Game of Thrones 5×05 : Kill the Boy
Après un gros temps de latence, dû au fait que les quatre premiers épisodes sont sortis illégalement sur Internet, Game of Thrones revient avec un cinquième épisode qui se veut à la fois transition et projection. Explications.
ATTENTION SPOILER TRANSITIONNEL
Dans l’épisode précédent, c’était l’hécatombe côté Daenerys : alors qu’elle avait viré Jorah pour espionnage en fin de saison précédente, elle voit Barristan Selmy mourir au combat dans une lutte entre les Fils de la Harpie et les Immaculés, lutte durant laquelle Ver Gris est sérieusement blessé mais en vie. Jaime arrive à Dorne avec Bronn, tandis que Cersei, dans son match à distance avec Margaery, fait arrêter Loras Tyrell sur la base de son orientation sexuelle. Littlefinger se rend à Port-Réal voir ce que Cersei lui veut, laissant Sansa avec les Bolton, et Tyrion et Jorah continuent leur petit chemin vers Meereen.
Cette semaine, Daenerys pleure la mort de son plus proche conseiller, et organise des représailles en arrêtant tous les chefs de grande famille de Meereen ; Ver Gris, quant à lui, se remet lentement. Pas de Cersei, Jaime, Arya ou Littlefinger cette semaine, place notamment à Ramsay Bolton et à ses gimmicks de sadique, entre courbettes envers Sansa et esclavage avec Theon. Enfin, la nouvelle orientation de la Garde de Nuit se précise avec la décision de Jon Snow de s’allier avec les Sauvageons. Enfin, Tyrion et Jorah continuent une croisière qui ne sera pas de tout repos…
C’est reparti, enfin, pour un 5e épisode, et à mi-saison, les enjeux dans Game of Thrones sont déjà énormes ! Daenerys n’a plus de conseillers solides pour la seconder dans ses choix (à part Dario Naaris, mais lui fait plutôt office de bras armé et de sex toy à la fois), Jon Snow n’a jamais eu les mains aussi liées qu’en étant à la tête de la Garde de Nuit (il doit même refuser un anoblissement), Tommen ressemble de plus en plus à un épouvantail (et à une marionnette), tiraillé qu’il est entre sa mère et sa femme. C’est désormais l’heure des grandes décisions, et donc des tournants radicaux tant au niveau des personnages qu’au niveau de la série en elle-même, à la moitié d’une saison qui en effet s’annonce particulièrement riche en émotions et en sang versé (ce n’est pas la fin des épisodes 4 et 5 qui viendront nous contredire !), ainsi que George RR Martin et les acteurs l’avaient annoncé. Les fidèles du livre crieront peut-être à l’hérésie ; mais après une saison 4 qui parfois se perdait dans des longueurs au final peu importantes (longue fût notamment l’attente du procès de Tyrion), cette saison 5 très dynamique, jeu d’échecs impitoyable où chaque décision fait bouger les pièces, est très plaisante, et tout ennui disparaît. A travers cet épisode 5, le « jeu des trônes », tant sur la forme que sur le fond, porte décidément très bien son nom.
Jon Snow, d’abord, qui fait l’expérience ardue du pouvoir, mais qui montre qu’il sait quand même quelques trucs en matière de risques et de tactiques (parce que rallier les Sauvageons qui méprisent les membres de la Garde de Nuit et qu’ils ont affronté la saison passée, sans compter qu’il réussit à emprunter des vaisseaux à Stannis, c’est quand même fort !). On croirait presque voir son défunt père Eddard Stark, tous deux arrivant au choix de la solution la moins pire, mais pour le bien de tous. Pour Jon Snow, mais aussi pour Daenerys, c’est le moment du passage à l’âge adulte : rappelons que la série a pris des acteurs plus âgés que ce que les livres dépeignent, à savoir des personnages de 15 et 13 ans (en tout cas au début de la saga). D’où le titre de l’épisode, « kill the boy », référence à une parole de Mestre Aemon : on ne peut plus s’appuyer sur les anciens, winter is coming, et dans un monde impitoyable où les plus jeunes peuvent être tués avant même de naître (n’est-ce pas Talisa ?), chacun doit prendre ses propres décisions et les assumer. A travers Jon Snow et les siennes, on voit bien cette nouvelle orientation stratégique de la Garde de Nuit, qui devrait sous l’impulsion de son jeune leader avoir une importance grandissante dans cette saison. Un nouveau candidat au jeu des trônes se déclare donc, avec un chef qui doit gérer à la fois son propre organe exécutif (qui l’a quand même obligé à exécuter un de ses membres) et un poids croissant d’un Stannis qui lui a donné des navires…
Daenerys, quant à elle, fait face non seulement à la contestation, mais aussi à la colère, et, encore et toujours, à la faillite toujours plus grande de ses idéaux de liberté face à ladite contestation, mais aussi aux traditions de Meereen qu’elle avait tenté de mettre au placard. Comment devenir respectée, tout en faisant passer des idéaux, et ce sans passer pour une barbare ? Daenerys en fait l’amère expérience, et chaque décision semble un coup de poignard. Elle prend ainsi une grosse résolution, dans le cadre du jeu des trônes personnel qu’elle mène depuis la mort de Khal Drogo, pour peut-être enfin donner un coup de fouet à ses ambitions trônedeferriennes. Pour elle aussi, c’est l’enfouissement de la fille craintive, qui n’osait pas réellement tremper les mains dans le cambouis, au nom de la liberté et de la justice. Mais maintenant qu’elle n’a plus personne pour la conseiller, les décisions s’imposent, et on devrait assister à une Daenerys un peu plus conquérante, qui ose le choix de la moins pire solution. Sa trajectoire est donc parallèle à celle de Jon Snow : semée d’embûches avant d’arriver au pouvoir (servir Jeor Mormont alors qu’il voulait être éclaireur pour Jon Snow, se faire accepter khaleesi pour Daenerys), passant par une action forte et symbolique (qu’on pourrait rapprocher du « Cobblepot » de Gotham, qui se matérialise sous la forme de Janos Slynt pour l’un, et un ancien esclave pour l’autre), avant de prendre un tournant plus radical. A croire que tout est fait pour alimenter la fameuse théorie de l’accession au pouvoir suprême de Jon Snow et Daenerys…
De manière générale, chacun des personnages sur qui l’accent est mis dans cet épisode (Jon Snow et Daenerys, donc, mais aussi Ramsay Bolton, Sansa et Jorah/Tyrion dans une moindre mesure) prend ses propres décisions sans personne pour les conseiller : Jorah a décidé de capturer Tyrion et suit son propre plan, Sansa n’a plus Littlefinger parti à Port-Réal, tandis que Ramsay Bolton voit son nom de famille lui monter à la tête (tout en restant un sadique, rassurez vous) et boit du vin, s’habille bien, décide que Theon aura Sansa à son bras pour la conduire à l’autel, et trompe déjà sa future promise avec la fille du maître du chenil. Un Ramsay Bolton qui, bien qu’encore un peu dépendant de son père, semble bien décidé à avoir du pouvoir et à le garder, de préférence à Winterfell, bastion de pouvoir si il en est puisque Stannis fond dessus avec une armée. Notons la belle performance d’Iwan Rheon, qui dévoile toute une facette de son jeu d’acteur qu’on avait jusqu’à présent peu vue : celle du manipulateur, impitoyable, qui met au pas (ou tente, en tout cas) sa maîtresse avec brutalité, mais aussi dans toute son ironie mordante, avec une scène de dîner insoutenable où il monopolise la parole et terrorise Sansa avec un Theon complètement déboussolé…
Une nouvelle réussite pour Game of Thrones, donc, et beaucoup de promesses, à mi-saison. La fin de cet épisode, après une nouvelle scène intense dans laquelle on passe par toutes les émotions, annonce surtout des obstacles et difficultés croissants pour tous nos personnages…