Kick-Ass 2 : Qui Casse Pas Tout
Après le succès d’estime du premier Kick-Ass (seulement 50 millions de dollars aux USA) et un sacré parcours sous le manteau, Kick Ass 2 est un peu un miraculé. Fort de bonnes critiques presse, le film a réussi à accoucher d’une séquelle inespérée. Kick-Ass 2 prend-il la relève du premier film, décomplexé, fun à souhait et vraiment jouissif ? Le film de super-héros en a t-il encore dans les tripes ?
Quelques temps après la fin du premier, Hit Girl et Kick-Ass reviennent à leur vie normale, du moins pour lui… secrètement, Mindy reprend le costume de Hit-Girl au lieu d’aller à l’école. Quand Chris D’Amico aka Red Mist veut revenir dans la partie en tant que super-méchant, quand Mindy est poussée à revenir à une vie normale et quand Dave a lancé la mode des super-héros « maison », il est temps de revenir botter des culs.
Il faut l’avouer, Kick-Ass 2 est moins fun et réussi que le premier, mais possède tout de même un capital sympathie énorme.
Par où commencer ? Chloé Moretz est définitivement bad-ass, awesome et tous les qualificatifs qu’il faut. Cette fille en a dans le pantalon. C’est clairement l’attraction du film, pratiquement le fil rouge de l’histoire. Le personnage a grandi et doit trouver sa place parmi les gens de son âge. A travers une scène où elle se transformerait presque en groupie, Mindy se montre vraiment en personnage en total décalage avec les adolescents de son époque.
[pullquote_left]-Tu chies dans ton froc ? – Oui et je vais m’essuyer avec ta gueule ! [/pullquote_left]C’est là que le film trouve sa force en proposant un film de super-héros avec du sous-texte intéressant. Entre adolescence perdue, passage à la vie adulte, choix et destinée, Kick-Ass 2 parle de périodes de la vie où il faut passer à autre chose. Le film se permet même de parler de vengeance, de problèmes familiaux en mettant en parallèle l’idée d’autorité parentale, de reconnaissance de l’autorité et aussi de son usage ! Brillant par moments, Kick-Ass 2 n’a cependant pas réussi à user proprement du propos en appuyant un peu fort sur certains aspects, notamment le passage de relais, le souvenir avec les mentions de Big Daddy (Nicolas Cage dans le premier) à l’aide de plans caméras bien trop convenus !
Dans un second degré et un décalage quasi permanent, Kick-Ass 2 fait le travail malgré une réalisation peut-être un peu moins inspirée malgré de bonnes idées (mettre les sous-titres d’asiatiques sous forme de bulles de BD est pas mal trouvée), il n’y a pas vraiment d’éclat. Jeff Wadlow (Never Back Down, Cry Wolf) succède à Matthew Vaughn sans les honneurs. Le film a une bonne dose d’humour malgré un côté un peu puéril, surtout une fin trop aseptisée pour satisfaire pleinement. On notera notamment un abus de vomi dans une scène pourtant bien partie. Graphiquement, la violence est encore bien là mais clairement loin d’être au niveau du comic-book. Le côté violent décrié par Jim Carrey (mais renvoyé dans les cordes par la réponse de Moretz) est finalement entre deux chaises. Le personnage de Jim Carrey est tourné vers une pure violence quand certains combats sont plutôt orientés sur du bris de glace et quelques bobos sans gravité. Le décalage permanent vaut pour une scène entre Mindy et ses nouvelles copines pouffes. Il y a vraiment dans cette scène un message clair sur un type d’ado et leurs hormones qui parait inoffensif alors qu’elle est vraiment couillu. Film portrait d’une génération perdue, Kick-Ass s’adressait directement à une société avide de reconnaissance, de célébrité avec le fait de filmer les combats pour cumuler les vues sur YouTube. Kick-Ass 2 se permet de souligner encore une fois le propos avec une frontalité telle que l’on rirait presque jaune. La place de l’information qui circule est assez grande dans le film, tout passe par cette dématérialisation des rapports. Il y a deux degrés de relations dans le film, celle frontale, entre les individus, au lycée, à la maison, et celle plus ironique, grinçante via les réseaux sociaux, la presse, les réunions de super-héros.
Punchlines à gogo, de la violence en veux tu en voilà, Kick-Ass 2 réussit à être une très bonne suite à défaut d’être un film aussi réussi que le premier. La faute à un script un peu fouilli qui accumule les scènes sans réussir à proposer une cadence intéressante. On ne s’ennuie pas mais on sent que le script patine jusqu’à la scène finale. Il y a clairement trois histoires, trois propositions entre Mindy et sa place parmi les gens de son âge, Dave et son rôle, et la vengeance de D’Amico. L’ajout de Justice Forever, ce groupe de superhéros mené par Jim Carrey apporte son lot de gags mais n’a pas vraiment de scènes pour lui et reste quand même bien mis en retrait. La multiplication des personnages secondaires n’a pas nui à l’ensemble et l’univers devient instantanément plaisant et on prend plaisir à retrouver Dave et Mindy. Les héros et vilains sont délriants à l’image de Mother Russia, impressionnante, Dr Gravity (Donald Faison aka Turk dans Scrubs), Insect man et Night Bitch font le travail, Motherfucker ou Red Mist Evolution est un méchant finalement au charisme de poulpe mais suffisament drôle et intéressant pour tenir la baraque.
Paraissant moins ambitieux que le premier, Kick-Ass 2 parvient à divertir, à faire avancer les personnages et à raconter beaucoup de choses en multipliant les enjeux. Mission réussie donc et on se prête à rêver d’un Kick-Ass dix ans plus tard totalement barré.
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