Mozart in the Jungle : la chasse est ouverte !
Sex, Drugs and Classical Music. C’est le sous-titre subtil du livre qui a inspiré la série…
Après nous avoir offert Transparent, Amazon Studios continue dans sa lancée de séries originales avec Mozart in the Jungle. Et le nouveau génie de la musique est très loin d’être le petit Autrichien coincé qu’on a pu connaître…Blair Tindall
est la vraie Hailey de la série. En 2005, la journaliste, joueuse de haut-bois originaire de Caroline du Nord, sort ses mémoires intitulés Mozart in the Jungle: Sex, Drugs and Classical Music qui va lever le voile du monde de la musique classique. L’ouvrage assez osé est acclamé par la critique et remet en cause le business du classique qui n’est pas joli-joli. Alors forcément, ça attire l’attention des gens, et quand on apprend que Roman Coppola qui retrouve son bon ami Jason Schwartzman et Alex Timbers vont en faire une série avec Paul Weitz. Les amateurs de musique classique et de séries ne peuvent être qu’intrigués. Pour Amazon, tiens, ça reflète bien l’image qu’ils veulent donner…
Mozart in the Jungle est une dramédie divertissante qui remplit son contrat. Il y a beaucoup de défauts, les clichés s’amoncellent surtout dans les caricatures de personnages, mais ce n’est pas grave. Tel l’exotique Rodrigo (Gael Garcia Bernal qui était excellent dans Carnets de voyage) et sa passion pour la musique, ces dix premiers épisodes nous inspirent tous à profiter de la vie. J’ai récemment vu Whiplash (et c’est fou comme le jazz et le classique sont deux mondes à part, mais passons), et autant Fletcher était négatif, autant Rodrigo est plein d’espoir. Mais ça n’empêche pas Fletcher d’avoir raison sur une chose, n’importe quel idiot peut tenir un bout de bâton et gesticuler devant des musiciens, ça n’en fait pas un bon chef d’orchestre. La force de Rodrigo est sa jeunesse, il cherche à innover le New York Symphony (pas l’Orchestra ni le Philarmonic, il est fictif), une institution qui a gardé ses habitudes depuis plus d’un siècle. Bien malgré nous, car Dieu que c’est cliché, on se surprend à trouver ses manières charmantes, ses exercices de musique originaux (la répétition lors du deuxième épisode m’a clouée le bec), sa vivacité réjouissante, et son objectif honorable. Le show repose principalement sur ses épaules et à juste titre.
Cette première saison se binge-watche très facilement, un format 30 min avec de bons rebondissements, de l’humour, du sexe facile, des compositeurs classiques, et de la joie de vivre. La première partie sert plus d’installation du décor pour la suite qu’autre chose. On s’intéresse à plusieurs personnages secondaires qui sont attachants même s’ils ne semblent n’avoir une seule facette. L’ingénue qui débarque de sa province (Lola Kirke qui s’en sort assez bien grâce à sa maladresse) à l’ancien maestro jaloux et dépassé par les événements (Malcolm McDowell), sans oublier celle qui a réussi en couchant un peu partout (une séduisante Saffron Burrows). Puis, il y a une certaine chaleur humaine qui se dégage de l’orchestre, pendant les scènes où tous les musiciens sont là, ensemble et enthousiastes, à travailler dans un même but. L’art transcende tout, même les plus grandes inimités, et ce qu’on devine dès les premières minutes de la série finit par arriver… Ce n’est certes pas une grande série, mais accusez-moi d’être bon public, ça reste un excellent divertissement durant la pause hivernale actuelle. Au pire, vous profitez de la musique.
Parenthèse pour l’épisode 7 qui a été réalisé par Coppola en personne, petit clin d’œil à la petite flûtiste blonde et au cheval (est-ce qu’il prendrait de son père à ajouter la touche d’innocence et de fantaisie ?), épisode très réussi même si le 6e était une véritable bouffée d’air frais.
(P.S. : Pour les amateurs de musique classique, un drama/anime/manga japonais 100% délirant vaut le coup d’œil, Nodame Cantabile. Ce n’est pas tout récent, ça date de 2006…)