Once Upon A Show : Un Agent Très Secret
Attendre l’épisode d’après, d’accord. Attendre la saison suivante, ok. Mais quand il n ‘y a rien après, quand une série s’arrête après une saison, que faire ? On en parle dans…
Derrière le titre Un agent très secret, se cache une série loin des poncifs des séries d’action. Diffusée sur France 2 il y a presque 15 ans déjà, Un Agent Très Secret était diffusée sur CBS aux USA. Comme elle sort enfin en DVD aux USA et qu’elle fête ses 15 ans en septembre, autant en profiter pour en parler. Avec un casting plutôt pas mal, la série avait tout pour plaire. Jugez plutôt : Eric Close, bien avant FBI Portés Disparus et après Dark Skies, Dennis Haysbert bien avant 24, Margaret Colin, parfaite en femme forte, le trio était impeccable. La série de Glenn Gordon Caron (Clair de lune) est un petit bijou mais d’excellentes critiques – qui la considéraient comme la meilleure série depuis X-Files -, des audiences honorables, n’ont pas suffi pour empêcher la série d’être annulée au bout d’une saison par ces incultes de CBS.
Les 22 épisodes de la série doivent être vus et revus. Dès le pilote, on se prend d’affection pour tous les personnages campés par des acteurs impeccables, John Goodman en tête, malgré son apparition éclair. En effet, c’est l’acteur qui interprète le rôle titre pendant une dizaine de minutes avant de mourir. Ce n’est pas un spoiler. Pour une fois, on peut le dire : le héros meurt. Et au début en plus !
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L’histoire : « Un homme ordinaire, cadre dans une compagnie d’assurances, 45 ans, tombe d’un quai de métro à N.Y. et meurt. Mais meurt-il vraiment ? A l’insu de sa femme et de sa fille, son cerveau est recueilli sur les lieux de l’accident par un service secret du gouvernement des Etats-Unis et implanté dans le corps d’un jeune homme de 26 ans créé artificiellement et ayant la force de Superman, la rapidité de Michael Jordan et la grâce de Fred Astaire… Le seul problème, c’est qu’il lui est interdit, sous peine de mort, de faire savoir à quiconque appartenant à son passé, qu’il est vivant, et croyez moi c‘est difficile quand on est un homme qui aime par dessus tout sa femme, sa fille, et sa vie passée. »
Le petit speech de début d’épisode résume à lui tout seul le sujet car il n’est pas simple de comprendre les enjeux, il n’y a pas une historie d’amour simpliste, il n’y a pas de menace grotesque, il n’y a pas d’humour vaseux. Tout a une explication dans ce concept qui ferait rougir bon nombre de séries actuelles. Le concept tient la route et permet de construire un récit, une dynamique et un univers. Le concept ne tient pas que sur le pilote mais transpire dans les intentions du personnage, il n’est pas là pour habiller la série mais pour la porter.
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Loin de déballer les scènes d’action à la Superman, Caron parvient à mixer la romance, la science-fiction, la comédie et le drame dans des scénarios excellents. Le pitch de départ rappelle comme il se doit tous les enjeux géniaux de la série. Le héros a beau être surhumain, les sentiments ne trompent pas et il a beau être agent secret et réussir ses missions avec facilité, le plus dur est de croiser son passé et d’être impuissant face à la fatalité. C’est dans un pilote en trois épisodes que l’on comprend que ce n’est pas une simple série policière ou une comédie romantique d’action. Excellente introduction à la série, ce pilote construit les relations entre chaque personnage avec brio. On comprendra rapidement que Michael Wiseman, devenu Michael Newman (notez la subtilité), joué par un Eric Close parfait, est un personnage foutrement bien écrit. On se prend vite d’affection pour le destin de cet homme qui a perdu sa vie de famille, sa vie d’avant et qui doit désormais obéir aux ordres d’un scientifique très carré. On se prend vite d’affection pour Lisa et Michael, cet ancien couple heureux avec leur fille. Entre détresse de Lisa et rage de Michael, leur histoire est prenante. La détresse d’un homme qui aime sa famille face à la forte personnalité du docteur Morris qui le garde en » détention » est une dynamique tès appréciable dans la série. Dennis Haysbert joue aussi à la perfection cet homme qui se prend pour un Dieu post-moderne, un marionnettiste audacieux, un boss froid. La relation entre Michael et ce docteur Morris produit une certaine magie à chaque scène. L’humour ironique de Michael est savoureux.
Pince-sans-rire, il essaye tant bien que mal d’accepter son état de mort sociale et passe par les 5 étapes du deuil durant ce pilote magistralement écrit. Déni, colère, marchandage, dépression et acceptation sont les thématiques qui transpirent à chaque épisode également. On sent une atmosphère spéciale dans cette série, une sorte de trans-réalité, de monde où la science-fiction et la fantaisie sont palpables. Des épisodes comme » Plus un mot » (où les mots disparaissent de tous les livres de la planète) ou » Un petit air familier » (Où flashback et temps présent se déroulent en parallèle pour que l’intrigue trouve sa résolution l’un dans l’autre) sont des petits chefs-d’oeuvres d’émotion et de scénario et il n’est pas rare de tomber sur des épisodes qui semblent anodins et qui se terminent en petits bijoux d’une façon ou d’une autre. On notera par exemple, l’introduction en pré-générique et en épilogue d’un épisode, de scènes qui n’ont rien à voir avec l’épisode que l’on vient de voir mais qui introduisent l’intrigue du suivant. Brillant.
Régime alimentaire draconien, exercices physiques et missions spéciales sont le quotidien de Michael et si les missions qu’on lui présente ne sont pas exceptionnelles, la série se concentrera plus volontiers vers le relationnel. Si au hasard de ses aventures, il rencontre sa femme, et ce qui nous vaut des scènes touchantes, la série prend vie instantanément. Sa condition d’agent est à mettre au second plan, sa réussite dans des missions internationales, ultra dangereuses ne sont que rarement montrées. Là réside l’une des grandes et nombreuses forces de la série. Il ne faut pas chercher un genre à la série, son identité est éthérée, elle sublime tout ce qu’elle touche. Une SF d’anticipation juste, une romance accrocheuse, une comédie rythmée, une grâce permanente dans ses sujets, le pitch ne trompe pas, force, rapidité et grâce.
Au travers des 22 épisodes, la série partira sur plusieurs fils rouge et empruntera à tous les genres que le pilote proposait. Si on ajoute à cela les ambiances particulières des épisodes Thanksgiving et de Noël, des thématiques sur le deuil, la famille, l’amour et la fatalité, Now And Again est, vous l’aurez compris, d’une richesse étonnante. La série a gagné 3 Saturn Awards en 2000 pour la meilleure actrice, le meilleur second rôle et la meilleur série sans oublier une nomination pour le meilleur générique aux Emmy.
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Seul point négatif, le dernier épisode laisse en suspens les spectateurs.
En effet, la série ose un cliffhanger de malade avec une dernière scène qui aurait relancé la série. L’ultime scène de la série n’aura pas de suite. Les fans US ont tenté par diverses actions d’obtenir une suitemais rien n’y fait. CBS a mis fin aux aventures de Michael à cause de budget trop élevé.