconte, Pride est donc, au sens technique du terme, un bon film.
Pride est le vainqueur à l’unanimité de la Queer Palm à Cannes, dont le jury était présenté par Bruce La Bruce (qui a récemment réalisé Gerontophilia). Récompense amplement méritée : le film est beau, intelligent, subtil, drôle et émouvant. C’est un film très humain, qui ne stigmatise personne. Un des plus beaux films de 2014, et l’un des plus importants.