Planète des Singes, l’affrontement : Bromance
2011, le reboot de la Planète des Singes surprend tout le monde et devient le film de l’été. 3 ans plus tard, Matt Reeves (Cloverfield) rempalce Rupert Wyatt et offre un affrontement du plus bel effet.
10 ans après l’épidémie de la grippe du singe, San Francisco et la Terre Entière est décimée. Le peuple des Singes mené par César vit paisiblement dans les hautes terres. Quand ils rencontrent des survivants humains, la cohabitation va prendre une nouvelle tournure.
Comme son prédécesseur, L’affrontement garde une approche intelligente de la situation. Loin de proposer un spectacle coûte que coûte, cette suite reprend les éléments qui avaient plu comme une vision brute et réaliste du récit. Finalement, pauvre en action mais grand dans l’exécution de ses intentions, le premier film surprenait par son ton posé. Matt Reeves continue dans cette voie avec un film qui prend son temps et qui ose proposer dix minutes de film quasi muet où les singes communiquent entre eux par le langage des signes. On ne rentre pas dans le lard comme nombre de blockbusters récents. La force et le charisme de ce peuple crèvent l’écran dès les premières minutes et ce premier plan sur le regard de César donne le ton. Ce parti-pris de miser tout sur ce personnage est la grande force du métrage. Ne vous attendez pas à des personnages humains très travaillés. Même Malcolm (Jason Clarke, Zero Dark Thirty), le héros humain n’a pas l’aura de César, la faute à un traitement des personnages assez maladroit. On reste dans un schéma miroir avec César et sa famille et Malcolm et sa famille (transparente Keri Russell et d’ailleurs cast assez transparent notamment Gary Oldman). Le principal défaut du film est de jouer sur un manichéisme plombant. Contrairement au premier film, audacieux, L’Affrontement cherche avant tout à créer une tension, qui est palpable pendant 1h50, en utilisant un schéma simplifié au maximum.
Le film prend son temps et ce qui choquera n’est pas le nombre de scènes marquantes puisqu’il y en a presque aucune, il y a surtout des images marquantes ! Matt Reeves s’emploie à proposer des tableaux et des plans d’une beauté rarement égalée pendant une bonne heure. Les relations se tissent, les rapports se créent. Le film prend du sens par des dialogues minimalistes. Quand le film passe la vitesse supérieure, la caméra de Reeves nous offre une violence directe, sans artifice. Il y a un vrai côté « propre » de l’action et de la violence qui donne tout un crédit au film. Les scènes marquantes se multiplient alors et on est en passe d’égaler la scène prodigieuse du « NO! » de César du premier film.
Un plan restera dans les mémoires à coup sûr avec cette caméra jonchée sur un char qui nous montre en panoramique l’étendu des combats. Une scène d’une rare beauté et d’une violence encore une fois quasi fondamentale. Les combats sont lisibles, les plans d’ensemble sont suffisamment bien placés pour contempler les champs de bataille. Encore une fois, on reste sur un terrain dépourvu de boursouflage, c’est un blockbuster sobre ! Certains pourront penser que le film ressemble à des cinématiques de jeu-vidéo avec une mise en scène posée, des personnages qui n’envahissent pas l’écran et qui font leur action par automatisme. A vrai dire, le film tient de ça par une esthétique très travaillée avec des décors cassés, embrouillés, en ruine. L’univers est palpable, tant mieux, non ?
Si l’évidence des rapports de force ne surprendra personne, il reste néanmoins une très forte ambiance avec une tension quasi constante. On ne s’ennuiera que rarement même si les scènes entre singes deviennent redondantes par moments. Le récit s’installe et captive notamment par le poids qu’a César dans les relations liant chaque personnage. Très bonne suite, L’Affrontement restera un film réussi mais ne cachant pas des idées minimalistes. Servi par un univers très bien ancré, L’Affrontement propose presque deux heures d’une histoire qui prend aux tripes.
Le film sort le 30 juillet.