Les Franchises au cinéma

Disney Animation: le nouvel âge d’or (partie 2)

Aujourd’hui, il est impossible de nier la réussite artistique et commerciale de Disney Animation, cette année 2016 ayant été particulièrement faste avec Zootopie et Vaiana. Pour autant, il aura fallu du temps et de la persévérance pour que Disney Animation revienne à ce niveau de qualité. Tentons d’analyser ce nouvel âge d’or.

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2012-2016: l’apogée artistique         

C’est à partir de 2012 que Disney Animation va commencer à parier sur des histoires plus audacieuses et techniques. Cette date coïncide avec la sortie du premier film réalisé par Rich Moore, ancien des Simpson et de Futurama, intitulé Les Mondes de Ralph. Projet au développement tortureux (il fut lancé à la fin des années 1980), ce long-métrage raconte l’envers du décor dans les salles d’arcade. Ralph est un méchant d’une borne d’arcade qui se fait inlassablement rétamé par Fix-it Félix. Il décide donc de découvrir d’autres univers vidéoludiques. Même si la trame pourrait ressemnler à un Toy Story dans le monde des jeux vidéos, le film se démarque singulièrement des autres productions Disney par son humour irrévérencieux. Rich Moore a fait appel à deux nouveaux venus pour écrire le scénario: Phil Johnson et Jennifer Lee. Ces deux scénaristes, qui s’imposeront très vite dans le studio, proposent un humour légèrement corrosif et multiplient les clins d’oeil aux gamers avec de nombreux caméos et situations équivoques (la séquence de la réunion des méchants est un parfait exemple). Cet aspect private joke est paradoxalement l’une des faiblesses du film et ce qui peut expliquer son box office relativement faible. En effet, le long-métrage de Rich Moore accumule de nombreuses références connues d’un public amateur de jeux vidéos mais que le grand public ne pourra pas comprendre. Viennent se greffer une histoire de vengeance pas vraiment intéressante à cause d’un méchant bien trop faible (notons qu’il est doublé par Alan Tudyk, qui doublera au moins un personnage dans tous les Disney suivants ) et un sidekick plus qu’agaçant (Vanellope) font des Mondes de Ralph un Disney certes intéressant dans le monde qui développe mais pas assez jusqu’au boutiste dans son humour ou dans sa trame relativement classique.

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Arrive donc 2013 et le succès colossal de la nouvelle production Disney, La Reine des Neiges. Inspiré du conte d’Andersen du même nom, le film raconte comment une jeune princesse, aidée par un bûcheron, son renne et un bonhomme de neige naïf, va devoir retrouver sa soeur, dont les pouvoirs magiques ont plongé le royaume d’Arendelle dans un hiver sans fin. Développé depuis les années 1940, le projet connut de multiples vies mais commença à prendre forme à partir de 2008. John Lasseter convainc le réalisateur Chris Buck (auteur du formidable Tarzan en 1997) de revenir au studio Disney et lui demande des pitchs. Buck lui soumet le conte d’Andersen. Le projet devait être à l’origine réalisé en animation traditionnelle. Mais très vite, Buck et son équipe se retrouve face à de nombreuses difficultés narratives notamment avec le personnage de la reine des neiges, la méchante principale au début du développement. Est donc engagé en 2012 afin de réécrire le projet Jennifer Lee, qui transforme le film du tout au tout. Elle décide de créer une dynamique familiale entre Anna et Elsa, change les personnalités des personnages et transforme dans son ensemble le second et le troisième acte. Les premiers travaux des compositeurs Kristen Anderson-Lopez et Robert Lopez sont complètement remaniés.

Le résultat final tient pratiquement du miracle. Malgré une production extrêmement complexe avec de multiples changements narratifs, le film est sans doute l’un des Disney les plus culottés et ambitieux. En jouant habilement avec les codes inhérents au genre comme le prince charmant ou les chansons, Jennifer Lee et Chris Buck réalisent un conte profondément progressiste dans son traitement des personnages féminins (notamment celui d’Elsa), évitant une certaine niaiserie et proposant des numéros musicaux marquants. Le mérite en revient au couple de compositeurs Kristen Anderson-Lopez et Robert Lopez qui ont réussi à composer des chansons détonnanteset surtout cultisimmes (Let it Go le grand moment du film). Certes, on peut tiquer sur certains aspects comme une romance artificielle et des monstres inutiles. Mais La Reine des Neiges est une réussite indéniable, le plus gros triomphe de l’âge d’or des studios Disney.

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Comment rebondir après ce succès faramineux ? Qu’à cela ne tienne, le prochain Disney Animation sera un film de super-héros. Et adapté d’un comic Marvel. C’est Les Nouveaux Héros. Réalisé par Don Hall et Chris Williams, le film fut développé à partir de juin 2012 sous l’impulsion de Bob Iger, big boss de Disney.             Racontant comment un groupe de jeunes ados, aidés par un robot infirmier nommé Baymax, décide de s’associer pour défendre la ville de San Fransokyo, le film est probablement le plus mineur de la période 2012-2016. Jamais véritablement incarné et plutôt pénible dans sa narration, Les Nouveaux Héros ne propose jamais une approche neuve et originale du comic-book movie, contrairement aux Indestructibles de Brad Bird. Don Hall et Chris Williams se contente de prendre tous les codes du genre sans jamais les détourner ou les subvertir. Pas vraiment aidé par l’atroce musique de Henry Jackman, le film avance sur des rails, déroule tranquillement son intrigue mais ne nous laisse jamais le temps de profiter des personnages, inconsistants, et de l’univers du film, désespérément plat et générique. Il est l’équivalent des productions Marvel: dénué d’originalité, sans âme et balisé.

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L’année 2016 est l’occasion pour Disney Animation de sortir deux films, et quels films: Zootopie et Vaiana.

Le premier est un projet de coeur pour Byron Howard: adepte de Robin des Bois, il rêve de pouvoir réaliser un film anthropomorphe (un film où les animaux se comportent comme des humains). Il pense à Zootopie depuis la sortie de Raiponce. Mais très vite, la production va rapidement devenir compliquée. L’histoire originale devait être du point de vue du personnage de Nick et aurait été beaucoup plus sombre (cette histoire a d’ailleurs été rebaptisé « Zoodystopia » par certains fans du film). Mais nous ne nous étendrons pas sur cette histoire.

Les pontes de Disney décidèrent de revoir complètement l’histoire, à un an de la sortie prévue du film. Ils engagèrent pour se faire Rich Moore pour épauler Byron Howard et l’aider à mener à bien le film. Le produit final dépasse toutes les espérances. Judy Hopps est la première lapine à entrer dans la police de Zootopie, une ville où tous les mammifères, prédateurs et proies, vivent en parfaite harmonie. Afin de faire ses preuves, elle va s’attaquer à une épineuse affaire, même si elle doit s’associer à Nick Wilde, un renard virtuose de l’arnaque.

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Zootopie représente ce qui s’est fait de mieux en matière d’animation cette année. A la manière de Mad Max Fury Road, le film de Byron Howard et Rich Moore réussit par le biais du genre à parler de notre monde actuel avec une force impressionnante. A une époque où le monde n’a jamais été aussi divisé, où les préjugés n’ont jamais été aussi importants, Zootopie est un antidote. La force de son message ne passe jamais dans une narration trop lourde, ce n’est jamais moralisateur. Il passe par une histoire remarquablement menée et surtout porté par un personnage féminin dont le courage, l’abnégation et la force de caractère rappelle à certains égards le personnage de Furiosa dans le chef d’oeuvre de George Miller. Judy Hopps est un modèle pour nous tous et Zootopie est un film important par ses thématiques abordées et par son message pacifiste. On peut aussi le voir comme un polar animé réussi, drôle, émouvant et porté par des personnages géniaux, appelés à un grand avenir.

Vaiana est le premier film de Ron Clements et John Musker réalisé en 3D. Nous contant l’histoire d’une jeune femme appelée à sauver son peuple d’une malédiction, aidée par un demi-dieu nommé Maui, Clements et Musker nous propose le premier Disney ayant pour cadre les îles polynésiennes. Ne tournons pas autour du pot, Vaiana est prodigieux. Le pari artistique et technique tiennent la route jusqu’au bout. La réalisation de Clements et Musker, totalement libérée grâce à la 3D, atteint une puissance cinématographique épique. C’est une assimilation de L’Odyssée de Pi, Avatar et surtout Mad Max Fury Road: Clements et Musker rendent d’ailleurs hommage au film lors d’une séquence de bataille furieuse et dantesque. Certes, c’est une histoire un peu moins profonde que Zootopie mais Vaiana possède lui aussi un personnage féminin fort, affranchie des conventions des princesses Disney. Le film possède aussi une bande originale plus qu’entraînante, grâce aux talents de Lin-Manuel Miranda et de Mark Mancina. C’est une aventure brillante, gorgée de grands moments de cinéma et d’un humour beaucoup plus hilarant que Zootopia.

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L’avenir chez Disney s’annoce prometteur. Entre des films originaux comme Gigantic et des suites comme La Reine des Neiges 2 ou Les Mondes de Ralph 2; avec l’arrivée de cinéastes développant une oeuvre cohérente, gageons que le studio saura toujours se revitaliser.

disney

Tony & Jordan Bonnet.

 

 

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