A Bigger Splash : Pétard mouillé
A Bigger Splash, remake franco-italien de La Piscine, est le troisième long métrage du réalisateur Luca Guadagnino, un (presque) huis clos tenant la route grâce à la performance de ses quatre acteurs.
Lorsque la légende du rock Marianne Lane part sur l’île méditerranéenne de Pantelleria avec Paul, son compagnon, c’est pour se reposer. Mais quand Harry, un producteur de musique iconoclaste avec qui Marianne a eu autrefois une liaison, débarque avec sa fille Pénélope, la situation se complique…
Après Mélissa P. et Amore dans lequel il avait déjà fait tourner Tilda Swinton, le cinéaste italien s’attaque au remake du film culte qui réunissait le couple mythique Delon-Schneider, un film agréable dans sa forme qui comporte de bonnes choses mais qui s’apparente cependant à une belle coquille vide. La réalisation est classique et sobre et nous lui reprocherions presque un manque d’originalité, de folie qui s’accorderait parfaitement au scénario. Certes, le long métrage bénéficie d’une bande son dynamique mettant en lumière des séquences endiablées, avec au programme : The Rolling Stones, Nilsson etc. concordant parfaitement à l’un des thèmes principaux du film, la musique. Par ailleurs, saluons le travail du chef opérateur français Yorick Le Saux pour la superbe photographie, lumineuse, presque éblouissante et colorée qui nous transporte pleinement dans cette ambiance de vacances.
Ambiance qui, hélas, fait défaut à l’histoire du film. Explications. A Bigger Splash est catégorisé dans le genre du thriller puisqu’il se base essentiellement sur ses quatre personnages qui vont devoir apprendre à coexister. Une sorte de huis clos au sein d’une villa luxueuse au fin fond de la Méditerranée qui, sous ses décors paradisiaques, cache évidemment l’Enfer sur terre – le film comporte néanmoins un certain nombre de séquences hors de la villa. La mise en place est très rapide et nous entrons, sans de plus amples informations, au cœur de l’histoire c’est-à-dire la réunion du couple Marianne et Paul avec l’excentrique Harry et sa fille, Pénélope. A partir de ce moment-là, de longues séquences, pour la plupart dispensables, s’enchaînent pour nous (re)mettre en place les éléments qui nous manquaient et ainsi creuser les relations entre ces quatre personnes. Si ces nouveaux éléments et autres révélations sont les bienvenus, le temps que prend l’histoire pour les narrer est conséquent. De ce fait, le film s’étire en longueur et s’attarde sur des détails rendant le tout ennuyeux.
Nous précisions auparavant qu’il s’agissait d’un thriller, cependant nous ne ressentons aucune intensité dramatique ce qui est fort déplaisant puisqu’il y avait matière à exploiter et explorer de nouvelles choses. Au cours du visionnage, nous avons la désagréable impression que le film tourne en rond et peine à évoluer. De ce fait, le climax arrive et nous laisse de marbre à cause d’un mauvais traitement de la tension et d’une prévisibilité, que ce soit dans la forme ou dans le fond.
Le tout est sauvé par le quatuor absolument exceptionnel qui donne vie au scénario un peu bancal. Si au premier abord le choix des acteurs peut surprendre, au fur et à mesure que le film avance, il se révèle être un coup de maître : l’alchimie entre Tilda Swinton, Matthias Schoenaerts, Dakota Johnson et Ralph Fiennes est palpable. Chacun y trouve sa place et ajoutons qu’ils campent chacun un personnage au trait de caractère identifiable, bien exploité et au traitement équitable. Mention toute particulière pour l’acteur Britannique, ex-Voldemort, qui est méconnaissable dans ce rôle extravagant et délicieusement indécent.
A Bigger Splash est à découvrir pour les amateurs de film où la théâtralité est entière et assumée notamment dans les interprétations, véritable atout de cette oeuvre malheureusement trop longue, presque superficielle. Dans les salles le 06 avril prochain.