Joséphine : j’osais pas être drôle
Adapter une BD est un peu ce que le cinéma français fait quand Hollywood fait des suites ou adapte des sagas littéraires. Après Michel Vaillant, Boule et Bill, Le Petit Nicolas, Le Marsupilami ou Astérix pour les plus connues, c’est au tour de Joséphine de Pénélope Bagieu de se voir adaptée sur les écrans.
Avec pour le rôle titre Marilou Berry, Joséphine raconte comment une presque trentenaire voit la vie de célibataire entourée de ses amis. Rien de bien original quand on a tous connu Sex and The City ou Bridget Jones. Enlevez le côté sexuel et le bling-bling et vous avez à peu près leur cousine germaine. A l’origine, le personnage était une commande pour le magazine Fémina. Devant le succès rencontré, Bagieu a sorti trois albums et plus de 150 000 exemplaires ont été vendus. Pour l’adaptation, Audrey Lamy avait été contacté. Berry récupère le rôle-titre.
Effectivement, niveau casting, c’est déjà une mini catastrophe. Marilou Berry a beau avoir des parents plutôt connus (Josiana Balasko et Richard Berry), elle n’a pas encore la carrure de ses ainés. Même après Vilaine, elle n’a pas réussi à devenir l’actrice comique par excellence. Elle tente vraiment dans Joséphine de donner du corps (c’est le cas de le dire) au personnage mais tout reste vraiment gentillet. On sent le potentiel mais les situations sont bien trop sages pour elle.
Autour d’elle, les seconds rôles sont vraiment transparents entre sa copine inutile et son ami gay de service sans background qui enchaîne les dialogues bateaux. Seule Berangere Krief (Bref) s’en sort vraiment bien. Sa fraîcheur et son coté petite rigolote mignonne auraient très bien pu correspondre à Joséphine. Son personnage de Chloé est le gros point positif du film. Les deux intérêts amoureux de Joséphine sont mal écrits poussant le vice à leur donner de l’importance via des vies d’hommes paumés mais qui ne fonctionnent pas puisqu’elles n’interagissent que très peu dans la vie du personnage central.
Joséphine doute d’elle, raconte des bobards, jalouse sa sœur, est paumée et ne cherche jamais à comprendre les autres, à s’y intéresser. On le comprend quand on voit que les deux hommes pour qui elle a le béguin sont d’une simplicité déconcertante.
Sans folie, Joséphine suit les balises de la comédie romantique et n’en sort jamais. Jamais très drôle, sans réels gags, Joséphine comporte deux parties, la première est assez ratée jouant sur tous les clichés déjà vus dans une dizaine de films. La seconde est déjà mieux écrite même si on pèche encore au niveau humour. On frôle les situations mais on ne joue pas dessus. Le manque de délire plombe les scènes alors que les idées étaient là. Le personnage de la grand-mère, la situation théâtrale de Joséphine « enfermée » chez elle, le personnage coquin de Chloé, un mariage, tout était en place pour offrir une bonne comédie bien fraîche. Il y a même la scène musicale (étonné d’entendre Prisencoli de Adriano Celentano repris il ya quelques années par José Garcia) qui donne le cachet « folie » mais c’est trop peu, beaucoup trop peu.
Hélas, on perd le spectateur dans un nombre trop élevé de personnages; de scènes sans saveur. Alors oui Joséphine est sympathique à voir mais il semblerait que le graphisme si particulier de la BD donne un ton léger et décalé à des histoires connues mais que son adaptation ne semble pas dépasser le stade de la transposition littérale. On oublie le ton, la couleur et ce n’était pas perdu d’avance vu qu’un effort avait été fait niveau vestimentaire ou physique pour que Joséphine ait l’air de se détacher de tous les autres personnages.
Film girly, Joséphine n’a cependant pas l’étoffe d’une grande comédie romantique. Il réussira juste à faire sourire deux ou trois fois et à passer une heure et demi avec deux actrices plutôt contentes d’être là.