Maryland – Si Bodyguard était un thriller…
Le dernier long-métrage d’Alice Winocour échoue à nous maintenir aux abois.
Vincent souffre de stress post-traumatique après sa tournée en Afghanistan. Pour arrondir les fins de mois, il sert comme agent de sécurité pour des particuliers, et il se fait engager chez un Libyen versé dans le trafic d’armes semblerait-il. Embauché pour protéger la femme et le fils, sa paranoïa et ses hallucinations vont s’insinuer dans son job… Maryland, c’est le nom du domaine où ils vivent et où quasi la totalité de l’huis-clos va se dérouler.
Remarqué par un certain regard à Cannes cette année, le second film d’Alice Winocour sort du lot. Que ce soit par sa bande sonore, signée Gesaffelstein qui rappelle les sons technos de Drive ou par sa réalisation avant-gardiste, Maryland expérimente. En tout cas, on retrouve de nombreuses similitudes avec le film de Nicolas Winding Refn. Un homme troublé et troublant qui vient en aide à une femme et son enfant. Matthias Schoenaerts n’a plus besoin d’être présenté, il concentre son énergie dans cette violence propre au soldat désespéré. De plus, son esprit torturé crée des angoisses qu’il ne contrôle pas, et effectivement, il lâche prise. Fort heureusement, Maryland ne comporte pas autant de violence gratuite que son cousin. Quant à Diane Kruger, on peut dire qu’elle joue l’effrayée bien comme il faut, puisque son rôle se complait dans l’inutilité.
Malgré un début prometteur, malheureusement, le film donne l’impression de tourner en rond dans la suite. Vous me direz, c’est le principe même d’un huis-clos, rien ne bouge, tout se transforme… Mais personnellement, mon être reste totalement hermétique à ce nouveau cinéma sensoriel. Le temps que la tension s’installe enfin, et ça met un peu de temps, eh bien l’apothéose n’arrive jamais. En soi, le film est à prendre dans son ensemble, et cette harmonie s’admire. Toutefois, l’histoire n’arrive pas à garder le spectateur alerte. Oui, cela va plus loin que le simple thriller, derrière, on doit pouvoir apercevoir une pique au clivage social entre le soldat peu éduqué et la femme trophée hyper riche qui ferme les yeux sur les activités de son mari malfrat… Peut-être qu’une once de romance pointe le bout de son nez également, mais au final, tout est étouffé dans l’œuf avant que cela puisse être développé.
Je reviens un moment sur la musique du film qui le soutient d’une manière omniprésente. Non seulement elle permet ainsi aux personnages d’exprimer leurs émotions sans paroles, et il vaut mieux parfois car les dialogues ne forment pas le point fort du film non plus, mais elle habite complètement la réalisation.
(P.S. : Eh désolée, mais cette fin, la beauté m’échappe…)