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[Critique] Sucker Punch (2010)

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De Zack Snyder (300, Watchmen, Ga’hoole) , avec Emily Browing (…Orphelins Baudelaire), Carla Gugino (Californication)

Sucker Punch est la meilleure adaptation de jeu-vidéo que le ci… ah non ? C’est la meilleure adaptation de comics depuis… non plus ? Quoi ?!  Sucker Punch est un scénario ORIGINAL ? Mon Dieu, que ça devient rare de nos jours ! Et en plus il y a tellement matière à discuter du film… il y a du très bon, du bon et du moyen.

Sucker Punch est le nouveau film du faiseur d’images Zack Snyder. Si vous aimez le style développé sur 300, vous allez retrouver ce style dans Sucker Punch, digne film testament de Snyder.  Eh oui déjà. Celui qui va tenter de reprendre Superman au cinéma pour 2012, va revenir à un style plus réaliste.

L’histoire : Une fille est enfermée dans un asile. Pour échapper à ce monde qu’elle tente de fuir, elle s’imagine avec 4 autres pensionnaires dans des mondes peuplés de dragons, de zombies nazis ou encore de guerriers samouraïs.

Des thèmes inspirés

Sucker Punch a été écrit par Zack Snyder lui-même. Pour une première, il frappe fort puisque c’est un scénario totalement original. C’est suffisamment rare de nos jours puisqu’à l’instar du prochain Superman, les franchises et autres adaptations sont légion sur nos écrans depuis dix ans. Le moins que l’on puisse dire c’est que l’originalité du scénario ne tient pas vraiment aux emprunts thématiques et visuels très proches de l’héroic-fantasy, du jeu-vidéo ou de la BD mais plutôt dans son traitement presque ambigu.

Je dis presque car le film frôle l’interdiction aux moins de 12 ans (le film n’a qu’un simple avertissement) tellement l’ambiance baigne dans une érotisation de jeunes danseuses déséquilibrées mentalement avec sous-entendus et tutti quanti. Le film a été coupé de 18 minutes pour avoir une classification PG-13 (interdit aux moins de 13 ans aux USA) et dans cette coupe figurait une scène de viol.

La danse est le vecteur des rêves de Baby Doll, dès qu’elle se met à danser (chose qu’on ne verra jamais), elle bascule vers un monde imaginé par ses soins. Les combats renvoient aux chorégraphies et par ce biais, Snyder arrive à instaurer une certaine poésie dans l’action.

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Une écriture pas si bourrine

Le script est assez maladroit dans l’introduction des rêveries de Baby Doll. C’est au bout de la troisième que les liens se font plus concrets et que le script prend du sens. Auparavant, les éléments ont du mal à coexister entre la quête de Babydoll, l’univers, et la cohérence du propos. Les strates des différentes réalités est floue dès le départ où l’asile se transforme en sorte de cabaret de jeunes filles pour « gros dégueulasses avides de sensations », pour ne pas dire un bordel. Le fait que Baby Doll se renferme dans ce genre de rêveries n’a pas de réel point d’ancrage. Il n’y a pas un « commencement » marqué, une motivation. Elle s’évade dans la danse. Pourquoi la danse ? Peut-être un lien avec les combats, comme pour justifier d’une chorégraphie. Outre le contexte mal délimité, l’univers est tellement palpable que le script ne pouvait pas être aussi simpliste.

ATTENTION SPOILERS !!!!

Le spectateur sait qu’il y a une rupture visuelle entre l’asile Lennox House et le cabaret. Le spectateur se demande même comment et pourquoi l’asile est représenté comme très inquiétant au départ et finalement comme éducatif.  Et là deux théories s’affirment déjà. La première, quand un personnage introduit l’endroit comme étant le « théâtre » (avec les guillemets dans le film), on peut dès lors,  conclure que la représentation « cabaret » vient de Baby Doll qui s’idéalise un monde un peu plus fantasque, un peu plus coloré. La seconde est que Baby Doll s’imagine ce pensionnat de jeunes filles comme un asile, et alors la représentation « asile » est une façon de transformer un lieu un peu atypique en refuge pour folles.  Une autre théorie, tout à fait différente, vient d’une critique d’un spectateur qui laisse entrevoir une sorte de mix entre Inception (2010) et Brazil (1985). Baby Doll ne serait que la représentation de Sweet Pea, une des 4 filles l’accompagnant. En effet, une scène au début du film serait la clé. Baby Doll, sur la chaise pour une lobotomie, se transforme le plan suivant en Sweet Pea (comme une sorte de retour en arrière dans le récit). Plus tard, le Docteur Gorski commence une séance de thérapie avec elle et lui dit « You control this world » alors que Baby Doll arrive. A cet instant, cette dernière parle en fin et le récit commence. Autre indice, à la fin du film quand Baby Doll est face à plusieurs hommes et que Sweet Pea s’échappe, Baby Doll reçoit un coup et le plan d’après, nous nous retrouvons avec elle sur la chaise, lobotomisée.

Scène finale de Brazil (1985) qui se rapproche beaucoup de Sucker Punch

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Sweet Pea en fuite et Baby Doll corrigée (lobotomisée) ne seraient simplement que la représentation de son état sur cette chaise. Sweet Pea est Baby Doll. La lobotomie l’a libérée psychologiquement, d’où la scène de fin où elle part dans le bus et retrouve un homme qu’elle a croisé dans les multiples scènes rêvées, son ange gardien, thématique renvoyant à la voix-off du début.

FIN SPOILERS !!!!

critique sucker punch - [Critique] Sucker Punch (2010) sucker punch6Une réalisation fourre-tout

Snyder abuse souvent de ralentis et de poses iconiques. Sucker Punch ne déroge pas à la règle et offre un best-of Snyderien. Chaque scène d’action est un florilège de ce que Snyder a instauré dans 300. Des personnages aux balles de pistolet, chaque élément de l’histoire se voit ralentir à un moment ou à un autre, gimmick un peu énervant pour certains. Outre cette manie, Snyder s’est fait plaisir dans beaucoup de scènes.
Le premier plan est un plan séquence d’une rare beauté. Des rideaux successifs sont tirés et on voit sur la scène une blondinette sur son lit, la caméra passe à sa droite, panote vers son visage et on voit Baby Doll dans sa chambre. Cette forme circulaire dans le mouvement de la caméra sera repris à plusieurs reprises notamment dans le basculement entre la réalité et le rêve. Cependant, lors d’une scène dans la loge dans des danseuses, la caméra parvient à traverser un miroir et se retrouver dans le monde reflété. La mécanique est très simple (des doublures plus des miroirs coulissants) mais rondement menée.
Autre fulgurance, la scène du train où la caméra virevolte à travers le wagon pendant quelques minutes pendant que les héroïnes se battent.  Outre ces séquences, Snyder parvient à bien délimiter les univers retranscrits entre la Chine impériale, la première Guerre Mondiale, l’héroic-fantasy et la science-fiction, les couleurs sont très travaillées, on retrouve le visuel de 300 et du Seigneur des Anneaux avec une maîtrise parfaite. Les fonds verts (ou bleus) sont indétectables ou presque, les décors, la photographie et les effets visuels sont d’une précision appréciable. Snyder a voulu offrir au public ce qu’il aime voir au cinéma et on ne peut pas le nier. Sucker Punch est un parfait exemple du cinéma pop-corn même si le script a un fond appréciable. Il ne faut pas oublier que Snyder a fait ce film pour moins de 100 Millions de dollars et qu’il parvient à faire du spectaculaire avec deux idées et demie.  On ne s’ennuie pas car même si le script est linéaire, les univers sont plaisants et la quête racontée est intéressante.   Snyder a un savoir-faire qu’on ne peut pas nier. Comme Bay dans son genre, il y a des réalisateurs qui savent faire du divertissement, de l’explosif, de l’action comme il faut et on ne doit pas oublier que c’est un talent comme un autre !

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Pour quel public ?

La critique a été dure avec ce film prétextant une accumulation de scènes d’action sans queue ni tête, un récit linéaire et assez pauvre en personnages. Je rapprocherais ce film d’un jeu vidéo. Chaque scène dans le cabaret serait une cinématique explicative et le reste ne serait que shoot’em up ou jeu de plateforme et d’aventure. Le film offre, comme une montagne russe, des moments d’exposition, de caractérisation et ensuite BOUM, on en prend plein la vue. Au-delà des scènes d’action, les personnages arrivent à survivre, la première séquence est un exemple en soi avec en 4 minutes, l’histoire de Baby Doll racontée sans dialogues avec seulement une reprise de Sweet Dreams (la BO est d’ailleurs très intéressante)

On ne peut nier le développement des personnages (du moins Baby Doll et Sweet Pea)  si on prend du recul sur le script comme démontré précédemment. Il y a une vraie matière dans ce film, quelque chose à creuser. toute l’imagerie « geek » avec dragons, belles pépés, action est représentée dans ce film mais il y a un script à ne pas oublier. Hélas ce film a déjà subi les répercussions des clichés du genre.  C’est un film d’action avec des jolies filles, c’est tout.

Non.

Le film ne cartonnera pas à l’instar de Kick-Ass (2009) ou Scott Pilgrim (2009) car il a une identité trop marquée. Peu de grandes stars donc peu de réelles reconnaissances par le public, univers trop marqué donc trop segmentant, réalisateur trop conspué donc critique toute faite. il ne faut pas y aller avec des a priori, le film a un script assez solide pour donner une consistance au film et il serait dommage de passer à côté comme dans 75% des critiques déjà postées.

A voir si vous avez aimé 300 et Watchmen, si vous aimez les jolies filles qui se castagnent contre des monstres et autres zombies.

A ne pas voir si vous n’aimez pas les ralentis, les jolies filles et l’action

critique sucker punch - [Critique] Sucker Punch (2010) affiche sucker punch

Tom Witwicky

Créateur de SmallThings, 1er Geek Picard de la planète Exilé dans le 92

2 réflexions sur “[Critique] Sucker Punch (2010)

  • renaud

    Cette analyse est très intéressante ! Merci beaucoup !

    Ce film m’a profondément marqué et je suis en pleine recherche de ce qui, en ce qui me concerne, fait que ce film est tellement différent des autres.

    Les personnages, en particulier Babydoll bien évidemment, ont quelques choses de particulier qui nous rapprochent d’eux… leurs morts successives sont plus brusques, plus difficiles à accepter que d’ordinaire.
    ,
    La théorie comme quoi Sweet pea et Babydoll sont en fait liés au point de ne faire qu’un, est vraiment intéressante… elle ouvre la porte à de nouvelles théories mais complique (encore plus) le scénario et il devient difficile d’y voir clair…

    Pour finir, en tant que désormais fan de ce film, je ne peux que m’attrister devant les nombreuses critiques négatives qu’il a reçu (bien qu’elles ne fassent heureusement pas la majorité). C’est un bon film dans le sens où chaque tranches d’age, chaque individu peut se creuser la tête, trouver sa propre conclusion (que chacun défendra bec et ongles), et sorte de la salle de cinéma en ayant des images de babydoll plein la tête !!!

    Qu’elle actrice cette Emily Browning…

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    • eh bah, tes mots sont assez fort pour me remotiver à revoir le film ^^ Oui le film a été beaucoup critiqué pour un manque cruel de fond et de forme cohérente mais finalement le film fait débat et tant mieux.

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