Penny Dreadful 2×01 : Fresh Hell
Penny Dreadful est de retour depuis quelques jours ! Après un récapitulatif de la saison 1, il est temps de reprendre notre souffle pour mieux replonger dans les ténèbres de cette tortueuse Londres victorienne…
ATTENTION SPOILER TRANSITIONNEL DE LA SAISON 1
A la fin de la saison 1, Mina Harker, la fille de Sir Malcolm, n’avait pu être sauvée : définitivement transformée en disciple vampire, son père l’exécute d’une balle dans la tête. Vanessa est désormais plus tranquille, mais l’on sait cet équilibre instable. Et en parlant d’instabilité, Ethan, qui a vu mourir Brona Croft, révèle sa double personnalité : il est un loup-garou, ce qui explique grandement sa nature rebelle, qui l’amène à tuer deux détectives engagés par son père. Quant à Frankenstein, il récupère le corps de Brona dans le but d’en faire la nouvelle compagne de sa créature…
Désormais, Vanessa voit de nouveaux ennemis apparaître : les Nightcomers, des sorcières que l’on découvre au service de l’énigmatique Madame Kali, vue dans l’épisode 2 de la saison 1, et qui après avoir vu Vanessa possédée cherche à la dominer… Frankenstein attend l’occasion de ressusciter Brona, tandis que sa créature cherche du boulot. Enfin, Sir Malcolm enterre sa fille…
Penny Dreadful reprend les choses là où elle les avait laissées. Toujours servie par son esthétique aussi sombre que ses personnages, la série reprend doucement et prend le temps de mettre en place son nouvel ennemi, en la personne de Madame Kali, un personnage sous-utilisé dans la saison 1 désormais appelé à devenir régulier. Comme au début de la saison 1, la série ne laisse pas un temps d’acclimatation : l’affrontement a lieu dès les premières minutes, mental, puis physique, entre Madame Kali et ses sbires, et Vanessa Ives, ce qui annonce une nouvelle saison intense, riche en émotions… et en sang versé. En effet, non seulement l’ennemi est vite identifié, mais de surcroît il se met en évidence immédiatement en tuant de sang-froid (sic) une de ses sbires. De plus, avec la révélation de la nature profonde d’Ethan les affrontements devraient être légion, marque de fabrique d’une série où les émotions sont les vrais dialogues. Fidèle à son esprit intimement fantastique, cette saison 2, avec ses sorcières aussi imprévisibles que des Anges Pleureurs, devrait considérablement accroître sa thématique de la nature profonde de tout un chacun dans un Londres livré au « demi-monde ».
La série a donc le mérite de tout de suite repartir, sans scène d’exposition préalable, afin de constituer une vraie suite/continuité avec la fin de la saison 1. Ainsi que le dit Vanessa Ives, ce n’était qu’une bataille remportée contre ces forces du mal aux visages multiples. Les éléments sont tout de suite posés à plat par une Helen McCrory qui joue juste, et qui vient s’inclure dans une intrigue qui, on l’espère, ne basculera pas dans une caricature manichéiste du Bien contre le Mal ; on regrette par ailleurs qu’un pont de plus n’ait pas été établi précédemment concernant le personnage de Madame Kali, mais ceci devrait être établi durant la saison. Toutefois, l’ennemi a désormais véritablement un visage, celui du suppôt de Satan, ce qui devrait, notamment par un affrontement Vanessa/Madame Kali, améliorer la fluidité de la série qui avait, par sa métaphysique du mal, des longueurs parfois handicapantes. Autre bon point : la résurrection de Brona Croft, annoncée depuis la fin de la saison 1, est rapide et faite dès ce début de saison 2, tout en ne cédant pas à la facilité qui consisterait à donner un pouvoir démiurgique démesuré à Victor Frankenstein. Le côté « Fiancée de Frankenstein », sorte d’hommage bien placé dans cet univers torturé, va s’avérer intéressant du point de vue de la thématique de l’humanité face à la vie et la mort : l’amour est-il intemporel, mais surtout traverse-t-il toutes les frontières ? La série ne tergiverse heureusement pas dans ses velléités, et nous force tout de suite à faire un choix : ou bien l’on pactise, ou bien l’on s’esquive…
La série bascule néanmoins, comme si elle souhaitait créer une excitation douteuse, dans le franchement malsain avec un Victor Frankenstein attiré par le cadavre en face de lui, au point de laisser traîner sa main. On sait le personnage seul, mais une telle évolution incestuo-malsaine risquerait de faire franchir la ligne jaune à une série qui n’a eu de cesse de subtilement jouer avec tout au long de sa première saison. Le personnage de Victor est d’ailleurs celui qui demeure le plus énigmatique à la fin de ce premier épisode, prenant le relais d’un Dorian Gray absent : d’abord extrêmement sensible face à ce cadavre, il passe, lors de la scène de la résurrection, à une hystérie qu’on ne connaissait pas à ce libre-penseur d’ordinaire plus théâtral, dans une sorte d’improvisation légèrement surjouée, où l’angoisse aurait nettement mieux eu sa place. La série cède à une petite facilité émotionnelle en faisant travailler la créature dans un musée de cire, lui faisant opérer une sorte de solipsisme un peu lourd, lequel se double de la carte « 4 Fantastiques » avec la fille aveugle du couple gérant le musée. Une roue libre sans grandes conséquences pour le divertissement, mais qui on l’espère ne prendra pas trop racine.
Une saison 2 qui s’annonce donc aussi palpitante que sa prédécesseur. Rendez-vous en fin de saison pour voir nos attentes justifiées ou non !