Ben-Hur : sans patate
On parle souvent à tort et à travers de remake pour toute nouvelle adaptation de roman qui a été éclipsé par un immense film, c’est le cas pour Ben-Hur.
Oui Ben-Hur passe après le film de William Wyler en 1959. Mais oui, ce film est une adaptation d’un roman. Donc oui, on peut se permettre de réadapter un roman plutôt que de remaker un film intouchable. Evidemment, qui peut rivaliser avec ce film aux 11 oscars et au box-office de 850 millions de dollars (inflation comprise) ? Personne.
Pour contextualiser cette critique, je n’ai aucun souvenir du film de Wyler vu il y a plus de 25 ans.
Pour ceux qui connaissent l’histoire, il n’y a vraiment aucune surprise dans ce film réalisé par Timur Berkmambetov. Le réalisateur russe avait réussi son virage Hollywoodien avec le très fun Wanted où Angelina Jolie et James McAvoy font des pirouettes insensées. Ensuite il y a eu Abraham Lincoln, chasseur de vampires…
Et c’est sans prétention qu’il s’attaque à Ben-Hur. L’ approche fait du bien. Le film reste sobre dans son esthétique, son traitement et ses acteurs. Il n’y a pas d’ajouts et de gimmicks typiquement « blockbuster ». Quand on a vu Gods of Egypt (dont on n’a pas fait de critique mais ça reste un nanar très fun), effectivement, on peut se trouver soulager de se retrouver devant un film historique sans volonté de proposer une telle envergure artistique qui fait saigner yeux et oreilles. Exodus et Noah produisiaient aussi cette sensation de films sobres mais jamais aucun n’a eu encore la portée d’un Ben-Hur depuis Gladiator de Ridley Scott en 2000.
Aucune surprise dans ce script ? Si, il y a de nombreuses coupes par rapport à l’histoire originelle. Le film dure 2h00 contre les impressionnantes 214 minutes du chef d’oeuvre de Wyler.
C’est donc Jack Huston qui a la lourde tache de succéder à Charlton Heston. L’acteur vu dans Boardwalk Empire et sosie officiel de Pio Marmaï endosse les habits de l’esclave Judah Ben-Hur devenu légende des courses de char. Toby Kebbell (Les 4 Fantastiques, Warcraft) fait le vilain comme toujours. Le casting est complété par Morgan Freeman qui arrive en milieu de métrage comme mentor de Ben-Hur.
On parle beaucoup de sobriété mais c’est vraiment ce qui choque. Timur nous avait habitué à bien plus vivaces comme caméra. Outre une lumière pauvre et des plans moins iconiques que dans Gods of Egypt, Ben-Hur nous gratifie de séquences de batailles et de combats nullement immersives. Il y a bien une idée de mise en scène quand Ben-Hur est esclave et rame tant bien que mal pour les galères Romaines. La caméra reste à l’intérieur de la cale et suit le regard de Ben-Hur à travers les maigres espaces qui donnent vers l’extérieur où la bataille fait rage. Couillu quand on est adepte du spectaculaire.
Les plans de bataille navale sont vraiment fugaces mais laissent entrevoir quelques jolis plans. Le trailer du film contient tous les plans de cette bataille navale d’ailleurs. Les longs tunnels de dialogues et les scènes prétextes (combien de fois les personnages se retrouvent au bon endroit, au bon moement ?) nous font donc arriver à la course de chars qui se déroulera dans un brouhaha impressionnant où les fonds verts se battent contre des plans serrés; trop d’ailleurs pour se rendre compte de la vitesse et du rythme d’une telle course.
Dans une sorte d’économie de moyens, Ben-Hur version 2016 se targue d’être un téléfilm à gros budget sans âme et sans caractère épique. Jetez un oeil sur la version de 2010 via le trailer et vous verrez plus d’idées de mise en scène que dans ce long-métrage, flop au box-office US.
Ce n’est pas raté en tant que tel mais en prenant en compte le réalisateur, le sujet, la note d’intention, on s’attendait à un poil plus vivace, un peu plus brutal.