Cinquante Nuances plus Claires : il est bien fini, le temps des olives ! (100% Spoilers)
ON A FAILLI LE RATER ! La vache, sérieusement il suffit que je m’éloigne un peu pour que ce site oublie ses vraies valeurs et ne parle que de bons films ! La grosse loose ! Alors que CINQUANTE NUANCES SE TERMINE (je le dis fort pour que faute de pleurer de tristesse en apprenant la nouvelle, vous pleuriez de douleur pour vos oreilles) ! Dingue ! Heureusement que je suis là pour redresser la barre !
Christian et Anastasia se marient. Les problèmes semblent être derrière eux, mais les démons de Christian pourraient bien se réveiller alors qu’Anastasia semble chercher une forme d’indépendance, et qu’un scénario opportuniste la met en danger pour qu’elle l’abandonne totalement … (comment ça, ce résumé est biaisé ?)
C’est quand même fascinant qu’on sorte des trucs pareils aujourd’hui. J’aime pas les gens qui sont choqués qu’on fasse des trucs dégueulasses « ALORS QU’ON EST EN 2018 » mais la c’est quand même l’année qui fait suite aux MeeToo, aux BalanceTonPorc, bref à la première salve de ce qui va être un renversement total de la table confortable sur laquelle étaient installés les hommes de pouvoirs, violeurs, harceleurs et autres pervers narcissiques. Mais le système se défend ! Et il se défend comment ? Par la culture ! Ainsi Cinquante Nuances Plus Claires a le bon goût de symboliser cette engeance totalement démoniaque et scandaleuse, d’encourager une vision toujours plus rétrograde et dangereuse de la société et d’apprendre à des gamines qu’elles doivent se soumettre aux mâles alpha : bref, elle fait son job, quoi ! Chouette !
Pour ceux qui dormaient au fond, on avait donc laissé Christian et Anastasia à l’aube de leur mariage. Christian avait quand même eu du bol, pas besoin pour lui de changer son comportement de pervers narcissique manipulateur (oui, ça fait beaucoup de pléonasmes) puisque Dieu lui a permis de survivre à un crash d’hélicoptère qui a fait entrevoir à Anastasia ses vraies priorités ! Donc l’épouser, parce qu’elle l’aime INCONDITIONELLEMENT. Ce mot est très important, il est répété beaucoup de fois dans le film, et est très symbolique du gros problème de la saga. Quand on aime quelqu’un, dans le monde merveilleux de James Foley (réalisateur émérite du second film, reparti au combat pour celui-ci), on l’aime QUOI-QU-IL-ARRIVE. Le film est incroyable, il formalise à plusieurs reprises son problème et reste incapable de mettre le doigt dessus, d’en faire quelque chose, alors que même les personnages essaient d’y mettre du leur pour échapper à cet enfer ! Vous me croyez pas ?
Comment exprimer ça ? Un exemple tout bête du film, mais je pense qu’il est très représentatif du phénomène totalement schizophrénique dont je veux parler. À un moment du film, Christian montre à Anastasia sa bonne grosse voiture. Elle demande à conduire, il refuse. Elle répète plusieurs fois, on s’attend à avoir un gag fait et refait du genre « il dit non mais au plan d’après on voit qu’elle conduit quand même » (gag certifié film pourri, vous pouvez vérifier) … mais non, même pas, c’est vraiment lui qui conduit. Bon, pour être tout à fait honnête, elle aura le droit plus tard après avoir tenu tête à une fille qui draguait son mari. Voilà. Mais l’idée est vraiment là : le film, et c’est vraiment le cas depuis le début de cette trilogie, prétend respecter toutes les cases du consentement, de l’égalité des sexes, de tout ce que vous voulez … mais propose en fait une apparence qui peut tout à fait flouer si on ne pousse pas l’analyse, cachant pourtant une réalité bien gerbante. Le film sait très bien ce qu’il fait, il est beaucoup moins abruti et beaucoup plus dangereux qu’on le pense, parce qu’il se donne les apparences d’une romance complexe.
Cette dichotomie totale entre le fond et la forme est présente absolument partout dans le film, jusqu’à la fin. Après avoir subi des moments difficiles (le film poursuit la logique immonde du précédent, alors qu’Anastasia est poursuivie par son ancien patron, harceleur sexuel dont le comportement était utilisé pour justifier à lui seul les velléités possessives de Christian), le couple a survécu et attend un enfant non désiré par notre champion (parce qu’il veut Anastasia « pour lui tout seul », je vous jure que c’est vrai, et in fine Anastasia lui donne raison dans une réplique qui passe inaperçue). Mais ça ne veut pas dire qu’ils vont arrêter de baiser (pardon, mais ça s’appelle comme ça, pas « faire l’amour », ce qu’ils font), puisqu’Anastasia attend son mari dans la chambre rouge, prête à être soumise par lui, juste après qu’on ait eu droit à un clip dégoulinant avec une animation musicale de leurs « meilleurs moments ». Le film finit comme ça, par une ode absurde à la soumission, qu’on nous fait passer pour une relation saine et consentante ! Et tout est comme ça !
Parlons en, du sexe. C’est plutôt décevant, à ce niveau là, souvenez vous comme on avait ri en matant le volet précédant. Là c’est un peu vous qui voyez : le film reste ultra vulgaire sur certains points (ils s’étalent du BEN AND JERRY’S sur le corps ! La glace !), mais le reste fait partie des seules bonnes scènes du film, assez efficaces. On ressort du film d’ailleurs persuadé que le réalisateur des scènes de sexe et du reste du film n’est pas le même, l’immense majorité est totalement irregardable pour qui que ce soit ayant vu plus de deux films dans sa vie. J’attends toujours un cadrage correct… C’est vraiment donner du grain à moudre aux détracteurs du cinéma grand public américain, un tel mépris de la technique, on en oublie que tout film, quel que soit son genre, doit tout de même avoir un respect basique des fondamentaux. C’est sérieusement assez effrayant.
Est ce que c’est vraiment la fin ? La saga est terminée, aucune nouvelle ne semble se profiler pour l’instant. Avec un peu de décence, les studios s’en tiendraient là, avec cette excuse à peine recevable qu’il fallait bien finir ce qui avait été commencé. Personne n’a besoin qu’on remplace cette saga par une autre. Personne ne peut le vouloir, quand le climat actuel est à la dénonciation de ce type de comportements. Est ce qu’on a le droit d’être optimistes pour la suite ? A vous de voir.
AMD
Et « tous publics » en France, vive le laxisme français !
Excellent article. Je suis totalement d’accord ce film est un gros flop. J’ai été terriblement choqué de voir comment ce film prône la soumission de la Femme. Ce qui est encore plus grave c’est que la salle était remplie à plus de 70% par des femmes, honte à vous mesdames.