blink-182 – Nine, piste par piste
Après un septième album, California, plaisant, blink-182 sort son « neuvième » album (décidant que leur premier album démo était donc leur tout premier album) sobrement intitulé Nine.
Avec 44 titres en trois ans, blink-182 semble ne pas vouloir s’endormir. Malgré les critiques qui parlent d’un groupe qui se vend à la pop et au grand public, blink a encore de la ressource. Si les défauts sont là, l’envie et les messages sont toujours de qualité. Si des collaborations avec Steve Aoki ou Lil Wayne ont eu des fortunes diverses, le groupe semble se permettre beaucoup de choses. Trop selon certains.
Matt Skiba arrive à imposer sa marque, le groupe semble trouver de l’inspiration, une certaine sérénité et a mille projets.
Toujours dans les oreilles de certains adultes, blink n’est pas un groupe du passé comme aurait pu le dire certains ados d’aujourd’hui qui pensaient que le groupe n’existait plus.
The First Time
Des faux airs de Feeling This viennent nous cueillir grassement. La grosse guitare se tait pour un petit couplet léger de Mark Hoppus qui se met à chanter depuis deux albums. Ce n’est pas la meilleure des idées mais, on commence à s’habituer. La fin du couplet, avec des phrases et un chant plus saccadés passent mieux. Skiba vient en écho nous servir un pré-refrain qui ouvre sur un refrain accrocheur. On retrouve le gros riff de début, on est conquis.
Skiba crie un peu trop mais le couplet est suffisamment court pour ne pas trop gêner.
Bien rythmée, mélodie imparable, on est dans un vrai bon produit blink.
Happy Days
Un petit accord nous rappelle au bon vieux temps. Mark continue avec ses couplets « trop » chantés. C’est la norme depuis California. Soit. Le refrain arrive rapidement et nous accroche encore. Ce n’est pas du gros son pop punk, on est plutôt dans du pop rock bien senti. Travis Barker reste discret encore.
La chanson fonctionne comme il faut. Sorti bien avant l’album, ce titre est tout ce qu’on peut attendre du groupe.
Heaven
Considéré par NME comme une chanson qui fait passer le groupe dans la catégorie Stadium Rock, ce titre rappelle les titres comme Down ou Stay Together For The Kids, calme dans les couplets et très rock dans le refrain. Heaven est une compo pas mal du tout. Elle surprend car elle est peut-être la première proposition de l’album et rejoint San Diego ou Los Angeles du précédent album, des titres plus posés.
Darkside
Le problème de ce titre est que l’on a les images du clip très critiqué dès que les premières notes résonnent. Ce titre est pourtant loin de la qualité du clip. Il y a une vraie énergie, un refrain porté par Skiba qui ne fait plus tâche désormais et un petit côté +44 qui fait du bien. Malgré du vocoder un peu trop présent, Darkside reste un titre réussi. Et ça fait 4 sur 4 !
Blame It On My Youth
Premier titre dévoilé, on était dubitatif avec des premiers sons électro fauchés et un couplet de Hoppus qui sonne toujours facile et léger. Le refrain n’est pas des plus attachants et ça surprend pour un premier titre (qui n’a pas eu de clip officiel d’ailleurs). L’ambiance est assez chill, pop plus que rock. On est dans une autre ambiance, pas déplaisante qui se termine par ce qui ressemble à un petit hommage à Feeling This.
Generation Divide
Premier clip de l’ère Nine, cette micro chanson de moins d’une minute est un gros morceau punk qui fait du bien; Et comme toutes les compos très punk de blink, c’est très, trop court.
Run Away
Mark chante, tente, teste. Matt élève la voix, ça passe ou ça casse. Là, ça passe, Mark fait du Mark pur jus avec une seconde voix sur le refrain. Run Away a un rythme qui tranche encore avec le reste. Le refrain casse un peu tout ça et donne un produit original. Travis est encore trop discret. C’est peut-être ça qui manque globalement dans la démarche post-Delonge. Il y a un petit break qui rappelle le bon vieux temps, c’est timide mais, discrètement, ça titille la fibre nostalgique qui semblait plus portée sur le regret que sur le plaisir depuis des années chez les fans.
Black Rain
On est en pleine composition grandement inspirée par Matt Skiba et Alkaline Trio. On retrouve une mélodie sombre, des riffs de guitare très caractéristiques du groupe. Ça donne une chanson post-grunge plutôt bonne !
I Really Wish I Hated You
Un peu entaché par une voix encore trop trafiquée, la chanson gagne surtout par son refrain en deux temps qui fait la différence. Les couplets sont d’une simplicité immense mais le refrain vient vraiment nous chercher là où il faut. Pas la meilleure chanson du lot mais assurément pas une catastrophe. On est dans la moyenne. Avec 15 titres, l’album aurait mérité un petit écrémage.
Pin The Grenade
Voilà le titre dont tout le monde parle. Un titre qui ne faiblit pas d’une seconde, un titre qui sonne comme du pur blink. Travis fait enfin le travail qu’on lui demande à savoir d’être un vrai troisième membre.
No Hearts To Speak Of
Si l’album se terminait là, on aurait trouver que les 10 titres étaient plutôt efficaces et aurait donné à Nine une réputation plutôt correcte. Avec No Hearts…, on est peut-être dans les compos comme I Really Wish…, une sorte de chanson un peu automatique, facile. Pas marquante, peu entêtante, elle finit même par agacer pas un rythme un poil trop lancinant. Son final à la Fallen Interlude relève un peu le goût.
Ransom
Ransom dure 1m25 et c’est trop peu. On était dans une vibe punk rock très plaisante qui tranchait avec le début très « Hoppus chante la la la ». Il y avait une vraie proposition. Tant pis.
On Some Emo Shit
Assurément un titre qui aurait mérité d’être dans le titres sortis. Il y a une ambiance très Delonge dans cette compo, dans la guitare, la basse… Comme souvent, on n’est plus aussi attentifs en fin d’album et on trouve les titres moins bons, percutants. Et assurément, On Some Emo Shit mérite une écoute prioritaire.
Hungover You
Comme Los Angeles dans California, ce titre a des influences autres et on sent un désir d’être dans un son rock moderne. La batterie fait hip hop, le synthé fait pop, on est dans un titre qui n’accroche pas dans un sens « divertissement ». Vraiment comme San Diego ou Los Angeles, I’m Lost Without You de l’éponyme.
Remember To Forget Me
15è et dernier titre de Nine, Remember… est une ballade. Chose rare ! Ce n’est pas What Went Wrong portée par Delonge, c’est un titre posé, loin de l’ambiance générale de Nine, de California, bref de tout ce qu’a pu faire blink. On termine par une explosion de guitare et de batterie qui fait du bien.
Nine est un album peut-être plus consistant que California, plus proche de la proposition de l’éponyme sans en atteindre la grasse, l’écriture, le ton et l’ambiance mais on s’approche d’un désir profond de proposer quelque chose d’hétérogène. California, quoiqu’on en dise, était plus proche d’un TOYPAJ que d’un Neighborhoods et revenait à des racines plaisantes. Oui, ça ressemblait à du Simple Plan sans la « value » blink.
Nine reste un album qui aurait peut-être mérité un peu plus de temps de gestation. Le groupe n’a jamais précipité les sorties et il serait dommage de faire de la quantité plutôt que de la qualité, chose que les fans recherchent.