Bright : buddy-movie de l’année
Netflix se permet son premier blockbuster après Okja, avec Bright qui emmène Will Smith sous la direction de David Ayer (Suicide Squad).
On a beaucoup lu sur Bright avant sa sortie sur Netflix. Pire film de l’année, gros gachis, Ayer et Smith refont le coup de Suicide Squad… Bref une campagne de négativité avait envahi l’espace critique. Quelques jours plus tard, quand le public a pu découvrir le film, la positive attitude a fait son apparition. Bright n’est pas mauvais.
Il est vrai que les premières images faisaient peur avec une sorte de Suicide Squad fantasy avec deux de ses précédents artisans. L’univers paraissait en adéquation totale avec le ton général du projet. Après visionnage, Bright arrive à imposer son ambiance et mêle à donner à Will Smith son meilleur rôle depuis I Am Legend en 2007.
Croisement malin entre le buddy-movie L’Arme Fatale et l’aspect fantasy de Underworld, Bright impose un monde peuplé d’orques et d’elfes après des guerres ancestrales. Jakoby l’orque fait équipe avec Ward, policier proche de la fin de sa carrière. Englué dans une affaire d’intérêt, Jakoby doit regagner la confiance des humains et de son peuple. Si on ajoute à ça une histoire d’elfe élue et une baguette magique, on comprend que Bright n’est pas le film le plus malin qui soit. C’est pourtant dans une ambiance tenace et un scénario assez strict que Bright gagne la confiance du spectateur. Avec un brin d’humour, des codes installés qui ne demandent pas de débat, le film de David Ayer s’impose comme un film à l’originalité bienvenue et au ton salvateur.
Ne reculant devant aucun sacrifice de studios, la violence, la nudité (relative mais présente), et les dialogues crus font plaisir à voir pour ce genre de production. La censure n’existe que peu et Bright brille par son aisance formelle. Will Smith est à l’aise dans ce rôle de flic face à cette aventure rythmée. Si on trouve un peu le temps long, c’est parce que le script n’essaye pas d’être spectaculaire juste pour l’être. Bright prend son temps et même si Ayer s’amuse encore et toujours avec des scènes très artificielles (la scène de la salle de concert inutile), on sent une vraie volonté de proposer un film à l’identité plutôt plaisante. Il y a aussi dans les scènes d’action un montage trop cut qui nuit un peu à la lisibilité.
Reste que le script s’embrouille un peu puisque les quelques révélations ne surprendront pas les plus avertis. Attika, l’elfe, est au coeur d’une révélation qui semblait déjà quasiment tacite dès le début de son intrigue. Dommage que rien ne donne de crédit supplémentaire à Bright au-delà de sa note d’intention. Noomi Rapace est parfaite en méchante, Joel Edgerton fait un bon sidekick et s’impose de scène en scène quand Enrique Murciano est méconnaissable en leader de gang.
On n’échappe pas aux clichés des gangs, des rivalités, des personnages de flics véreux et de la complicité remise en question pour les deux héros mais Bright s’en sort avec un beau bilan. Jamais idiot, hors de la bien-pensance et porté par un Will Smith en pleine forme (même si on voit encore les limites d’un jeu encore un peu enfantin, hérité de ses premiers films, il a quand même 50 ans !), Bright est un film très honnête.