Autopsie d'un classiqueCritiques de films

Rétro Pixar, J-11 : Les Indestructibles

Suite de notre semaine Pixar, avec le premier film de la firme fait à base … d’humains ? Après les jouets, les insectes, les monstres, les poissons, c’est au tour des super-héros de passer à la moulinette … Aujourd’hui, Les Indestructibles !

Qui n’a jamais rêvé d’avoir des pouvoirs ? Une vraie vie de rêve, des responsabilités, sauver le monde, la reconnaissance… L’éclate pure ! Mais quand des incidents interviennent lors de vos activités, la faute en revient bien vite à vous : le monde oublie toutes vos bonnes actions et vous êtes désormais considérés comme des menaces… Désormais, c’est votre vie privée qui devra composer avec vos super-pouvoirs ! Mais au fait, comment ça vit, un super héros ? Tous ces questionnements se posent dans Les Indestructibles, l’hommage formidable et enthousiasmant que fait Pixar aux comics de Jack Kirby notamment (le film, venant d’une histoire originale, est pourtant bien souvent considéré comme la seule adaptation qui vaille des Quatre Fantastiques).

Les Indestructibles est sans doute le film le plus cultivé des studios Pixar. Pas seulement à l’univers des comics, le film de Brad Bird fait aussi appel par exemple aux James Bond des années 60, notamment de par sa gestion des évènements par la musique, ou encore aux grands classiques de la science fiction comme la Guerre des Mondes d’H.G Welles avec l’attaque de la machine en fin de film. Ainsi, contrairement aux productions antérieures Pixar laisse ici l’émotion pure de côté, privilégiant le spectacle et le discours aux évènements dramatiques. Pas d’introduction dépressive ici, mais un traitement thématique fort intéressant et qui n’est pas sans rappeler les questionnements que se pose aujourd’hui le cinéma de DC Comics (le film était d’ailleurs à la base produit par la Warner) : est-ce que le monde a vraiment besoin de super-héros ?

Les Indestructibles
Elastigirl

La réponse, comme dans toute bonne fiction familiale, est évidemment positive, pleine d’espoir made in Pixar. Finalement, Les Indestructibles est un film qui parle de beaucoup de choses : de l’addiction à l’adrénaline (Mr Indestructible qui part sauver le monde comme il partirait tromper sa femme, c’est d’ailleurs ce dont elle le soupçonne en premier lieu), de l’importance de la confiance en soi (Violette l’invisible, bien sûr, dont la fragilité devra exploser au cours du film pour pouvoir survivre), mais également de l’importance du respect de l’autre et notamment du plus faible (l’explosion de Syndrome, fan absolu et déçu de M.Indestructible, devenant ainsi son pire ennemi. Le film a une vraie vision des rapports humains, pédagogiquement il est finalement essentiel au même titre que les autres créations de la firme.

Les Indestructibles est un film dont la forme joue énormément. De par l’hommage déjà évoqué à la culture des années 60 à 80, l’ambiance du film est importante pour bien comprendre d’où il vient et ce qu’il accomplit. Ambiance sonore, donc, mais aussi visuelle : la gestion des ombres et des décors est notamment à saluer, le film dans sa seconde partie imite à la perfection les décors naturels dans les scènes de poursuites qui rappellent d’ailleurs plus Goldeneye que Dr No. Le film, fatalement, de par son rythme et sa construction privilégiant l’action à l’émotion, l’humour à la tension dramatique, l’hommage à la création pure, paraît en ce sens plus léger que ses prédécesseurs. Le film de Brad Bird est avant tout un divertissement.

Les Indestructibles
Frozone et la famille Indestructible discutent du plan d’attaque

Le film de Brad Bird, au delà des péripéties que traversent ses personnages, parle aussi de la famille, du couple. Pour justifier son appartenance au studio à l’origine de Toy Story, l’importance macro de l’intrigue se devait d’être compensée par des histoires personnelles, de l’ordre du développement des personnages. Ici c’est la relation entre Mr Indestructible et Elastigirl qui se détériore puisqu’ils se forcent à vivre une vie qui ne leur convient pas, une vie secrète qui ne convient pas non plus à leurs enfants. Au delà du questionnement sur la responsabilité d’un humain aux pouvoirs spéciaux (qui se pose d’ailleurs rarement dans le film), la question est encore une fois celle de l’appartenance du spécial au monde du normal, la crainte de la dissimulation et ses dangers. Les Indestructibles ne va peut être pas assez loin dans sa réflexion, mais le film reste un divertissement culte absolu.

Vous retrouverez demain une critique de Cars !

AMD

Adrien Myers Delarue

Résidant à Paris, A.M.D est fan de Rob Zombie, de David Lynch et des bons films d'horreurs bien taillés. Sériephile modéré, il est fan de cultes comme X-Files, Lost, ou DrHouse, ou d'actualités comme Daredevil ou Bates Motel.

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