A Cure For Life : un cabinet de curiosités
Gore Verbinski renoue avec le genre horrifique avec « A cure for life » après nous avoir servi 3 épisodes de la saga « Pirates des Caraïbes » ou encore « Lone Ranger » toujours avec son complice Johnny Depp.
Même si le film ne fera pas l’unanimité, il faudra reconnaître l’originalité du script qui nous change des multiples remakes, spin-off contemporains. Mr. Verbinski nous plonge dans un univers singulier d’un établissement de cure thermale Suisse qui a priori rime avec bien-être et repos, le cinéaste prend ici le contre-pied jouant sur les peurs de chacun à travers son héros (Lockhart) joué par Dane DeHaan.
Le sanatorium prend ici une place importante, tel un labyrinthe que Lockhart devra explorer tant bien que mal pour dévoiler les secrets qui hantent ce lieu. Cette bâtisse imposante cache une triste histoire qui selon les versions est changeante, à se demander si elle est réelle ou une pure légende. Difficile de ne pas penser à Shinning avec la mise en scène comparable lors des travellings le long de ces couloirs interminables. Dans le même style, the lobster possédait déjà un établissement du même genre avec des patients incapables de pouvoir s’en échapper et une ambiance toute aussi inquiétante, le coté décalé en plus.
Excellente trouvaille que ce cadre qui offre plusieurs tonalités, évoquant parfois le paradis avec tous ces patients immaculés qui jouent tels de gosses innocents (ou bien une secte), maison de retraite avec un coté un peu déprimant d’habitants en pleine décrépitude, asile voir même prison. Gore Verbinski utilise aussi habilement le coté médical qui inspire forcément confiance car un praticien est forcément générateur de bonne santé et de serment d’Hippocrate. C’est pourquoi le héros se laisse manipuler par les belles paroles de ces blouses blanches comme n’importe quel quidam sans aucune arrière pensée. Hélas, on se rendra compte que le sanatorium abrite d’étranges hôtes et portes dérobées dans le même style que « Men and Chicken ». Un établissement de cure regorge aussi de nombreux instruments médicaux bizarroïdes et anxiogènes qui sont fait à la base pour guérir mais qui ici auront un usage détourné: rien que le look de certaines machines antiques sont semblables à des objets de torture tels que ceux d’Orange mécanique.
Coté script, le réalisateur joue énormément sur le mystère avec un suspense constant qui peut vers la fin se transformer en lassitude car cela semble interminable et redondant car l’enquête du tarder avance à petits pas. Le spectateur se fait balader comme Lockhart qui est motivé par sa mission initiale puis par le fait de vouloir quitter à tout prix le sanatorium, le dénouement précipité est hélas traité de façon maladroite et pèche par rapport à l’ensemble du film frôlant le grotesque au niveau des effets spéciaux.
Difficile de ne pas penser à Shutter Island en découvrant A cure for life à cause des nombreuses similarités (l’isolement, le coté médical et manipulation psychologique, certains plans comme par exemple le passage du portail avec le regard glaçant du gardien etc…). Dane DeHaan ressemble fortement à DiCaprio dans le Loup de Wall Street mais je dois dire que son physique colle bien au personnage. Plus blanc qu’un cachet d’aspirine, pas un physique d’athlète, c’est plus son mental qui est à l’opposé de son apparence atypique qui fait sa force. Une prestation tout à fait honorable dans la lignée de ses précédents projets (« Des hommes de lois » , The « Place Beyond the Pines ») qui confirme que c’est un talent à suivre de près.
Mia Goth incarne Hannah, elle aussi n’a pas un physique classique Hollywoodien, mais aurait surement été parfaite dans un Tim Burton. Mi-fillette, mi-femme, d’une retenue extrême, un être à apprivoiser pour en tirer son essence.
« A cure for life » tire sa force par son visuel travaillé, un travail sur les matières (eau, métal) et le reflet, la déformation des personnages sur celles-ci. Le cadrage géométrique façon Wes Anderson donne une ambiance de rigueur, le blanc et le vert goutte d’eau dominent pour des décors aseptisés. Verbinski incorpore de l’étrange dans chaque élément visuel, sa façon de filmer en mega gros plans les visages, séquences façon videoclip épileptiques qui surgissent de façon brutale: des indices offerts au public qui le mettent parfois sur de fausses pistes ou non si bien que le spectateur peut se demander où est la frontière entre réalité et fiction. Le cinéaste se joue des peurs les plus fréquentes ou des rêves comme la perte des dents, la phobie du dentiste, les serpents et autres joyeusetés poisseuses qui impressionneront les plus sensibles.
A cure for life manque clairement d’animation, on s’amuse à suivre les péripéties de Dane DeHaan jusqu’à un certain point, le final mal construit n’est pas à la hauteur et semble clairement bâclé en opposition avec l’ambiance glaçante millimétrée.