Alita Battle Angel: Gunnm au cinéma, et alors?
Alita débarque sur nos écrans. Il s’en est passé des choses depuis la genèse du projet il y a 20 ans quand James Cameron a acheté les droits de Gunnm, le manga culte.
Le film a failli être français quand il y a vingt ans, Jean-Pierre Dionnet a voulu acheter les droits mais Cameron était déjà là avec sa valise de dollars. Quelques années plus tard, après avoir tâté le terrain en créant Dark Angel, brouillon d’Alita, James Cameron abandonne à cause du travail colossal qu’Avatar lui donnait. Il laisse le bébé à Robert Rodriguez il y a deux ans pour Alita Battle Angel qui sort sur nos écrans le 13 février.
Au xxvie siècle, Alita, un cyborg ayant le corps d’une adolescente, doit lutter dans un monde post-apocalyptique ravagé par une guerre dévastatrice.
Peu enclin à aller vers des histoires post-apocalyptique, je me laisse embarquer par Alita avec une direction artistique plutôt agréable et un film qui s ‘annonce fun, Robert Rodriguez oblige.
Faculty, Une Nuit en Enfer, Spy Kids, Sin City, la carrière US de Rodriguez pioche dans l’exploitation et la pop culture avec une efficacité redoutable. Avec Alita, sous la houlette de James Cameron, Rodriguez revient au premier plan avec un gros budget… et peut-être un futur flop.
Tous les films qui proposent autre chose qu’un univers de super-héros font des flops : John Carter, Sucker Punch, Lone Ranger, les chiffres sont bas, les dettes grandissent et il serait difficile de prédire le box-office de ce film.
Alita est pourtant bien ficelé avec un univers facile d’accès qui ne perd pas de temps puisqu’en dix minutes, tout semble installé. Alita, portée par l’enthousiaste Rosa Salazar (American Horror Story, Divergente), est immédiatement attachante. On oublie les références japonisantes et on plonge dans une sorte de favelas high-tech directement venu des souvenirs et origines de Rodriguez. Christopher Waltz (Inglorious Basterds) joue un brave homme, ce qui est rare et il s’en plutôt bien avec un rôle en retrait. Mais moins que son assistante qui n’a que deux lignes de dialogue.
Le script est aussi facile d’accès, les aspérités sont plutôt absentes et l’intrigue semble vraiment débarrassée de tout ce qui pourrait boursoufler la narration. Il en résulte une menace assez diffuse et une histoire qui ne décolle jamais vraiment puisque le suspens et la tension ne sont pas très présents. Tout semble vraiment effleuré et, bizarrement, c’est plutôt plaisant, rien n’est assommant. La romance, l’émotion, l’action sont suffisamment bien dosés pour que le film ne tende pas vers le ridicule, le bourrin ou le déjà-vu. Et pourtant, avec le motorball, ce Rollerball robotisé, il y avait de quoi faire du kitsch…
Le kitsch est présent mais assumé et parfaitement intégré à l’univers. Il y a une vraie dimension charnelle, la place du corps dans la technologie dénote avec l’aspect lisse des productions actuelles. Les corps décharnés, les appendices technologiques s’intègrent avec une simplicité déconcertante. L’univers s’impose et ça fait plutôt du bien. La musique est absolument désastreuse, multipliant les poncifs du genre. Junkie XL n’a pas été inspiré. Aucune composition ne reste en tête et ne vient rajouter quoique ce soit. Au contraire. La réalisation de Rogriguez est plutôt sage côté imagination et insolente côté gimmicks, avec ralentis ou plans semi-iconiques déjà vus.
Reste à voir si le flim ne floppera pas encore une fois. Avec cette manie de faire un film en guise de « premier film » d’une future franchise, les idées qui parsèment le film frustrent le spectateur. Le non-développement de certaines choses sont flagrantes.